Essai Suzuki VZR 1800
Un look mi custom, mi dragster, pour cette machine aux dimensions superlatives à l'image de ses performances moteur
La VZR1800, également nommée Intruder M1800R, ne fait pas dans le détail. A son guidon, difficile de passer inaperçu que ce soit en roulant ou arrêté à un feu. Les dimensions sont superlatives à l'image des performances annoncées de son moteur. Nous voici sur un custom gonflé aux hormones, il devrait y avoir du sport.
En appuyant sur le petit bouton du démarreur, on prend toute la mesure de la notion de moteur à explosion : le bruit sourd et sec n'est pas du genre discret pour la plus grande joie de son pilote à chaque coup d'accélérateur (99db à 3100tr/min ). Le gros V-Twin de 1783cm3 propose des pistons de 112mm de diamètre, deux bougies par cylindre, un refroidissement liquide, 8 soupapes et une injection électronique à double papillon comme la GSXR 1000.
Le moteur reprend à tous les régimes depuis 2000tr/min avec une certaine violence sur tous les rapports. Calé sur le dernier rapport, le cinquième, les accélérations sont toujours bien présentes à la moindre sollicitation et ce n'est pas la peine d'insister bien longtemps. On remarque rapidement la zone rouge fixée tout de même à 7500tr/min, un chiffre élevé pour un twin de cette cylindrée. Elevé, mais atteignable facilement. La VZR ne rechigne pas à toujours en ajouter une louche, même à 5000tr/min sur le dernier rapport, elle reprend sans hésitation pour atteindre des vitesses importantes sur ce genre de machine.
La boîte de vitesse à cinq rapports demande des mouvements précis et déterminés pour les passer. Changer de vitesse rapidement demande un temps d'adaptation. Sur les rétrogrades, il est nettement préférable de donner un coup de gaz avant de relâcher l'embrayage. Outre les détonations graves émises par l'échappement, cette manoeuvre évitera bien des amorces de glisse provoquées par le couple impressionnant de la machine.
Pour contenir ce moteur, Suzuki propose un châssis démesuré également. Malgré son empattement de 1713mm, le cadre double berceau possède une certaine rigidité face à ses rivales. La fourche inversée de 43mm absorbe très correctement toutes les imperfections de la route et propose même un certain nombre de réglages pour les plus exigeants.
Cette fourche de sportive
supporte un freinage de la même catégorie puisqu'à l'avant on trouve un double disque de 310mm avec des étriers à montage radial à 4 pistons. La fourche et le frein avant garantissent des freinages très puissants qui risquent de surprendre vos poursuivants peu habitués à cette efficacité sur un custom.
A l'arrière on retrouve de façon tout à fait classique un disque unique avec tout de même un diamètre de 275mm. Son action est très efficace également, comme c'est souvent le cas sur les machines de cette catégorie. Seul bémol, la pédale de frein d'un esthétisme peu courant n'est pas très simple à utiliser et demande de bien bouger le pied pour l'atteindre.
Avec sa selle perchée
seulement à 70cm, tout le monde aura les pieds par terre. Une fois installé, tout le monde n'aura pas les mains sur le guidon par contre, celui-ci paraît loin et il l'est. Relativement droit et assez large, il permet de dicter facilement les trajectoires à suivre à la monture et d'appuyer fortement dessus lors des freinages. Avec ce guidon, la VZR devient maniable. En effet, dès les premiers tours de roue le poids s'envole, on aborde les virages à un bon rythme et profite des grosses accélérations sans retenue.
Avec les accélérations dont est capable cette Suzuki, autant dire que les virages arrivent vite. Dans ce domaine, la VZR s'en sort plutôt pas mal dans la catégorie des customs. Si les repose-pieds ont une tendance à modérer l'entrain du pilote à force de toucher, il faut reconnaître que bon nombre de virages peuvent être négociés sans encombre majeure à une vitesse légale. Même les grandes courbes peuvent être négociées à bonne allure pour peu que le revêtement reste correct. En somme, en dehors de la montagne et des ses épingles à cheveux qui ne seront pas sa tasse de thé, le reste doit se passer sans trop d'inquiétude avec un peu de retenue et d'habitude.
Mais cette machine est aussi un objet que tout le monde regarde : impossible de se poser tranquillement à un endroit sans que des gens viennent la voir. Même arrêté au feu, les questions viennent des motards ou automobilistes arrêtés à coté. Il faut dire qu'avec ses dimensions généreuses aussi bien en longueur qu'en largeur, sa sonorité imposante du V-Twin, son abondance de chrome ou son pneu arrière de 240 il n'y a aucune chance de se faire discret. Cela tombe pas mal en fait, on n'achète pas ce genre de machine pour l'être.
Si la VZR soigne l'image de son pilote, elle soigne aussi son confort. La selle est spacieuse et confortable, le guidon assez large pour piloter sans forcer même si la prise au vent est importante et les repose-pieds en avant évitent d'avoir les jambes pliées. Si le saute-vent qui intègre le phare ne fait pas l'unanimité esthétique, il faut reconnaître que son efficacité est tout à fait honorable. A vive allure, la Suzuki tire sur les bras mais la tête n'est pas chahutée, un bon point pour la fatigue et le plaisir.
Une ombre au tableau, son tableau de bord justement. Le beau compte-tours chromé surplombe le guidon avec une forme qui rappellera les grosses voitures américaines. Il est immanquable au regard comme tous les témoins lumineux qu'il contient, en revanche le tachymètre à plat sur le réservoir est beaucoup moins lisible sans beaucoup pencher la tête. La platine de réservoir comprend également des afficheurs avec les deux trips, une jauge etc...
Enfin, malgré la taille imposante de la bête, il n'y a pas de place sous la selle pour y caser ses petites affaires. Il est certain qu'on ne prend pas cette moto pour un usage quotidien mais c'est toujours pratique de pouvoir y mettre un antivol ou un vêtement de pluie.
Ces petites contrariétés sont assez vite oubliées dès que l'on démarre. Les accélérations nous feraient presque regretter que la capitale ne possède pas plus de feux tricolores et la facilité de conduite donne au Paris By Night une autre dimension en cette saison.
Dès qu'on quitte la ville et les autoroutes urbaines, la campagne propose de bonnes tranches de plaisir à chaque reprise en sortie de courbe. Petit à petit on augmente même le rythme pour entrer en courbe sur les freins et accélérer dès qu'on en voit la sortie en espérant ne pas trop user les repose-pieds. C'est évident, cette VZR n'a rien d'un custom tranquille même s'il peut le devenir. Il y a fort à parier qu'une fois que vous vous serez montré en ville avec cet engin, l'envie des grands espaces ne vous gagne, pas nécessairement de grands rubans de bitume, plutôt de belles routes de campagne où la poudre pourra parler juste l'espace d'un instant.
Bilan essai Suzuki VZR 1800
En conclusion on retiendra que la VZR 1800 (Intruder M1800R) est un custom sportif. Custom par sa conception et sa position de conduite, et sportif par son moteur qui ne manque pas de vivacité et sa partie cycle qui permet de brutaliser cette machine pour rouler efficacement tout simplement.
La puissance est certainement ce qui se dégage le plus de cette Suzuki, que ce soit à l'arrêt par son gabarit ou en roulant avec son gros moteur et la sonorité qu'il émet, si tous ces mots sont essentiels pour vous dans une moto et qu'en plus vous voulez rouler avec une machine qu'on ne croisera que rarement, c'est celle-là qu'il faut choisir.
Prix conseillé : 13999 euros (juin 2006)