Essai Yamaha R6
Un trait tout en finesse, des performances et une rigueur encore en progrès pour toujours plus de sport au quotidien
La R6 propose dans ce monde de brute où les supersport évoluent, un design soigné tout en finesse que l'on remarque au premier coup d'oeil. A l'avant ses yeux larges accentuent l'impression de finesse du carénage tandis qu'à l'arrière, la coque qui intègre un feu parfaitement dissimulé, pointe vers le ciel en laissant peu de place pour un passager, il est vrai.
Au guidon la sportivité saute aux yeux avec ce grand compte-tours en position centrale et un tableau de bord très complet qui affiche tout un tas d'informations simultanément. La bulle n'apparaît pas si haute que ça mais offre une bonne largeur pour se protéger bien couché sur le réservoir. La position est bien penchée sur l'avant et promet de bons moments de sport, d'autant que la machine reste assez étroite et que le réservoir de 17.5 litres permet de bien s'y appuyer avec les cuisses.
Contact. Le moteur tourne au ralenti avec un ronron
qui nous ferait confondre n'importe quelle ligne blanche avec une Pit Lane ( 97db à 7250tr/min). Pour s'élancer, il faut nettement monter dans les tours car si les montées en régime sont vives, il ne se passera pas grand-chose en dessous de 4000tr/min. Le régime de croisière en ville se situe plus autour des 8000tr/min où le pilote pourra couper les gaz ou reprendre un peu sans forcément jouer de la boîte. A ce régime, la conduite est facile en milieu urbain mais la sonorité est très présente, les passants se retournent, les voitures s'écartent loin devant et la maréchaussée contrôle.
Soyons réalistes, cette machine n'a rien à faire en ville de toutes les façons. C'est au-delà des 10000tr/min que tout se passe réellement. Les montées en régime sont explosives jusqu'à titiller la zone rouge qui est indiquée à 17500tr/min. La plage d'utilisation est donc très grande, les rapports montent avec une facilité déconcertante et les accélérations n'en finissent plus entre deux virages. Pour plus d'efficacité, il faudra juste retenir que le couple maximal est à 12000tr/min et la puissance maximale à 14500tr/min.
Dans les passages rapides, le régime moteur est très facilement maintenu dans sa plage d'efficacité maximale, celui-ci répondant au moindre mouvement de poignet du pilote. Emporté par le son de l'échappement et surtout un bruit d'admission incroyable, l'ambiance racing est présente à chaque instant.
Du coté de la partie cycle, l'efficacité est de mise et ce n'est pas sur un usage routier qu'on risque d'approcher les limites avec une rigidité d'ensemble exemplaire. Fourche et amortisseur sont réglables dans tous les sens pour celui qui envisage d'aller faire parler la poudre sur un circuit.
Point remarquable sur le réglage de la fourche, compression et détente sont réglables très facilement en haut et en bas du tube de façon traditionnelle à un détail près. En bas, le réglage est sur l'avant du tube orienté vers le haut. Cette disposition évitera de se mettre à genou et facilitera certainement les fastidieuses séances de mise au point.
En usage routier, les réglages de base se sont montrés fermes et acceptent volontiers un rythme soutenu en faisant nettement préférer un bon revêtement à son pilote qui se fera un peu secouer quand la route se dégrade. Vu que la vocation première de cette machine est d'aller tourner sur un circuit, ce n'est pas un souci.
Le freinage est confié à l'avant à deux disques de 310mm. Bien sûr, tout est en montage radial, depuis le levier jusqu'à l'étrier. Il en ressort un excellent feeling sur les freinages appuyés. L'attaque se fait sans brutalité, on peut saisir le levier avec conviction sans craindre d'être surpris. Sur toute la durée du freinage la puissance est au rendez-vous pour stopper la R6 et son pilote avec une efficacité et une facilité remarquable.
A l'arrière on retrouve un système tout à fait classique avec un disque de 220mm comme sur la très grande majorité des machines. Ce frein s'est montré utile à l'usage pour une conduite plus tranquille dans le cadre d'une utilisation quotidienne.
Pour rester dans une optique d'usage quotidien, on s'attardera un peu sur le tableau de bord. Le très grand compte-tours est entouré de deux petits afficheurs. Sur la gauche on trouve la montre et la vitesse et sur la droite la température moteur ou de l'air ambiant, au choix, puis d'autres fonctions classiques comme le totalisateur, les deux journaliers et un chrono.
Pour transporter ses petites affaires, la R6 ne facilite pas la tâche. L'arrière est une réussite esthétique mais il sera difficile de loger quelque chose sous la selle du passager. Dessus également car ses dimensions sont vraiment réduites au minimum. On note tout de même que Yamaha a pensé à installer deux petits ergots sur les repose-pieds qui permettront de fixer un sac solidement.
Pour le passager, ce ne sera pas le grand confort mais il est inutile de l'essayer pour le savoir. D'un autre coté, ce genre de machine est avant tout un plaisir de pilotage, donc un sentiment très égoïste impossible à partager lorsqu'on roule en duo. Un avis qui devrait assez rapidement partager le passager attitré. Cette catégorie de machine produit des montures exclusives, la R6 ne déroge pas à la règle !
Le plaisir de pilotage est donc la principale raison qui devrait motiver l'achat de cette R6. La vivacité de la moto, la facilité de placement en entrée de virage, les accélérations énergiques avec le bruit d'admission important, les montées en régime impressionnantes accompagnées du hurlement de l'échappement court, les changements de rapports ultra rapides et les freinages démoniaques sont autant d'éléments qui font plaisir à n'importe quel passionné avide de sport sur circuit dès qu'il tournera la clé.
La seconde raison sera certainement l'esthétisme général de la R6. Il y a tout d'abord sa large tête de fourche avec ses optiques et sa bulle pas trop haute qui donne un coté requin
à la machine. Ensuite, viennent ses flans de carénages avec cette grande démarcation depuis la tête de fourche jusqu'au repose-pied qui accentue l'effet de vitesse que procure la Yamaha même à l'arrêt, un effet particulièrement mis en valeur avec le coloris rouge et blanc. Enfin, arrive la partie arrière fine et élancée juste contrariée par le support de plaque et de clignotants.
Bilan essai Yamaha R6
Au final la R6 est un choix de passion, point de raison dans cette machine, inutile d'en chercher, il n'y en a pas. Tout est sacrifié au profit du pilotage et des performances. Il faut reconnaître que sur ces registres, il y a matière à se faire plaisir. Pour ceux qui persistent encore à rouler sur la route avec une machine née pour la compétition comme cette Yamaha, elle pourrait les faire changer d'avis rapidement et les emmener sur la piste.
Trois coloris sont disponibles, le rouge et blanc certainement le plus sportif, le bleu Yamaha et enfin le très chic noir. La Yamaha R6 est disponible à partir de 11200 euros, prix conseillé en juin 2006.