Nouvel univers, nouvelle moto, nouveau moteur pour cet essai de la Harley-Davidson Pan America 1250 Special qui ne manque pas d'attraits. Cette première incursion dans l'univers des trails est une vraie réussite malgré quelques petits défauts. En route !
Quelle mouche a piqué la marque de Milwaukee pour se lancer dans l'univers du trail ? Tout simplement qu'il faut avancer et que tant qu'à faire, autant viser un marché porteur comme celui des gros trails. Après des années de customs, Harley-Davidson a fait rigoler tout l'hiver dans les chaumières avec sa Pan America 1250 Special mais le printemps venu, le premier essai est fait et elle ne fait plus rire cette moto parce que c'est du sérieux ! Harley-Davidson pourrait bien grappiller une belle part du gâteau avec cette machine taillée pour le voyage.
Au coeur de la Pan America, un moteur V Twin de 1250 cm3
Harley-Davidson donne des noms à ses moteurs, celui-ci s'appelle Revolution Max. C'est un moteur à refroidissement liquide de 1252 cm3 ouvert à 60°, super carré, à double arbre à cames en tête, admission variable avec un taux de compression de 13:1. Seule le twin de la KTM Super Adventure 1290 fait mieux en bicylindre avec 13,1:1. Alors non, ce n'est pas un moteur longue course ouvert à 45 degrés comme les Milwaukee Eight qui équipe le Street Bob 114 par exemple. C'est un moteur tout nouveau mais pas le premier liquide 8 soupapes à 60 degrés puisque le moteur Revolution développé avec Porsche qui équipait la gamme VRSC, V Rod en tête, l'était déjà. Si vous vous souvenez du moteur Buell 1125, bicylindre en V liquide 8 soupapes mais ouvert à 72°, on est plus proche de celui-ci. Mais l'analogie s'arrête là car ce moteur qui développe 150 chevaux et 128 Nm de couple est tout nouveau et ne reprend rien du passé en dehors de l'architecture.
Souple, vif, dynamique, facile, les qualificatifs ne manquent pas après le premier essai. Ce moteur ne déçoit que par une sonorité trop métallique qui manque de profondeur. Il faut reconnaître que la Motor Company ne nous a pas habitué à ça. Pour le reste, le V Twin 1252 cm3 qui anime notre Pan America offre de sérieux atouts et une excellente polyvalence. Son couple maxi à 6750 tr/min et la puissance maximale à 8750 tr/min sont hauts perchés. Ils faut maintenir un régime moteur élevé pour tenir un bon rythme c'est vrai mais il n'est pas creux en bas pour autant, et rouler entre 3 et 4000 tr/min ne fait pas d'à-coup. Ça reprend bien avec un certain confort qui ne va pas maltraiter l'équipage en voyage. On a deux phases d'utilisation, sous les 6000 pour la route et au-delà pour les moments plus sportifs.
Et les modes ? Pluie, route, sport, enduro, enduro plus et 3 persos qu'on peut configurer comme on veut en entrant dans les menus (1 seul perso pour la Standard). On reviendra sur le côté enduro de la Pan America 1250 dans un complément à cet essai, pour l'heure on note un écart de comportement significatif entre route et sport ce dernier étant bien plus réactif à la rotation de la poignée. Idéal pour attaquer la montage à bon train d'autant que la partie cycle suit. La boîte est ferme mais rapide et verrouille bien. On peut regretter que H-D ne propose pas de shifter comme la concurrence mais ça viendra sûrement. On ne trouve pas l'effet gros couple qu'on trouve sur les V Twin Harley, mais ce nouveau moteur très réussi est parfait pour accompagner un gros trail. Il n'a pas à rougir face à la concurrence déjà bien implantée.
