Essai Harley-Davidson Sportster 1200 R
L'essence même de la moto : un moteur et presque rien et pourtant, un réel plaisir de d'enrouler.
La gamme Sportster est sans aucun doute la plus connue et la plus représentée dans nos contrées. Le Sportster 1200 R, R comme "Roadster", est la version la plus musclée de cette gamme et peut être considérée comme la petite soeur de la Dyna Super Glide Sport que nous avions essayée en mai dernier.
La Harley-Davidson Sportster 1200R se veut une moto minimaliste avec un gros moteur refroidi par air et alimenté par des carburateurs traditionnels. A l'arrêt, la machine dévoile sa finesse, difficile en effet de faire plus étroit et de mettre plus en exergue le moteur.
En selle, l'impression d'être sur un moteur se confirme. La machine se fait oublier tout de suite par cette finesse, il ne reste que le pilote et le moteur : Un gros moteur, deux roues et un guidon, c'est tout ce qu'il faut pour le plaisir de rouler alors roulons...
Moteur et boîte
Le V-Twin de 1200cm3 (
98db à 2950tr/min) est de toute évidence la pièce maîtresse de cette moto d'abord esthétiquement par ses proportions imposantes au centre d'une machine très fine surmontée d'un réservoir au dessin caractéristique reconnaissable entre mille, ensuite par les sensations qu'il délivre à chaque instant sur nos petites routes.
A l'arrêt la machine vibre au rythme des pistons, l'extrême finesse du réservoir laisse entrevoir les culasses et donne l'impression de serrer ce moteur palpitant entre ses genoux plutôt que la machine elle-même. Dès 2500tr/min, le couple délivré s'avère être très sympathique : la machine tracte fort, c'est évident. Elle nous propulse avec force et très vite on se prend au jeu d'accélérer pour le plaisir de ressentir cette traction.
La zone rouge est fixée à 6000tr/min, mais ce n'est pas du tout là qu'il fait bon rouler. On profite du couple important du 1200cm3 et d'une inertie moteur moindre par rapport aux 1450cm3 pour adopter un rythme sportif : Juste avec les rotations de la poignée, on coupe en entrée de virage, on maintient facilement ou accélère en courbe puis on relance dès la sortie au son du V-Twin.
La boîte de vitesse permet de changer de rapport rapidement à l'aide d'un sélecteur simple branche comme sur les modèles "sport" de la marque américaine. S'il est possible de maintenir un bon rythme sans changer de rapport, il est également possible d'accélérer très fort en courbe en descendant un rapport en entrant : c'est là que cela devient intéressant, dans les virages !
Fourche et suspension
Ces éléments ne sont pas réglables mais offrent la fermeté nécessaire qu'on souhaitait au regard du moteur. La machine garde son cap même si on rencontre un creux dans une grande courbe elle ne pompe pas et permet de maintenir son accélération. Sur les freinages, la fourche ne plonge pas exagérément assurant ainsi un freinage correct.
Si ces accords secondent très bien le moteur et l'utilisation de la machine telle que nous l'avons perçue, le confort est mis un peu de côté. Difficile d'allier confort et fermeté, il fallait faire un choix, celui de la fermeté semble être le bon car il correspond à l'idée que nous nous faisions de la machine.
Freinage
Le freinage avant possède une attaque douce. Si la puissance de freinage est constante sur toute la course, pour freiner fort, il faut faire preuve de fermeté. Pour sa part, l'arrière fait preuve d'une force étonnante et parfaitement dosable avec une pédale facilement utilisable seul ou en duo.
Ces éléments sont de toutes les façons à combiner avec le couple offert par le V-Twin qui dans la grande majorité des cas limitera pas mal l'utilisation des freins.
Duo
La selle ferme est tout de même confortable mais elle est petite. Elle permet d'envisager une bonne balade le temps d'une belle journée, en revanche pour se lancer sur de plus longs trajets, ce n'est pas l'idéal. Le confort en duo n'est pas son point fort, le Sportster 1200R est une moto d'égoïste.
Le moteur s'en tire très bien. Les suspensions fermes gardent leurs qualités mais remontent les défauts de la route au passager. En revanche, le freinage arrière puissant permet de ne pas malmener le passager en garantissant un freinage correct.
Confort
En regardant la machine, on pouvait penser que le confort ne faisait pas partie du cahier des charges : il n'en est rien. La selle du pilote est petite et ferme mais reste agréable même si la route se dégrade et le trajet s'éternise.
La position assise permet de ne pas fatiguer les jambes et d'assurer des appuis corrects sur les larges repose-pieds. Ceux-ci sont relativement hauts pour permettre de s'incliner facilement, en revanche il n'y a pas de ressorts de rappels... Les bras sont légèrement fléchis sans être en appui sur le guidon. Lorsque le rythme augmente, on peut facilement pencher le buste vers l'avant et ainsi appuyer sur le large guidon.
Coté témoins, il y a le minimum : clignotant et feux de détresse, feux de route, huile etc... La réserve se passe à l'aide d'un petit robinet pas facile à attraper avec des gants d'hiver. Le bouchon de réservoir ne ferme pas à clé. Pour ce qui concerne l'huile, la vérification du niveau est très simple d'emploi : d'une simple pression on sort le bouchon qu'on dévisse ensuite pour sortir la jauge.
Roulage
Son moteur gorgé de couple et le petit volume de cette machine en font un jouet. On est tout de suite à l'aise sur ce Sportster 1200R, la machine se fait oublier et on joue avec le moteur pas avare en couple ni en musique : la machine vibre, se fait entendre et tracte son pilote d'un coup sur simple demande.
On joue beaucoup avec le couple en courbe : on peut accélérer très trop et très fort, la machine se met assez facilement en dérive tout en douceur. Au fur et à mesure des virages on se prendrait à rêver de piste de short track, on appuie plus fort sur le guidon, garde la moto plus droite et accélère plus fort dans les virages.
Quand l'humeur est plus à la promenade, on se contente de jouer avec la poignée des gaz pour maintenir le rythme de croisière désiré bien calé au fond de son siège, les pieds bien à plat et les bras légèrement pliés. On peut rouler longtemps comme ceci sans se lasser d'autant que l'autonomie le permet. Pour le plaisir des yeux, le ciel se reflète dans les chromes et sur la très belle peinture du réservoir.
La route s'ouvre au son du V-Twin de 1200cm3, on regarde le bitume défiler sous nos pieds de chaque coté du réservoir, on voit le moteur battre juste là, en dessous de nous, nos mains qui vibrent posées sur le large cintre, les nuages et les oiseaux se déplacer sur la peinture du réservoir et on profite inlassablement de beaux virages éparpillés pour placer quelques accélérations convaincantes...
Bilan essai Harley-Davidson Sportster 1200 R
La Harley-Davidson Sportster 1200R est une machine essentielle et minimaliste animée par un moteur plein de couple. On ne se lasse pas d'attaquer les routes de campagne avec cette machine maniable qui offre une prise en main immédiate.
Le moteur s'impose très vite comme l'élément principal a tel point que le reste nous paraît superficiel au bout de quelques kilomètres. Il y a bien entendu le couple qu'il distille à la demande, mais aussi le fait qu'on le voit juste en dessous de nous, qu'on l'entend et qu'on le sent par les palpitations qui nous sont transmisses. On prend le vent, on vibre, on vire, ça tracte...
En résumé, cette machine, c'est un moteur et presque rien et pourtant, presque tout !
Prix conseillé : 9995€ (février 2005)