Essai Voxan Black Magic
La Black Magic, c'est d'abord une gueule. Une gueule comme on n'en voit plus depuis belle lurette dans la production actuelle
La Black Magic, c'est d'abord une gueule. Une gueule comme on n'en voit plus depuis belle lurette dans la production actuelle, une machine qui donne envie de rouler rien qu'en photo, une machine qui promet d'intenses moments de pilotage avant même de s'en approcher, une machine qui fait tourner les têtes et ravive la passion de celui qui l'avait mise de coté un temps... Trève de bavardage, elle nous attend, en route !
Moteur et boîte
De toute évidence, le bicylindre en V n'aime pas trop les bas régimes. Il nous le rappelle dès qu'on descend en dessous de 3000tr/min. Peu importe, nous l'utiliserons autour (et au dessus) des 6000tr/min, là où toute sa vivacité s'exprime.
La zone rouge fixée à 9500tr/min s'atteint très rapidement mais il est inutile d'aller jusque là. Ce moteur plein de caractère marche fort, les accélérations sont très vives et les vitesses atteintes inavouables même lorsque la route tournicote : il est facile de bondir d'un virage à l'autre d'une simple rotation du poignet droit.
Avec sa sonorité digne des machines de Superbike avec seulement 95db à 4000tr/min , le concert à son guidon est omniprésent dès que l'on touche à la poignée des gaz. Ajouter à son style unique, nous voilà plongés dans l'ambiance des grands prix d'antan mais avec des performances qui, elles sont bien du présent !
La boîte de vitesse s'est montrée rapide et précise, les rapports se passent en un clin d'oeil à la volée si besoin, de quoi garantir des accélérations intéressantes en sortie de courbe et des descentes de rapports très "sports" en y entrant : le petit coup de gaz est fortement recommandé !
Fourche et suspension
La machine particulièrement rigide est secondée par une fourche et une suspension de qualité qui avale tout ce qui se présente sans broncher : on roule sur du billard.
Ces éléments sont entièrement réglables si vous souhaitez ajuster tout ceci selon votre pilotage ou les routes abordées.
Sur les portions rapides ou dans les virages serrés, peu de revêtements seront l'occasion de perdre confiance : la machine tient bien, c'est très sécurisant, à tel point qu'on oublie presque de faire attention à l'endroit où on pose ses roues.
On y reviendra, mais outre l'efficacité, cela participe également au confort.
Freinage
L'attaque à l'avant est souple et permet au frein d'être attrapé avec conviction et sans crainte tout en assurant un très bon freinage dans des situations d'urgence ou lors d'une conduite plus sportive.
L'arrière est lui aussi très efficace et surtout, vraiment facile à utiliser. Il permettra d'asseoir la Black Magic si le besoin s'en fait sentir, ou simplement de ralentir un petit peu pour préparer l'entrée d'un virage sans visibilité par exemple.
Duo
Non, cette machine ne se partage pas : il n'y a qu'une place. Il faut avouer que l'expérience de conduite de cette Black Magic donne de toutes les façons l'envie de devenir égoïste et de garder ces instants magiques pour soi.
Confort
Bonne surprise, cette machine est confortable ! D'accord, elle ne l'est pas vraiment à allure réduite, et encore moins en ville surtout que le moteur et les échappements chauffent sans cesse les jambes et le buste du pilote.
En revanche, dès que le rythme augmente, tout se fait oublier : bien calé au fond de la selle qui offre un bon accueil même sur les longs trajets, le vent nous porte suffisamment et nous évite d'être trop en appui sur les poignets sans nous offrir de turbulences pour autant.
La position sportive nous fait plonger "dans" la route sans la subir dès qu'on roule à un rythme suffisant, les suspensions se chargeant d'avaler toutes les imperfections du bitume !
On apprécie les platines de repose-pieds qui permettront d'ajuster la position des jambes pour les plus pointilleux, car cette machine toute petite se résume à l'essentiel : une fois en selle avec les commandes bien réglées, plus rien ne dépasse.
Etre assis sur un moteur explosif et une machine minimaliste apporte son lot de contrainte : selle monoplace, pas de place sous la selle, rayon de braquage faible et chauffage assuré à l'arrêt. Mais cela apporte aussi son lot d'efficacité : la Black Magic est parfaitement maintenue entre les cuisses, on est bien en appui sur les poignets pour bien entrer dans les virages, la stabilité et la maniabilité restent très bonnes, même à un bon rythme.
Au tableau de bord éclairé en bleu la nuit, on trouve l'essentiel des voyants nécessaires. Concession à l'électronique moderne, il y a également une montre et deux trips partiels.
Roulage
La petitesse de la Voxan met encore plus en avant cette ligne qui fait son identité : au guidon, le grand réservoir en aluminium semble être la seule chose qui nous sépare de la route. On imagine les deux échappements sous ses fesses qui ne cessent de chanter pendant toute la balade.
Bien au fond de la selle, appuyé sur le guidon et les repose-pieds, le paysage défile à bonne allure : grandes courbes, petits enchaînements de virages, longs bouts droits, bosses et revêtement douteux, tout y passe ! Changer de trajectoire en courbe, reprendre vivement en sortie de virage, freiner fort en y entrant, monter les rapports en un temps record, tout devient ludique et ce n'est pas la faible consommation de cette machine (7 litres aux 100 kilomètres en conduite variée) qui limitera le plaisir de son pilote !
Les kilomètres sont avalés avec un excellent confort de conduite contrairement à ce qu'on aurait pu penser en la voyant en photo. On se prend à sortir la carte à la recherche de routes toujours plus sympas, à éviter tout ce qui ressemble de près ou de loin à une agglomération pour maintenir le rythme, ce rythme qui fait qu'on n'a plus envie de descendre de cette Black Magic.
Chaque virage ou changement de rapport est l'occasion de profiter du peps de ce moteur et de la mélodie qui s'en échappe, la position et le dessin de la Voxan font le reste. Quand enfin on se décide à faire une pose pour se restaurer, les curieux ne manquent pas. Il faut reconnaître qu'on ne croise pas cette machine à tous les coins de rue !
Bilan essai Voxan Black Magic
La Black Magic, c'est une machine 100% passion. Ne cherchez pas le moindre coté pratique dans cette moto, il n'y en a pas, tout est sacrifié sur l'autel du plaisir des yeux et de l'efficacité du pilotage pour notre plus grand bonheur.
Cette Voxan est typiquement une machine que l'on sort pour tout oublier, pour se servir une grosse rasade de bonheur jusqu'à plus soif à grands coups de gaz façon SBK !
Le moteur, le cadre rigide, les suspensions qui avalent tout, le freinage, le coup de crayon façon "Café Racer", tout est là pour le plaisir de rouler, le reste ne compte plus l'espace d'une balade... Difficile d'en descendre et de se résigner à la rendre...
Prix public conseillé : 15000€ (août 2005).