Essai Aprilia Dorsoduro 1200
L'Aprilia Dorsoduro 1200 inaugure un bicylindre en L doté d'un couple ravageur et d'un système de contrôle de traction efficace
Reprenant le concept de gros supermotard initié par sa soeur 750, l'Aprilia Dorsoduro 1200 inaugure un prometteur bicylindre en L doté d'un couple ravageur et d'un système de contrôle de traction bigrement efficace. Dommage que la partie-cycle en retrait ne permette pas d'exploiter pleinement ce twin bourré de caractère. Avec la Dorsoduro 750, Aprilia signait en 2008 son arrivée sur le segment des gros supermotard, en espérant concurrencer les Ducati Hypermotard 1100 et autre KTM 990 Supermoto. Deux ans plus tard, la firme de Noale remet ça avec cette nouvelle déclinaison encore plus dévergondée. Si la ligne ressemble à s'y méprendre à celle de son aînée, la grosse Dorso affiche une cylindrée record pour la catégorie, et surtout une puissance maxi de 130ch en version libre, soit 35ch de plus qu'une HM Evo et 15ch de plus qu'une KTM. Autant dire qu'à première vue, l'Aprilia Dorsoduro 1200 a toutes les chances de s'attirer les faveurs des adeptes de la glisse et du gros couple.
Aprilia Dorsoduro 1200, tendance sportive
Pour arriver à ce résultat, Aprilia a pris le soin de développer un nouveau moteur à la mesure du challenge. Compact, le bloc de 1197cc est ouvert à 90° et accueille deux bielles montées sur le même maneton pour réduire son encombrement en largeur. Il opte pour une distribution classique (double ACT, 4 soupapes/cyl). L'alimentation est confiée à une injection électronique, dont les papillons sont actionnés électroniquement grâce au système Ride by Wire. Comme sur tous les nouveaux modèles Aprilia, ce dispositif autorise trois modes de conduite (pluie, tourisme ou sport), en ajustant la puissance et le régime moteur en fonction du choix du pilote. Enfin, la Dorsoduro 1200 peut recevoir en option (1200€) un package incluant l'anti-patinage ATC (ajustable sur 3 positions) et l'ABS (débrayable). Les performances de ce moteur (pas moins de 11,7mkg de couple à 7200tr/min) ont nécessité une refonte de la partie-cycle. Bien qu'il paraisse identique à celui de la 750 (association d'une structure tubulaire en acier avec des platines latérales en alu), le cadre a été redimensionné (épaisseur et diamètre des tubes). Il est associé à un bras-oscillant en alu, à des suspensions Sachs de gros calibre entièrement réglables et à un système de frein avant entièrement radial estampillé Brembo. Malgré sa ressemblance avec la petite soeur, la Dorsoduro 1200 se veut donc plus sophistiquée, notamment dans cette livrée ABS/ACT. Aprilia annonce d'ailleurs que 90% des pièces ont été revues.
Aprilia Dorsoduro 1200, pour les grands !
Malgré tout, l'air de famille est indiscutable à l'observation détaillée de la nouveauté. Avec son optique taillée en V, son habillage ciselé et ses deux silencieux en position haute, séparés par un feu à Leds pointant vers le ciel, la Dorsoduro 1200 est en tout point comparable à son aînée question design. La finition ne souffre globalement d'aucun accroc. En revanche, l'équipement ou la conception laissent parfois à désirer, à l'image de l'unique béquille latérale remontant à la verticale pas franchement pratique à l'usage, ou de l'absence de poignée passager (remplacée par une sangle) et de rangement sous la selle. Du côté du compteur, Aprilia a prévu tout ce qu'il faut pour ajuster les réglages électroniques (via le comodo gauche) en omettant pourtant l'essentiel : une jauge à essence ! En conclusion, l'attirail de la Dorso est de bonne facture, mais semble avant tout orienté vers le fun... Le constat est d'ailleurs criant une fois en selle. Malgré sa finesse, l'assise culmine à 870mm. Autant dire que l'Aprilia se destine aux grands gabarits. Seuls les pilotes de plus d'1,80m pourront poser les deux pieds à plat au sol. Le côté positif provient du relâchement des jambes une fois en selle. D'ailleurs, la position offerte par la Dorsoduro 1200 apparaît beaucoup moins radicale que ce que sa ligne musclée ne suggère. Le large guidon est assez haut perché et la selle bien creusée, si bien que le buste reste assez droit, les commandes tombant naturellement sous les mains.