Partie cycle agile et légère, très loin de ce qu'on imagine
Du moteur on saute à la partie-cycle puisque le V Twin y participe en étant porteur. Si vous vous souvenez de la Buell Ulysses XB12X avec son moteur HD, oubliez tout. Le cadre de la Pan America est en deux parties, deux treillis. Un à l'avant et à l'arrière qu'on voit plus facilement sous la selle. La Pan America 1250 Special comprend de nombreux équipements dont les suspensions semi-actives qui s'ajustent selon le mode de conduite choisi. En option (660€), la nôtre a aussi le système qui abaisse la moto à l'arrêt et la remonte lorsqu'on roule. Ce truc est bluffant car c'est rapide et transparent lorsqu'on roule. Le temps d'arrêt à un feu par exemple, c'est bluffant. Il n'y a qu'à la mise du contact qu'on voit la moto s'abaisser jusqu'à 3 cm pour permettre de facilement monter dessus. Ceux qui ont de courtes guiboles apprécieront grandement.
Quel que soit le mode sélectionné, cette Harley-Davidson est vive, toujours précise et agile malgré ce qu'on pouvait imaginer en la voyant. La référence est plutôt à chercher chez KTM que chez H-D. Une fois soulevée de sa béquille latérale (trop courte, trop droite et trop loin), cette Pan est maniable à faible allure, précise en courbe rapide et stable sur autoroute. C'est sur ce plan aussi une très belle surprise. On peut lui reprocher une certaine fermeté des suspensions Showa en mode route ou sport car c'est vrai que lorsque la route est très bosselée, on le sent. Mais on peut aussi rouler en mode Enduro pour plus de souplesse, des modes qu'on change en roulant. La précision des trajectoires reste parfaite et on gagne en souplesse sur les petites routes défoncées. La version standard n'a pas cette possibilité de réglage et reste assez ferme mais la tenue de route est tout aussi convaincante. Et le freinage ? Parfait aussi : puissant, fin et sans brutalité sur l'avant avec son montage radial, utile et efficace sur l'arrière. Harley signe un comportement très réussi pour sa Pan America 1250 quel que soit le rythme adopté.
Equipement riche et (presque) complet pour la Pan America Special
La Standard n'a pas tout l'équipement de la Special, et tous les équipements ne sont pas proposés. Par exemple, Harley ne propose la hauteur de conduite adaptative (660€) et les jantes à rayons (500€) que sur la Special en option. Le premier choix s'explique mais le second est surprenant. Les deux Pan America 1250 partagent de très nombreux équipements : la selle qui s'ajuste en deux hauteurs (dispo en plusieurs épaisseurs en option), l'écran TFT inclinable et tactile de 6,8 pouces avec les modes de conduite la navigation via l'application HD etc., le réglage du pare-brise sur 4 hauteurs, la prise USB C, les supports de valises, le contrôle de traction et l'ABS en virage, l'aide au démarrage en côte, éclairage full LED Daymaker, démarrage mains libres et régulateur de vitesse. La Standard est donc aussi très bien équipée.
Avec la Harley-Davidson Pan America 1250 Special, la barre est encore plus haute et la concurrence n'a qu'à bien se tenir face à cette américaine avec ce tarif très compétitif. Elle ajoute à la dotation les suspensions semi-actives, l'éclairage en courbe (placé au-dessus du phare), un amortisseur de direction, les poignées chauffantes avec des protège-mains, un sabot alu, une béquille centrale, le contrôle de la pression des pneus, le sabot moteur en aluminium et un truc qui compte pour ceux qui roulent debout en TT une pédale de frein ajustable. Que manque-t-il finalement ? Le shifter essentiellement à la conduite.
Tout cet équipement aussi riche soit-il n'est pas parfait. Il y a de petites choses qui chiffonnent avec par exemple la béquille latéral trop courte et trop droite, le réglage du pare-brise qui se fait d'une main mais pas vraiment sans forcer et enfin le tableau de bord TFT de bonne taille mais avec beaucoup d'informations écrites en tout petit, trop petit. La plupart d'entre elles sont difficiles à lire surtout lorsque le soleil s'en mêle. Il affiche l'autonomie mais pas la conso, sinon tout y est sur la Special, la Standard en affiche bien moins notamment pas la température ambiante. C'est dommage d'avoir autant d'espace inutilisé sur une si grande dalle TFT. Cela fait peu au final car globalement cette moto est très bien équipée et tout est fonctionnel.
