100 ans Gnome et Rhône : les années SNECMA
Après la seconde guerre mondiale, Gnome et Rhône disparait et intègre la SNECMA, une nouvelle société de conception et construction de moteur d'avions. Pourtant la marque continue a fabriquer des motos, s'engager en compétition et battre des records.<b
Gnome et Rhône 125 R4B de 1952
Souvenez-vous de nos étudiants aventuriers partis rejoindre New Delhi au départ de Paris en 1949 en Gnome et Rhône R3, c'était une des premières opérations de la toute nouvelle SNECMA avec les motos Gnome et Rhône. Ce modèle 125 R4B inaugure le sigle SNECMA sur le réservoir. C'est avec une R4B que Gustave Bernard fit le Paris Madrid en 23 heures à 53,7 km/h de moyenne sur les 1240 kilomètres du parcours. L'année suivante, il fera Paris Bordeaux Paris en 18 heures et 4 minutes avec un passager. Oui, on ne manquait déjà pas d'idées pour battre des records. Vous noterez qu'elle n'a pas de suspension à l'arrière. Elle ne fera son apparition qu'en 1953 avec le modèle R4C qui vient remplacer la R4B.
Côté technique, c'est un moteur 2 temps à double transfert de 125 cm3 (56x52 mm) qui développe 6 chevaux à 5000 tr/min, soit 1 de plus que Gnome et Rhône 125 R3 qui relia New Delhi. Elle possède un allumage par volant magnétique ABG à avance fixe. La transmission primaire est par engrenage, la secondaire par chaine comme la R3. C'est un cadre berceau, la fourche est télescopique et il n'y a donc pas de suspension arrière, comme la R3 et les roues sont en 19 pouces. Les freins à tambours diffèrent, ils sont plus grands (130 mm au lieu de 110) et latéraux. Avec ses 80 kg, elle atteint les 85 km/h. Elle a comme particularité d'avoir une sélecteur au pied gauche pour sa boite à 3 rapports. La concurrence est généralement au pied droit.
Bol d'Or 1956 avec une 175 L53 !
Ce n'est pas l'originale, elle a été détruite, c'est une réplique réalisée par des gens de chez SAFRAN. Celle d'origine a remporté le Bol d'Or de 1956 aux mains de Court et Dagan. Elle a parcouru 2298,76 km à une moyenne de 95,78 km/h. 5 Gnome et Rhône étaient engagées sur ce Bol d'Or, 2 en catégorie série et 3 en catégorie course. Toutes sont à l'arrivée, et la victoire est signée en catégorie série.
Quelle est donc cette machine ? Un moteur 2 temps sur base de L53, 2 temps 175 cm3 (60x61 mm) avec des carburateurs Dell'Orto SS1. Il est accompagné d'une boite course à barillet à 4 rapports avec la première longue. C'est un cadre simple berceau, mais les suspensions sont bien mieux. A l'avant on a une fourche télescopique hydraulique et à l'arrière un système oscillant avec des amortisseurs hydrauliques. Ce sont des freins à tambours Saperli et des jantes Borani de 19 pouces. Le carénage est en aluminium, rappelons-nous qu'on est dans une fabrique de moteurs d'avion où l'aluminium est omniprésent.
1957, la tentation du scooter
Après la guerre, Vespa et Lambretta (entre autres) sont les rois du scooter. Gnome et Rhône ajoute donc un carénage à ses motos existantes pour s'engager dans cette compétition commerciale. Cette 125 R5 carénée est une R5 avec un habillage et un pare-jambe pour donner l'aspect lointain d'un scooter. Le carénage ajoute surtout 8 kg sur la balance et quelques dizaines de milliers de francs à cette époque. Le moteur est un 2 temps de 125 cm3 (52x55 mm) à 3 transferts qui développe 6 chevaux à 5500 tr/min. Elle possède un allumage par volant magnétique ABG à avance fixe. Transmission primaire par engrenage, secondaire par chaine, cadre simple berceau, suspension avant télescopique et roues de 19 pouces. Comme particularité, on retient la suspension arrière coulissante et la sélection des 4 rapports au pied droit cette fois-ci.
Follis 125 G30 Rallye de 1958
Cette moto était celle de Charles Marandet avec des commandes reculées et un carburateur Dell'Orto sans aiguille à cuve séparée. Il pouvait monter dedans un moteur de R5 de 125 cm3 ou le moteur 175 L53. Sur cette 125 c'est une boite 4 vitesses. Cadre simple berceau, suspension avant Earles et arrière oscillante. Moyeux freins Saperli de 160 mm sur des jantes Borani de 19.
Elle s'appelle Follis car elle a été conçue avec l'aide de Joseph Follis. Elle peut être considérée comme la dernière véritable Gnome et Rhône à son arrivée en 1956, une année record pour les ventes de 125 en France ce qui ne sera pas le cas 2 années plus tard. La moto suivante restera au stade de prototype.
Une R4P pour l'armée de terre
Cette moto est un prototype. Comme la Jeep conçue pour être parachutée, cette 125 R4P de 1959 l'était. Le moteur est celui de la R4D mais le cylindre est tourné à 180 degrés pour réduire l'encombrement. Pour cette même raison, les roues sont des 16 pouces. Les commandes de vitesses sont à la main et non plus avec une poignée tournante pour la fiabilité. La fourche est télescopique et l'amortisseur est un caoutchouc. On remarque que le guidon et les repose-pieds se plient pour rentrer dans une caisse de parachutage. Elle n'a pas de phare. L'armée ne passera finalement pas commande et les ventes continuent de s'effondrer. Gnome et Rhône ne vendra plus que 36 motos en 1960. L'activité est cédée en 1961. Pesant 80 kg et forte de 6 chevaux, elle pouvait dépasser les 90 km/h.