Essai Triumph Scrambler
Deux échappements hauts, les soufflets de fourche, le large guidon façon tout-terrain, les pneus mixtes, l'ambiance 60's
Dans la famille Classic, voici le très remarqué Scrambler avec tout ce qu'il faut pour mériter cette appellation : la selle plate avec le liseré blanc et la peinture bi-ton du réservoir qu'on connaissait déjà, mais surtout les deux grands échappements hauts et chromés qui courent tout le long de la machine, les soufflets de fourche, le large guidon façon tout-terrain et les pneus mixtes aux dessins marqués pour s'évader du beau bitume si le coeur nous en dit.
Cette machine c'est avant tout un look qui fait tourner pas mal de têtes dans les rues qui nous plonge dans les sixties dès que l'on se voit passer dans une vitrine. Nous voilà quarante ans plus tôt, au guidon d'une vraie machine de rocker rebelle et ce n'est pas le son émis au ralenti qui nous dira le contraire ( 88db à 3625tr/min) ! Dommage toutefois qu'il se montre aussi discret au guidon dès que la vitesse de croisière est atteinte.
Le Scrambler 900 est équipé du twin vertical de 865cm3 qui anime également le Speedmaster ou la Bonneville T100 par exemple. Facile, souple et linéaire, il saura mettre en confiance tout le monde à défaut procurer de grandes sensations. Agrémenté d'une boîte de vitesse qui se fait complètement oublier à l'usage, on se prend à rouler nez au vent en rêvassant. Il faut reconnaître que le couple moteur/boîte a son charme au bout du compte. En procurant une facilité de conduite déconcertante, il permet au pilote de se consacrer à autre chose qu'au pilotage, par exemple au paysage qu'il traverse tout simplement.
La partie cycle nous conforte dans cette philosophie à adopter en prenant la route. On ne cherchera pas à emmagasiner d'intenses moments de sport, mais plutôt à tracer la route au fin fond de la campagne en toute sérénité. Cette partie cycle se montre tout à fait convaincante dans cet usage en s'accommodant très bien des imperfections de la route et même de la présence de terre et de quelques graviers.
Pour s'arrêter, deux disques sont à notre disposition. Un à l'avant de 310mm et un plutôt grand à l'arrière de 255mm. Les deux sont pincés par un étrier à deux pistons. A l'usage, il y a peu de risque de bloquer l'avant. En effet, l'attaque est souple et le freinage suffisant pour l'utilisation dictée par cette machine. Sur les freinages puissants, il sera nécessaire de compléter ceci avec le frein arrière qui, lui, par contre est d'une puissance redoutable: attention à ne pas bloquer la roue. L'avantage est que pour rouler tranquillement sans secouer l'équipage, on peut compter sur l'arrière pour ralentir tout le monde sans brutalité.
La position au guidon est droite sans pour autant négliger les appuis nécessaires. L'idéal est sans doute de s'asseoir un peu loin sur la selle pour permettre d'appuyer un peu plus sur le guidon en se penchant davantage en avant et de bien tenir le réservoir avec les genoux. Le large guidon et l'écartement des repose-pieds donnent au Scrambler une maniabilité exemplaire qui semble par exemple supérieure à la Bonneville pour rester dans la gamme Modern Classics de Triumph. Un truc sympa, même si ce n'est pas réellement utile, est que l'on peut conduire debout : le guidon est suffisamment cintré et les repose-pieds écartés pour bien tenir la machine.
Pneus mixtes, grand guidon, soufflets de fourche, moteur souple, conduite debout... il n'en fallait pas plus pour nous donner l'envie de nous égarer sur quelques chemins pour voir si ce Scrambler avait quelques aptitudes de baroudeur. Sur un chemin un peu gras, les pneus sont saturés de boue en quelques mètres et le poids de la machine nous rappelle à l'ordre dans les mêmes délais. Finalement, un chemin plus sec et bien entretenu paraît plus approprié, et cela se vérifie rapidement. Gare aux ornières dont il est impossible de sortir avec ces flancs de pneus trop lisses. Le reste est plutôt bucolique et on arrive même à se faire plaisir avec quelques dérives maîtrisées en sortie de virage tant que le terrain s'y prête.
Cette petite escapade hors bitume terminée, le retour sur l'asphalte est finalement un choix raisonnable. La machine sait se tenir en ville et propose sur route un pilotage tout en souplesse où le maître mot est de maintenir sa vitesse moyenne. La position, la grande facilité des manoeuvres, la souplesse du moteur, la simplicité de la sélection et surtout l'esprit que dégage ce Scrambler nous amènent naturellement flâner à un rythme qui n'a pas grand-chose de répréhensible finalement, un indéniable plus par les temps qui courent. La maniabilité permet de garder ce style de conduite même, et surtout, lorsque la route tournicote, à l'aide du grand guidon et des repose-pieds écartés qui assurent des changements d'angles efficaces.
Coté confort, plusieurs points sont à aborder. En premier lieu, le confort de conduite. Non, les échappements ne font pas office de grille-mollet lorsque l'on roule même avec un simple jean et les protections dont il dispose sont bien disposées justement. Au fil des kilomètres, la selle montre sa fermeté au pilote. En s'écartant un peu du réservoir, cette sensation est atténuée et nous permet aussi de mieux tenir le réservoir avec les genoux, une assise à privilégier donc. En revanche, le guidon dont on a largement parlé et qui est un élément essentiel dans le dessin du Scrambler, est un modèle de bien être.
Pour le confort d'un usage quotidien, il n'y a pas grand-chose. Il faut admettre qu'un Scrambler n'est pas non plus voué à devenir un utilitaire, mais tendrait volontiers vers un usage loisir. Pas de place sous la selle et le strict minimum au tableau de bord constitué d'un tachymètre et des voyants et compteurs obligatoires. Pas de place pour le digital heureusement, là encore la marque anglaise a privilégié le style avec un tableau de bord qui nous renvoie dans le passé par son style et sa complétude, un choix pertinent vu le créneau Classic du Scrambler 900, d'autant plus que ceci n'entrave en rien le plaisir de rouler au guidon de cette machine.
Bilan essai Triumph Scrambler
Dans la gamme Modern Classics qui comprenait déjà la Bonneville T100 et la Thruxton avec le même moteur, cette dernière production est certainement celle qui nous a le plus convaincus pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le style scrambler est un style qui se fait très rare dans la production actuelle et on retrouve sur cette interprétation tous les éléments agréables à l'oeil qui peuvent être complétés par tout un tas d'accessoires comme le porte-paquet ou une grille de phare par exemple. Ensuite vient la simplicité de conduite remarquable qui fait qu'on profite de la balade sans se soucier du pilotage et de l'état de la route. Enfin, dernier point et non des moindres, l'esprit qui se dégage de cette machine dès que l'on prend la route accompagné de tout un tas d'images et de clichés des sixties qui passent par la tête, un sentiment visiblement partagé par les passants qui ne manquent pas une occasion de s'attarder sur la machine.
Prix public conseillé : 8790 euros (avril 2006). Couleurs : Rouge/Blanc ou Bleu/Blanc