Essai Moto-Guzzi California 1400

Essai Moto-Guzzi California 1400

Par Jean-Michel Lainé le .

Moto Guzzi revoit de fond en combles son Tourer. La California ne se contente pas de voir sa cylindrée revue à la hausse, tout change sur cette machine : le moteur, la boîte, le freinage, le cardan, l'équipement de sécurité et bien entendu sa ligne !

En 1970, Moto Guzzi remporta un appel d'offre de la police de Los Angeles avec une V7 Police. Un an plus tard, la California était lancée en production en 750 cm3 avant de passer au fil des sept générations à 850, 1000 et 1100. C'est maintenant un bicylindre de 1400 cm3, le plus gros V-Twin fabriqué par la marque, qui prend place dans non pas une mais deux nouvelles California, cette Touring et la future Custom début 2013 qui sera notamment allégée des valises et du pare-brise qui équipent la première. Cette machine emblématique de la firme de Mandello del Lario se voit renouvelée en profondeur pour attaquer l'année 2013. Moto Guzzi lance une California 1400 qui n'a techniquement plus rien de commun avec l'ancienne en dehors de son patronyme alors qu'esthétiquement, la nouvelle  Calif  1400 mélange avec succès un style vintage et un design moderne pour un tout nouvel agrément de conduite.

Esthétiquement, la nouvelle California n'a donc plus rien de commun avec ses devancières. Son style est totalement modernisé. Qu'on prenne comme référence les customs ou d'autres catégories de machines, notre Calif apporte de nouvelles idées en terme de design. L'imposant phare accompagné de deux projecteurs latéraux, inclus pour la première fois des feux de jours à LED. Le tout est surmonté d'un pare-brise de bonne taille devant un tableau de bord numérique niché au coeur d'un grand compte-tours tout rond. L'afficheur donne accès à toutes les informations et réglages possibles comme la consommation moyenne, l'heure, la jauge de carburant, la température ambiante, le niveau d'intervention du contrôle de traction (3 niveaux + off) ou bien encore les 3 modes de conduite Tourisme, Sport ou Pluie. Il manque sans doute l'autonomie restante pour cette machine Touring. La sélection de l'affichage se fait depuis le bouton  mode  au guidon gauche, le droit permet d'activer le régulateur de vitesse et de changer de mode en appuyant sur le bouton du démarreur. Le large réservoir de 20.5 litres est surligné par des liserés jusqu'à l'incontournable selle bi-ton et sa grande poignée passager chromée à la préemption aisée. La poupe qui surplombe un imposant pneu de 200, a un dessin presque allégé grâce aux feux et clignotants à LED disposés verticalement. De part et d'autre, deux valises de grande contenance (35 litres) sont présentes de série. Leur ouverture est toutefois trop étroite pour y ranger un casque Jet. L'ensemble est souligné par les longs échappements chromés de chaque côté de la machine. On note, custom oblige, le sélecteur à double branche et sous les repose-pieds plateaux, des tampons en plastique qui éviteront d'user le repose-pied si on vient à flirter avec le bitume dans les virages. Enfin on remarque inévitablement les étriers avant radiaux signés Brembo et les deux disques de 320 mm comme sur une machine sportive !

Au centre de tout ceci, trône fièrement l'incontournable V-Twin Quattrovalvole transversal de 1400 cm3. Pour atteindre cette cylindrée, la course qui a été augmentée. L'alésage est identique au précédent bloc. Ainsi body-buildé, il annonce 120 Nm de couple à 2750 tr/min et 96 chevaux à 6500 tr/min . Il est dorénavant couplé à une boîte à 6 rapports et non plus 5 comme sur la précédente génération. Le cardan a également été modifié pour encaisser les surplus de performances et être plus discret à l'usage. Le plus surprenant à la mise en route est la disparition du couple de renversement si caractéristique des Moto Guzzi grâce à une isolation du moteur dans le cadre tubulaire par un système élastique. Les fans seront sans doute déçus mais les néophytes rassurés. Les vibrations à faible allure sont par contre bien là surtout en-dessous des 2500 tr/min qui marque un palier assez net. Au-delà, le moteur monte aisément dans les tours jusqu'à environ 6000 tr/min pour offrir de belles reprises et suffisamment d'allonge pour éviter de trop avoir à solliciter la boîte qui se manie pour sa part sans souci. La route défile vite, bien et sans effort : l'assise est naturelle et confortable, le moteur volontaire et la maniabilité au rendez-vous grâce à un train avant facile à placer. La machine se bascule d'un angle à l'autre sans trop de résistance malgré ses 322 kg sur la balance. L'empattement qui a pris 12.5 cm pour atteindre 168.5 cm apporte une certaine stabilité en courbe rapide. Nous n'avons malheureusement pas roulé sur autoroute pour confirmer ceci à haute vitesse. Du coup, la garde au sol pourtant très correcte dans la catégorie s'avère limitée. Les tampons en plastique sous les repose-pieds touchent rapidement et ne laissent que peu de marge avant que le support ne le fasse à son tour, support qui pour sa part n'est pas mobile et donc relève la moto.