L'aventure, le voyage ou tout simplement le quotidien
Avec cette Pan America 1250 Special, Harley-Davidson propose une machine très polyvalente. Jamais la marque n'avait proposé une moto à tout faire et en plus, elle le fait parfaitement. En ville, on apprécie son moteur souple en bas régimes, la maniabilité de la partie cycle et l'étroitesse du réservoir pour bien poser les pieds. Dès que le rythme s'accélère sur le réseau secondaire, on dispose d'une machine précise et vive entre les mains. Quel plaisir d'enchainer les virages à son guidon ! On peut regretter la fermeté des suspensions sur un très mauvais revêtement, mais dans l'ensemble, c'est vraiment efficace.
Les kilomètres défilent sans souci avec globalement un bon confort. La selle est épaisse, l'amortissement ferme mais correct et la protection du couple buste/tête réussie. Le pare-brise qui s'ajuste sur 4,5 cm protège bien mes 1,83 m sans turbulence et ne déforme pas la vision de la route en courbe. On voit au-dessus même bien penché. Si son réglage était plus simple, ce serait un sans faute. La navigation GPS passe par l'appli HD et le smartphone, comme tous les concurrents en fait. Harley ne fait pas mieux sauf sur l'utilisation qui est souvent plus simple, et ça c'est appréciable.
Une vraie bonne surprise est à mettre au crédit du roulage en tout-terrain ou sur piste roulante. Car à part quelques passages un peu plus rocailleux, on a surtout fait de la piste roulante. Ce n'est certes pas de l'enduro mais ça suffit pour constater la facilité de prise en mains sur ce genre de terrain. Beaucoup de concurrentes ne sont pas aussi faciles sans avoir un réel bagage technique. L'embonpoint de notre Pan America n'est que visuel, une fois sur les pistes, elle s'inscrit sans résistance sur la trajectoire souhaitée et la souplesse du mode enduro est parfaitement adaptée. Bien sûr ce n'est peut-être pas sur les pistes qu'on passera le plus de temps, mais en complément d'un très bon comportement routier, cette bonne tenue en tout-terrain est agréable. Harley-Davidson signe là la plus polyvalente de ses motos.
Bilan essai Harley-Davidson Pan America 1250 Special
Cette Harley-Davidson Pan America 1250 Special est une vraie belle surprise. On ne peut pas dire le contraire car pour leur premier trail, H-D signe une belle machine sur le plan dynamique avec un moteur souple en bas et vif en hauts régimes, une partie cycle précise et sécurisante en toutes circonstances, mais aussi un équipement très riche pour le tarif proposé actuellement. Il est vrai que la version Special est très bien équipée, mais la version Standard n'est pas dépourvue de tout pour autant. On peut regretter l'absence de shifter, la béquille latérale qui demande de l'attention, le réglage du pare-brise récalcitrant, la lisibilité du tableau de bord ou encore la sonorité au guidon, mais ce n'est finalement pas si grave parce qu'on s'y fait et que tout le reste est vraiment bien. Assez facile en ville, joueuse et efficace sur le réseau secondaire, agréable sur l'autoroute, la Pan America est à son aise partout avec un moteur qui se montre toujours présent, jamais trop ni trop peu et une tenue de route parfaite. Oui, oubliez tout ce que vous savez sur HD, c'est davantage l'esprit d'une KTM 1190 qu'on retrouve ici que celui d'une Buell Ulysses et on ne va pas s'en plaindre. Du tout ! Cette Harley file la banane à chaque rotation de la poignée, ne surprend jamais par ses réactions et elle sait être efficace sur la route comme sur les pistes. Pour un premier essai dans l'univers des trails, on peut affirmer que Harley l'a transformé. Son moteur s'appelle Revolution Max, mais c'est toute la moto qui est une révolution pour la marque américaine. La Pan mérite d'être étudiée de près pour l'achat de votre prochain gros trail, vraiment.
