Essai Moto-Guzzi Griso 8V
La Griso 1200 8V s'affiche comme la plus performante des Naked de la marque Italienne avec ses 2 soupapes de plus par cylindre
Par définition un V-twin culbuté en position transversale est source de caractère. Un essai récent de la nouvelle Guzzi Bellagio nous l'a d'ailleurs encore confirmé. Certes, cette architecture moteur paraît un peu vieillotte face aux 4 cylindres japonais bourrés d'électronique, mais lorsqu'elle reçoit beaucoup d'attention de la part des motoristes, cette architecture peut vraiment faire preuve de performance. La Griso 1200 8V est bel et bien dans ce cas de figure, puisque la base moteur est celle de la Norge ou la Sport 1200 à 2 soupapes par cylindre, qui a été revue à presque 80 %. Le gain de puissance est de l'ordre 15 chevaux, poussant ce moteur de 95 à 110 chevaux. En comparaison avec la Griso standard à moteur 1100 cm3, le gain est de tout de même de 24 chevaux. Inutile de vous dire qu'en pratique, ce bénéfice de puissance est clairement perceptible.
Style unique
La Griso 1200 8V profite en effet d'une esthétique peu commune. Sa ligne, à la fois élancée, sportive et trapue lui confère une certaine bestialité pas désagréable. Un sentiment qui prend toute son envergure dès la mise en route du bicylindre. Son miaulement... ou devrais-je dire son grondement, joue une note très basse et très puissante , comme si la foudre tombait à chaque coup de gaz. Il est vrai qu'il est difficile de classer cette Griso dans une catégorie de machines. Elle oscille en effet entre un cruiser et gros roadster, un peu à l'image d'un VZR 1800 ou d'une MT01. Quoi qu'il en soit, la Griso possède un énorme potentiel séducteur à en juger les regards à chaque feu rouge. Il faut admettre qu'elle en impose avec son moteur suspendu très massif et ses culasses qui jaillissent latéralement. Puis comme pour le reste de la gamme Guzzi, cette Griso est affublée de surcroît d'une finition irréprochable. On apprécie les plastiques de belle facture qui s'ajustent parfaitement et les commandes moulées dans l'alu finement sablé. Si les jantes sont remarquablement bien dessinées, on ne peut pas en dire autant du silencieux d'échappement. Certes, celui-ci, propre au 1200 à 8 soupapes, a été légèrement restylisé par rapport au réacteur
de la Griso standard. Mais bon... peut mieux faire. L'instrumentation en revanche est réunie dans un joli bloc à compte-tours analogique et tachymètre numérique, le tout visuellement très efficace. Ce dernier que l'on retrouve aussi sur la gamme Aprilia (Tuono, Mana...) offre une multitude d'informations pratiques qui peuvent défiler depuis un bouton au guidon. On regrette néanmoins l'absence de jauge à essence, remplacée ici par un voyant de réserve. Petit détail intéressant, les deux trips partiels sont commutables eux aussi depuis le guidon. Sous la selle ne réside aucun rangement, mais Guzzi n'a en revanche pas oublié les ergots d'arrimage sous la selle. Pour conclure le chapitre équipement, sachez que l'Italienne profite de commandes réglables en écartement à chaque main et pied.