L'amortissement s'est avéré agréable sur les routes empruntées et le freinage équipé de l'ABS particulièrement convaincant en efficacité comme en ressenti à l'avant grâce aux nouveaux étriers radiaux. Il faut noter que la California 1400 n'est plus équipée du freinage intégral de ses aïeules. Les deux freins sont maintenant séparés. Le frein arrière qui manque de mordant pour un custom oblige à changer ses habitudes pour cruiser et freiner efficacement en sollicitant bien davantage l'avant. C'est un reflex à prendre. Les trois modes de conduite qu'on sélectionne depuis le guidon droit même en roulant à condition de relâcher la poignée, changent assez nettement la réponse du moteur, à l'ouverture comme à la fermeture des gaz. Le mode Fast (Veloce) permet d'accélérer plus vivement et d'avoir plus de frein moteur lorsqu'on relâche la poignée. Le Touring (Turismo) est plus onctueux surtout lorsqu'on coupe les gaz avec une plus grande inertie qui permet de maintenir une allure régulière pour profiter de la balade et ne pas malmener l'équipage. En dehors du freinage qui oblige à utiliser l'avant, on retrouve au guidon de cette California tout l'agrément d'un Tourer et une certaine vivacité à la conduite pour voyager sereinement et à bonne allure si on le souhaite.

Bilan essai Moto-Guzzi California 1400
Bilan essai Moto-Guzzi California 1400

Bilan essai Moto-Guzzi California 1400

La California aurait pu évoluer en douceur en se contentant d'adopter le moteur 1200 8V comme le reste de la gamme. Il n'en est rien puisque que si les technologies sont partagées, le V-Twin de la Calif augmente sa course pour atteindre la cylindrée de 1400 cm3. Vif et coupleux, le nouveau bloc s'avère agréable à la conduite en offrant de bonnes reprises et une certaine allonge pour cruiser comme bon nous semble sans trop devoir manipuler la boîte pour maintenir une allure régulière. Il faudra toutefois veiller à ne pas descendre sous les 2500 tr/min où il cogne un peu et éviter de trop rester dans les tours pour tenter de réduire sa consommation. D'ailleurs à cet effet, Moto Guzzi lui a greffé une boîte à 6 rapports avec une sixième  Overdrive  pour l'autoroute, voie que nous n'avons malheureusement pas testée. Sur le réseau secondaire et avec un peu de ville, la consommation affichée au tableau de bord oscillait entre 9.5 et 10.5 litres aux 100 km ce qui fait une faible autonomie pour un Tourer de 200 kilomètres avec le réservoir de 20.5 litres.

En dehors de ce point et des grandes valises qui n'accueillent pas un casque Jet, mais aucun Tourer ou presque ne le fait de toutes les façons, cette Moto Guzzi California 1400 s'avère particulièrement convaincante pour plusieurs raisons. Esthétiquement, la finition est soignée et ses lignes se distinguent totalement de ce qui se fait dans la catégorie sans sombrer dans la nostalgie pour autant : un parfait équilibre d'ancien et de moderne qui ravira l'oeil des esthètes. A la conduite, on apprécie également la facilité de cette machine pour se placer en courbe, passer d'un virage à l'autre et freiner fort avec un frein avant efficace. Dommage du coup que la garde au sol ne soit pas un peu plus importante même si elle n'est pas ridicule pour un Custom. Quoi qu'il en soit, les fans de la marque seront sans doute surpris par les nombreuses évolutions de cette California 2013, mais force est de constater que ce Tourer figure sans doute parmi les plus agréables et faciles à la conduite. Si seul la contenance des valises vous gêne, un Top Case de 50 litres est disponible parmi les nombreuses options à 399 euros. Cette California 1400 arrive fin novembre au tarif de 19350 euros, sa soeur Custom le sera à 17000 euros au premier trimestre 2013.

On aime bien

  • Confort et facilité de conduite
  • Quantité et qualité des équipements
  • Les deux leviers réglables

On aime moins

  • Grandes valises trop petites pour un casque
  • Disparition du freinage intégral
  • Consommation élevée

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐
Sport
Duo⭐⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐

Photos essai Moto-Guzzi California 1400

Ecouter le son

Fiche technique Moto-Guzzi California 1400

Tarif (novembre 2012)19350€
Puissance96 chevaux à 6500 tr/min
Couple120 Nm à 2750 tr/min
Frein avantDouble disque flottant 320 mm, étriers radiaux 4 pistons
Frein arrièreSimple disque 282 mm, étrier Brembo 2 pistons
Hauteur de selle740 mm (720 en option)
Poids (constructeur)337 kg en ordre de marche
Réservoir/Conso20.5 L / 10 L aux 100km

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

Vidéo essai Moto-Guzzi California 1400

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