Essai Triumph Street Triple
Pour ce roadster "mid size", Triumph greffe le moteur qui avait trouvé sa place l'année dernière dans la Daytona 675
Le créneau des roadsters de moyenne cylindrée est bien fourni en France et les amateurs nombreux. Triumph avait fait une première incursion sur ce créneau en déclinant l'esprit de la Speed Triple dans la Speed Four, un quatre cylindres qui avait fait couler beaucoup d'encre dans les rangs des fans de la marque anglaise sans pour autant convaincre ceux du pays du soleil levant.
Pour ce nouveau départ, Triumph greffe le moteur qui avait trouvé sa place l'année dernière dans la Daytona 675. Ce bloc trois cylindres de 675cm3 adapté à un usage typé roadster est annoncé pour 69Nm à 9100tr/min et 108cv à 11700tr/min, autant dire que de ce coté de la Manche, on ne sera privé de rien ! Avec son injection multipoint séquentielle et son admission d'air forcée, on retrouve des points clés de la sportive qui avait devancé cette Street Triple.
Les premiers ronrons du moteur donnent le ton avant même de passer le premier rapport. La voix émise par le double échappement est reconnaissable entre mille (91db à 5850tr/min), les réponses aux petits coups d'accélérateur sont instantanées, la moto courte et trapue se prend en main avec aisance et un oeil sur la zone rouge perchée à 13000 tours finira de nous plonger dans l'ambiance.
Les premiers mètres parcourus confirment tout de suite ce que dégageait la machine posée sur sa béquille latérale. La réponse est vive, les rapports s'enchaînent avec facilité d'un petit mouvement du pied et les bruits d'admission lorsqu'on tourne la poignée, transforment immédiatement le conducteur en pilote.
Le tour de force de ce moteur est aussi d'être capable de reprendre dès 3000 tours avec une vigueur inconnue dans la catégorie - et même sur la Daytona, et de pousser jusqu'à la zone rouge sans faiblir. Comme sur la Daytona, on note un palier qui est bien entendu moins marqué que sur un quatre cylindres et qui, dans le cas de la Street Triple, se situe plus bas vers 6000tr/min. Tout en haut, on retrouve tout le caractère explosif d'une véritable sportive avec un moteur qui tracte fort en hurlant.
Rester au-delà des 9500tr/min permet d'adopter un rythme des plus sportifs. Comme sur la Speed Triple, des LED bleues sur le coté du compte-tours annoncent un passage de rapport imminent et optimal. Les yeux sont d'ailleurs accaparés par le compte-tours parfaitement lisible contrairement à la vitesse un peu petite. De virages en virages, on améliore ses passages de rapports, on les tire jusqu'au bout en profitant de la sonorité combinée de l'admission et de l'échappement.
En dessous des 6000tr/min, on roule avec facilité sans avoir besoin de tomber un rapport, pour un petit dépassement par exemple. La plage d'utilisation du moteur anglais est très large et devient un allié en milieu urbain même s'il dégage un peu de chaleur. Une fois l'encombrement des villes oublié, le rythme imprimé par la Street Triple est d'autant plus diabolique qu'il ne nécessite quasiment pas d'effort. On se "laisse aller" en se contentant de soigner ses placements en courbe, juste pour le plaisir.
La position un peu en arrière des repose-pieds incite naturellement à appuyer dessus et à utiliser efficacement le guidon droit sans pour autant être en appui sur les poignets. Si la trajectoire choisie n'est pas la meilleure, la légèreté et la maniabilité de la machine permettent d'en changer instantanément. Cerise sur le gâteau de l'efficacité, si par malheur le régime moteur descend trop bas dans un virage, on reprend sans difficulté et sans avoir besoin de tomber un rapport.
Le dynamisme du moteur est secondé par une boite de vitesse rapide et précise où les rapports sont changés d'un petit mouvement du pied sans nécessairement utiliser l'embrayage pour gagner encore en rapidité.