Aprilia Dorsoduro 1200, du coeur et de la voix
Il ne faut pas attendre très longtemps pour voir se révéler le premier atout de l'Aprilia Dorsoduro 1200. Dès la mise en route du twin, le supermotard italien prend une autre dimension. La sonorité rugueuse du bicylindre vous plonge instantanément dans l'ambiance tandis que les légères vibrations perceptibles dans le guidon donnent le ton. Le bicylindre s'avère en effet très musclé. Coupleux dès les plus bas-régime, sans se montrer rétif en termes de souplesse, il envoie la sauce passé 5000tr/min et s'envole littéralement entre 6000 et 9000tr/min. Puissance et réactivité sont donc au rendez-vous pour coller au mieux à l'esprit supermotard. L'ATC de notre modèle d'essai n'est pas de trop pour contrôler la fougue de la Dorso. Très présent sur le mode 3, il s'efface sur les deux modes inférieurs pour n'intervenir qu'en cas de glisses à la réaccélération. L'action de l'anti-patinage est alors très discrète. Il intervient seulement pour remettre la roue arrière dans le droit chemin, sans pour autant couper l'élan du pilote. Comme sur la sportive, l'ATC est donc un vrai succès. Les plus joueurs pourront toujours le déconnecter pour s'offrir de belles séances de glisse. On regrette tout juste que la boîte de vitesse se montre parfois un peu capricieuse, notamment à bas-régimes sur les premiers rapports, ou lorsqu'il s'agit de chercher le point mort. Le Twin Aprilia n'en reste pas moins joueur. Capable de vous propulser d'un virage à l'autre avec une réactivité déconcertante, il assure à l'italienne une vitesse de pointe supérieure à 250km/h sur voie rapide. Ce court essai ne nous a malheureusement pas permis de relever avec fiabilité sa consommation, mais l'indicateur du compteur (conso instantanée et moyenne) affichait 8,4L/100km au terme de notre petit périple, mené à bon train !
Aprilia Dorsoduro 1200, même pas peur !
Si le moteur apparaît clairement comme un atout pour l'Aprilia, il n'en va pas de même de la partie-cycle. Les choses commençaient pourtant bien. Avec un rayon de braquage satisfaisant, un équilibre maîtrisé et un poids raisonnable (non communiqué pour le moment), la Dorsoduro 1200 se montre assez maniable à basse vitesse. En dehors de sa hauteur de selle et de son large guidon, rien ne vient perturber son comportement en ville. Les choses se gâtent pourtant une fois sur route. La fermeté du binôme selle/suspensions se traduit rapidement par un sentiment d'inconfort dès que le bitume se dégrade malgré un important débattement des suspensions. En second lieu, le comportement laisse à désirer lorsque le rythme augmente. Le train avant apparaît alors pataud et peu précis, tandis que les suspensions un peu désaccordées ne jouent pas en faveur de la rigueur. La moto se dandine beaucoup en entrée comme en sortie de courbe, tandis que les freinages trop appuyés sur l'angle sont sanctionnés par un verrouillage immédiat de la moto. Autant dire que la Dorsoduro exige un pilotage fluide et sans bavure. En cas d'approximation (virage qui se referme mal anticipé, mauvaise trajectoire, voiture élargissant en face...), les interventions sont sanctionnées par des réactions vives et pas toujours facilement contrôlables. Sur voie rapide, l'Aprilia Dorsoduro a même tendance à louvoyer passé 200km/h, ce qui ne met pas franchement en confiance (la protection limitée n'invite pas à prolonger l'exercice de toute façon...). Ceci est d'autant plus regrettable que le frein avant offre un excellent feeling, et surtout un système ABS très efficace qui, même activé, autorise une conduite vraiment fun (stoppies, freinages très appuyés...), et qui peut être déconnecté en cas de besoin.