On aime bien
Moteur souple en bas et vif en haut
Partie cycle très pécise et maniable
Equipement riche surtout sur la Special
On aime moins
Lisibilité du tableau de bord TFT
Réglage du pare-brise pas si simple
Béquile latérale trop courte et droite
Notre avis
Quotidien
⭐⭐⭐⭐⭐
Voyage
⭐⭐⭐⭐⭐
Loisir
⭐⭐⭐⭐⭐
Sport
⭐⭐⭐
Duo
⭐⭐⭐⭐
On vous regarde
⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille
⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute
⭐⭐
Autres photos
Ecouter le son
Fiche technique Harley-Davidson Pan America 1250 Special
Marque
Harley-Davidson
Modèle
Pan America 1250
Cylindrée
1250 cm3
Cylindrée
76,3 ci
Année
2021
Tarif de
15990 €
Tarif à
16290 €
Conseillé au
20/04/2021
Moteur
Cylindres
2
Architecture
en V
Ouverture
60 °
Cycle
4 temps
Distribution
double arbre à cames
Soupapes par cylindre
4
Refroidissement
liquide
Cylindrée
1252 cm3
Alésage
105 mm
Course
72 mm
Rapport volumétrique
13,0 :1
Huile
4,5 L
Admission
injection
Allumage
électronique
Norme
Euro5
Démarreur
électrique
Electricité
Batterie
12 V
Batterie
12 Ah
Performances
Puissance
112 kW
Puissance
150 ch
Disponible à
8750 tr/min
Couple
128 Nm
Disponible à
6750 tr/min
Consommation
5,5 l / 100 km
CO2
129 g/km
Transmission
Embrayage
multi disques anti-dribble à bain d'huile
Transmission
boîte
Rapports
6
Réduction primaire
1,816
Démultiplication 1er
13,110
Démultiplication 2e
9,687
Démultiplication 3e
7,509
Démultiplication 4e
6,057
Démultiplication 5e
5,080
Démultiplication 6e
4,436
Secondaire
chaine
Réduction finale
2,526
Châssis
Cadre
treillis en acier
Bras oscillant
double
Jantes
bâtons
Suspension avant
Type
fourche inversée
Marque
Showa
Diamètre
47 mm
Réglages
précharge, détente, compression
Débattement
191 mm
Suspension arrière
Type
mono amortisseur
Réglages
précharge, détente, compression
Débattement
191 mm
Frein avant
Type
2 disques
Diamètre
320 mm
Etrier
radial
Marque
Brembo
Pistons
4
Frein arrière
Type
1 disque
Diamètre
280 mm
Etrier
flottant
Piston(s)
1
Pneu avant
Largeur
120 mm
Hauteur
70 mm
Diamètre
19 pouces
Pneu arrière
Largeur
170 mm
Hauteur
60 mm
Diamètre
17 pouces
Dimensions
Longueur
2265 mm
Largeur
965 mm
Hauteur
1510 mm
Empattement
1580 mm
Angle de chasse
25 °
Chasse
108 mm
Garde au sol
210 mm
Hauteur de selle
848 mm
Hauteur de selle max
874 mm
Poids
Avec ABS
245 kg
Conditions
ordre de marche
Maximal autorisé
455 kg
Capacité
Réservoir
21,2 L
Réserve
3,8 L
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.
Vidéo essai Harley-Davidson Pan America 1250 Special
Par Jean-Michel Lainé. Fondateur de Emoto et journaliste essayeur, passionné par la moto, l'auto et tout ce qui a un moteur en règle générale. J'ai commencé sur Internet en 1996 avant la presse écrite à partir de 2010, la télévision dès 2012 puis la radio en 2020.