La partie cycle est rigoureuse et même si les plus observateurs noteront que la fourche inversée et l'amortisseur Kayaba ne sont pas réglables, cela ne nuit absolument pas à la tenue de route de la Triumph sans doute aidée par les 167kg (seulement !) annoncés de la machine. Tant que le bitume est correct, les grandes courbes, les changements d'angles vifs ou les freinages appuyés ne l'effraient pas.
La Street Triple est équipée à l'avant d'un double disque flottant de 308mm pincé par un étrier Nissin à 2 pistons et à l'arrière, d'un disque classique de 220mm avec un étrier simple piston. Si l'arrière n'est pas des plus puissants, il suffira largement d'autant que la conduite très sportive engendrée par la Street Triple réclame un usage intensif du frein avant pour contenir tout l'enthousiasme du pilote. En complément d'une excellente puissance, le freinage avant possède une attaque très franche comme seules les sportives l'offrent en général. Le levier est réglable en plusieurs positions pour les petits doigts.
Certes le coté dynamique ne fait pas tout, et même si la Street Triple peut se targuer de ne finalement pas avoir tellement de concurrence dans le créneau des roadsters sportifs de moyenne cylindrée tant ses performances sont au-dessus du lot, il reste le coté pratique et le confort.
Sur le point du confort, celui du pilote n'est pas mauvais en dehors de la protection comme sur toutes ces machines. Le petit saute-vent en option limite le vent aux vitesses légales. Le passager a à sa disposition une selle un peu fine et des repose-pieds sans doute un peu haut. Au catalogue des accessoires, une poignée est disponible pour ceux qui voyagent en duo de façon régulière. Remarque importante, la selle à 800mm facilite l'accès à tous.
Le coté pratique est mis en retrait en dehors du beau tableau de bord sur fond blanc qui donne une multitude d'informations, comme la vitesse moyenne ou maximale, le temps au tour pour les amateurs de spéciales, la consommation moyenne qui avoisine sans difficulté les 7 litres aux cents ou encore l'indicateur de rapport engagé. Tout ceci est parfaitement lisible et se manipule à l'aide de trois boutons en bas du tableau de bord.
Mais ce qui devrait faire craquer ceux qui hésitent en dehors du design unique que l'on voit sur les photos, c'est sans doute un caractère moteur et des qualités dynamiques inconnus jusque là sur les roadsters de moyenne cylindrée aussi sportifs soient-ils...
Triumph place la barre très haut dans ce segment. On peut même avancer que cette machine devrait faire de l'oeil à ceux qui lorgnent des motos de plus fortes cylindrées. Force est de constater qu'avec un trois cylindres aussi disponible et une maniabilité de chaque instant, on se retrouve facilement à se demander pourquoi vouloir plus de cylindrée au risque de gagner en poids et donc de perdre en maniabilité.
Bilan essai Triumph Street Triple
La Street Triple s'affirme comme un gros jouet, une bête à sensations avec une facilité et une efficacité qui font vite l'unanimité. En effet, inutile d'être un pilote chevronné pour se sentir aidé
par la machine à l'approche des virages, mais attention ce n'est pas pour autant qu'un pilote expérimenté en trouvera facilement les limites, la Street a un potentiel qui ne demande qu'à être exploité ! Avec ses éléments simples mais efficaces, un moteur incisif et une jolie finition, elle se place au final à un tarif très compétitif de 7590€. Le saute-vent présenté est disponible à 249€, la poignée passager à 139€ et pour l'habiller en roulant seul, le capot de selle est facturé 189€.
La petite soeur de la célèbre Speed Triple devait se faire un nom, marquer son appartenance à l'esprit Speed
sans pour autant rester dans son ombre, elle prend finalement son indépendance en se faisant un prénom, la Street
sera certainement un des Best Seller de la rentrée en Jet Black (noir), Fusion White (blanc) ou Roulette Green (vert). Un kit 34cv est disponible au tarif de 45€.