Bilan essai Aprilia Dorsoduro 1200
Au terme de cet essai, le bilan est plutôt mitigé pour l'Aprilia Dorsoduro 1200. D'un côté, son moteur bourré de caractère et sa ligne tranchante en font un supermot' très joueur. De l'autre, sa partie-cycle semble un peu trop légère pour assumer pleinement ce statut sportif. Dans le même temps, le confort très sommaire ne joue pas non plus en faveur de la polyvalence. Au final, le positionnement de la Dorsoduro 1200 n'est donc pas très clair. Moins efficace et radicale que la Ducati Hypermotard 1100 Evo, moins polyvalente et rigoureuse que la KTM 990 Supermoto, l'italienne manque à première vue d'homogénéité pour convaincre. Un gros travail sur le setting des suspensions pourrait éventuellement permettre de rectifier le tir. Malheureusement, cette prise de contact assez brève ne nous a pas laissé le temps d'en juger. Quoi qu'il en soit, le salut de l'Aprilia pourrait tout de même venir de son package optionnel inédit mêlant ATC et ABS, deux technologies parfaitement maîtrisées et particulièrement légitimes sur ce type de moto. Disponible en deux coloris (noir ou blanc) et affichée à 11690€ en version standard et 12890€ en livrée ATC/ABS, l'Aprilia Dorsoduro 1200 se positionne dans la moyenne de la catégorie question finance. On retiendra également que le nouveau moteur bicylindre 1200 qu'elle inaugure est une pure réussite pour la firme de Noale. Compact, joueur et efficace, ce twin est d'autant plus important qu'il pourrait équiper à terme plusieurs nouveautés chez Aprilia, dont une très attendue version 1200 de la Shiver.
On aime bien
- V2 explosif
- Option ATC/ABC
- Look sympa
On aime moins
- Selle/suspensions fermes
- Rigueur parte-cycle
- Hauteur de selle élevée
Notre avis
Quotidien | ⭐⭐⭐ |
Voyage | ⭐ |
Loisir | ⭐⭐⭐ |
Sport | ⭐⭐⭐ |
Duo | ⭐ |
On vous regarde | ⭐⭐⭐⭐ |
On la détaille | ⭐⭐⭐ |
On l'écoute | ⭐⭐⭐⭐ |
Photos essai Aprilia Dorsoduro 1200
Ecouter le son
Fiche technique Aprilia Dorsoduro 1200
Tarif (novembre 2010) | 12 890 |
Garantie | 2 ans |
Moteur | 4-temps, bicylindre en V à 90° |
Cylindrée | 1197cm3 |
Distribution | 2 ACT, 4 soupapes/cyl |
Refroidssement | Liquide |
Alimentation | Injection électronique, trois cartographies |
Lubrification | Carter humide |
Embrayge | Embrayage multidisque en bain d'huile |
Transmission | Boîte 6 rapports, transmission finale par chaîne (16x40) |
Puissance | 130ch à 8700tr/min (VF 106ch) |
Couple | 11,7mkg à 7200tr/min |
Assistance électronique | Anti-patinage et ABS en option |
Cadre | Cadre tubulaire en acier + platines alu, bras oscillant en alu |
Suspension avant | Fourche inversée Sachs de 43mm, deb 160mm, triple réglage |
Suspension arr | Monoamortisseur Sachs, deb 155mm, triple réglage |
Frein avant | Double disque 320mm, étriers Brembo 4 pistons opposés à montage radial + maître-cylindre radial |
Frein arrière | Simple disque 240mm, étrier simple piston |
Pneu avant | 120/70x17 |
Pneu arrière | 180/55x17 |
Empattement | 1528mm |
Hauteur de selle | 870mm |
Poids (constructeur) | n.c |
Réservoir/Conso | 17L / n.m |
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.