Virile
La prise en main de cette Griso 1200 8V n'est pas immédiatement assimilable. Elle impose d'emblée ses larges dimensions, notamment sa longueur qui oblige le pilote à aller chercher le guidon loin devant. La position est donc quelque peu agressive avec le dos légèrement courbé, ce qui est plutôt favorable sur route à bon rythme. Si la hauteur de selle reste très raisonnable, les jambes sont pas mal pliées, laissant en revanche une garde au sol très confortable en virage. Quoi qu'il en soit, les genoux trouvent naturellement leur place sans buter dans les conduits d'admission. La selle aussi profite d'une belle ergonomie pour une assise confortable. Bref, cette Griso est plutôt accueillante, avec finalement pas l'impression de chevaucher une si grosse moto. En revanche, à faible allure, on est surpris par une certaine lourdeur du train avant. La direction se manie avec ténacité, car elle ne tourne pas naturellement. Elle profite néanmoins d'un diamètre de braquage court, idéal pour se faufiler dans les trous de souris. Autre trait agréable en ville, le gros 1200 cm3 distille une belle souplesse sous les 3000 tr/mn. Le cardan de transmission émet également très peu de soubresauts si bien que la moto conserve sa fluidité. Cette entrée en matière s'avère délicate mais pas non plus rasante, car on se régale à chaque instant de cette viril vibration
et de sa sonorité envoûtante. Mais c'est sur route secondaire que la Guzzi 1200 se plaît le plus, dès lors qu'il faut relancer la mécanique entre 5000 et 8500 tr/mn, régime où le twin à 8 soupapes crache tout son venin. Les 110 chevaux sont loin d'être de gentils poneys, au contraire l'effort de traction fourni de très belles sensations. Les bras se crispent, le séant se blottit contre de petit dosseret et le dos se courbe davantage pour jouir de ces hauts régimes explosifs. Un vrai caractère trempé qui a nécessité des freins à la hauteur. On a justement affaire à deux étriers Brembo radiaux assurant un mordant très volontaire et une capacité à doser très précise.
Réticente
Autre trait significatif de cette Griso et son moteur transversal, c'est le couple de renversement perceptible à chaque monté de rapport. Certes pas aussi présent que sur les flats BMW, mais la moto émet un léger mouvement vers sa droite au moment de couper les gaz. D'ailleurs pour amoindrir considérablement ce phénomène, mieux vaut passer les vitesses à la volée (sans embrayer à la montée des rapports) en conduite sportive. Plutôt bien suspendue, l'Italienne ne craint pas les routes chaotiques, tout en conservant des appuis fermes. En sortie de virage la Guzzi tracte avec beaucoup de stabilité, or entré, notamment à vive allure, elle présente toujours une certaine réticence à s'inscrire. Disons qu'il faut la forcer et même une fois inscrite, le phénomène persiste, comme si elle voulait se relever sous l'action du filet de gaz. Mieux vaut avoir des bras pour la mener à bien ! Peut-être était-ce un problème lié à notre modèle d'essai, lequel avait un réglage de fourche, notamment la précharge, sans doute pas assez fermé. Justement pour infos, la Guzzi adopte des suspensions complètement réglables à l'avant comme à l'arrière.
Bilan essai Moto-Guzzi Griso 8V
Cela dit, ce problème n'entachait pas au plaisir de conduite qu'offre cette moto très charismatique. Et puis quelle gueule ! La Griso est finalement une vraie moto plaisir qui se distingue par son allure unique. Il fait bon de la sortir les week-ends pour jouir de son coeur très vivant, ou bien pour parader dans les endroits chics. Mais la Guzzi n'est en aucun cas une moto de tous les jours, du moins pour se rendre au travail dans les villes saturées. Du reste, la belle s'échange contre 13300 €, soit un prix justifié par une grande qualité, mais pas des moins chers de sa catégorie.
On aime bien
- Caractère moteur
- Look unique
- Finition
On aime moins
- Protection
- Maniabilité
- Autonomie juste
Notre avis
Quotidien | ⭐⭐ |
Voyage | ⭐⭐⭐ |
Loisir | ⭐⭐⭐⭐⭐ |
Sport | ⭐⭐⭐⭐ |
Duo | ⭐⭐⭐ |
On vous regarde | ⭐⭐⭐⭐⭐ |
On la détaille | ⭐⭐⭐⭐ |
On l'écoute | ⭐⭐⭐⭐⭐ |
Photos essai Moto-Guzzi Griso 8V
Ecouter le son
Fiche technique Moto-Guzzi Griso 8V
Tarif (décembre 2008) | 13 300 |
Puissance | 110ch à 7500tr/mn |
Couple | 10,8mkg à 6400 tr/mn |
Frein AV | 2 disques 320 mm, étriers radiaux 4 pistons |
Frein AR | Disque 282 mm, étrier 2 pistons |
Hauteur de selle | 800mm |
Poids (constructeur) | 222kg à sec |
Réservoir/Conso | 16,7L / 8,2L aux 100km |
Diamètre de braquage | 5520mm |
Kilométrage au départ | 3300km |
Conditions météos | nuageux (5°C) |
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.