Essai Harley-Davidson Nightster
Un Sportster pour plonger dans les références du passé, des clichés en noir et blanc d'il y a 50 ans, des Bobbers etc.
La famille Sportster s'agrandit pour accueillir le 1200N, N pour Nightster. Cette dernière mouture nous plonge dans un univers plein de références au passé qui nous rappellent dans le désordre la naissance du Sportster il y a déjà cinquante ans, les photos en noir et blanc du King (Elvis Presley) à son guidon, l'apparition des Bobbers dans les années soixante, les clichés des Bikers de l'époque etc.
Mais cinq décennies se sont écoulées depuis 1957 et le Sportster est aujourd'hui une famille de huit membres animés par le bi-cylindre 883 ou 1200. Il se décline en Roadster - R, Custom - C, Low - L et donc Nightster - N, ce dernier né étant uniquement disponible avec le 1200 Evolution.
Le bicylindre 1200 Evolution est monté sur Silent Bloc pour limiter les vibrations. A l'arrêt elles sont heureusement encore présentes, ni trop ni trop peu, elles participent pleinement au caractère qui se dégage de la machine. Dès les premiers tours de roues, elles s'estompent pour finalement se faire oublier si on n'y prête pas attention.
Ce bloc Evolution est alimenté par une injection électronique qui procure au pilote une reprise plus franche à bas régime. Là où le moteur précédent demandait une relance un peu énergique si on laissait le régime moteur descendre trop bas, l'Evolution reprend plus vivement plus bas dans les tours, à tel point que qu'on ne se lasse pas de le relancer. En ville, les dépassements sont facilités et chaque bifurcation donne le sourire en l'entendant gronder lorsqu'on ouvre les gaz en grand.
Sur ce point, le Nightster n'est pas avare non plus. La sonorité émise n'est pas exagérée pour les passants et pourtant bien présente en conduite urbaine. Chaque accélération est accompagnée d'une voix grave et cadencée, émise par le double échappement superposé de type Shorty, caractéristique des Sportster. Cette musique inimitable fait rapidement partie intégrante de voyage
Le moteur est secondé par une boite de vitesses à cinq rapports. Avec un peu d'habitude et des mouvements francs et convaincus, on parvient sans problème à les monter et les descendre rapidement. Il faut toutefois prendre garde à la descente, le couple important sur cette dernière Evolution a tôt fait de bloquer la roue arrière si le levier d'embrayage est manié sans délicatesse.
Dès que la route se dégage et que le tissu urbain laisse la place aux pâturages verdoyants, l'usage de la boite devient naturellement limité. En effet, la réponse et le son du moteur incitent à ne pas trop changer de rapports pour privilégier le plaisir de l'entendre reprendre avec conviction en sortie de courbe plutôt que de chercher l'efficacité pure et dure.
Revenons sur ce qui attire les regards des badauds, le style unique du Nightster. En dehors des échappements Shorty, les chromes sont rares sur ce Sportster. Ils laissent la place à un noir ominprésent, une peinture à l'Epoxy gris sur le moteur et la boîte à air, et à quelques touches satinées.
En dehors du coloris noir brillant uni, le Nightster est proposé avec une peinture de deux tons brillants ou satinés, le second étant toujours noir. On peut donc choisir pour les garde-boue et le réservoir, un bleu clair brillant, un vert olive satiné, un gris satiné ou un orange brillant qui n'est pas sans rappeler la couleur qui ornait les XR qui écumaient les pistes de Speedway américain.
Quel que soit le coloris choisi, de nombreuses pièces sont d'un noir brillant : le large guidon, la casquette de phare, les fourreaux et soufflets de fourche, les jantes à rayons, les moyeux, le ressort des amortisseurs arrières, les caches latéraux, les leviers et commodos au guidon, les pédales et repose-pieds et même le protège courroie et le support de garde-boue avant qui sont tous deux percés. Tous ces éléments mettent en valeur les teintes de peintures retenues et font ressortir des petits détails très tendance comme le bouchon de réservoir, la jauge d'huile et le contour de phare avec une finition satin argenté.
Les teintes ne font pas tout. Pour coller à l'esprit Bobber on note les soufflets de fourche très "old school", les jantes noires à rayons qui accueillent des pneus conséquents, le large guidon - un peu haut pour être totalement Bobber
, le protège courroie et le support de garde boue avant ajourés mais surtout le garde-boue arrière qui donne l'impression d'être tronqué.
Pour donner cet effet tronqué que l'on retrouve aussi sur le garde-boue avant, Harley-Davidson a tout simplement supprimé le feu arrière et le support de plaque pour ne laisser apparaître que ce garde-boue coupé
comme on le faisait dans les années soixante de façon moins élégante avec un bon coup de scie à métaux. Aucune crainte n'est à avoir sur le Nightster, la finition est très soignée.
Le feu arrière a donc totalement disparu pour être intégré dans les clignotants. Des LED situées tout autour du clignotant et invisibles lorsqu'elles sont éteintes, font office de feu et de stop. Au centre, le clignotant conserve sa fonction première. Depuis l'arrière, on voit donc un garde-boue vierge encadré de deux feux rouges. Le clignotant est orange et le tout est bien entendu totalement homologué sur notre vieux continent.
Pour la plaque, l'Europe se singularise par un support dans le prolongement du garde-boue. Aux Etats-Unis et dans certaines autres contrées, la plaque est sur un support sur le coté gauche de la moto.
Le Nightster ne se distingue pas par ses cotés pratiques, ce serait de toutes les façons passer à coté de l'esprit de cette machine que de s'attarder à ces détails. Une fois en selle, à travers la ville ou la campagne, c'est la dernière des préoccupations qui nous vient à l'esprit. En ville, sa selle très basse (642mm), le large guidon et le moteur qui tracte très tôt lui donnent une belle maniabilité même en mesurant 1m60.
Pour nos routes un peu plus sinueuses, les américains ont doté les amortisseurs du Nightster d'une course rallongée et de plus de fermeté pour favoriser la garde au sol. Une fois en route, il faut reconnaître qu'elle n'est pas si mauvaise dans la catégorie des customs, mais les échappements flirtent tout de même souvent avec l'asphalte. Un des colliers fixé sur l'échappement n'a d'ailleurs jamais été retrouvé malgré ses cris d'alerte à chaque virage à droite.
Car le Nightster ne se contente pas d'une esthétique soignée, ses qualités dynamiques sont intéressantes et permettent de se faire plaisir à des allures raisonnables. En travaillant ses trajectoires pour limiter les étincelles, on obtient une vitesse moyenne très honorable.
Bilan essai Harley-Davidson Nightster
Malgré le petit réservoir de 12.5 litres, le plaisir peu durer puisque la consommation est restée autour des 6 litres aux cents. La seule ombre au tableau est le freinage qui demande de la poigne et l'utilisation combinée de l'arrière dès que l'efficacité est requise. Pour le reste, on peut compter sur les relances dynamiques et la tenue de route correcte même dans les grandes courbes rapides pour se faire plaisir avec un custom qui sort de l'ordinaire.
La fermeté des suspensions fait préférer les revêtements uniformes, mais étonnement, même en étant aussi basse et peu épaisse, la jolie selle avec ses piqûres apparentes, maintient correctement le bas du dos et a offert un certain confort sur notre essai. Celui-ci ne se partage pas puisque le Nightster est livré avec une unique place. Les fixations des repose-pieds et de la selle du passager sont toutefois prévues si vous souhaitez envisager la route à deux.
Disponible en noir brillant à 9995€ et 10495€ en deux coloris (septembre 2007).