Essai Honda VFR 1200 F DCT

Essai Honda VFR 1200 F DCT

Par Jean-Michel Lainé le .

Honda révolutionne le deux-roues avec une boîte automatique à double embrayage confortable, sportive et convaincante sur la VFR

La Honda VFR1200F est d'abord arrivée avec une transmission classique, c'est-à-dire avec un embrayage à la main et un sélecteur au pied pour changer de rapports. Cette boîte mécanique est maintenant complétée d'une boîte automatique avec un double embrayage proposée sur la VFR1200F DCT. Si l'usage est proche de ce qui se fait dans l'automobile dans ce domaine, la conception est très différente pour des raisons d'encombrement, d'équilibrage des masses, de poids et de sensation de conduite. Ce système DCT (Dual Cluth Transmission) est composé de deux embrayages comme son nom l'indique. Il y en a un pour passer les rapports impairs et un pour passer les rapports pairs. Comme dans une boîte classique, un embrayage actionne un axe, il y donc deux axes. Contrairement à ce qui existe dans l'automobile, les deux axes sont concentriques et non parallèles sur cette Honda VFR 1200. Cette géométrie permet de conserver la conception classique de la boîte de vitesses de la VFR1200 et de ne pas toucher non plus à sa motorisation. Outre l'encombrement réduit et la masse contenue, ce choix technologique permet de limiter le nombre de pièces propres à la VFR 1200 F DCT par rapport à la VFR standard pour réduire les coûts à l'achat comme à l'entretien.

En dehors des entrailles de la boîte de vitesses et du double embrayage, à première vue peu de choses distinguent une VFR 1200 normale d'une VFR 1200 à double embrayage. Sur le côté gauche, on note l'absence de levier d'embrayage et de sélecteur ainsi que l'ajout d'un étrier de frein de parking sur le disque arrière et d'une gâchette sur le comodo. A droite, le comodo est spécifique ainsi que le carter d'embrayage où on peut voir le système de commande hydraulique. Le circuit utilise l'huile moteur avec un filtre et ne nécessite donc pas de vidange spécifique. Trois modes d'utilisations sont proposés : un manuel pour sélectionner soi-même le rapport souhaité, et deux automatiques dont un Sport. On passe d'un mode à l'autre avec les deux boutons spécifiques à droite, un à l'index pour alterner les modes manuel et automatique, et un au pouce pour passer du mode D (Drive) au mode Sport et inversement, ou se mettre au point mort (Neutre) à l'arrêt. A gauche, la gâchette permet de monter ou descendre les rapports un à un avec l'index (pour les monter) et le pouce (pour les descendre). Enfin, au tableau de bord, l'afficheur digital indique si on est en D (automatique) ou S (automatique Sport) en complément de l'indicateur de rapport engagé. Si rien n'apparaît, c'est qu'on est en mode manuel. Voilà pour les présentations générales, alors comment ça marche ?

Comme avec une transmission classique, on met le moteur en route au point mort : le témoin N est allumé. Avec le pouce droit, on presse le bouton pour passer en D. A la place d'une action sur le levier d'embrayage et le sélecteur, c'est un moteur qui déclenche l'action et le circuit hydraulique qui actionne l'embrayage qui commande le premier rapport (rapport impair, en rouge sur le schéma). A partir de ce moment là, un 1 et un D sont affichés sur le tableau de bord et la VFR se met en route dès la rotation de la poignée. Contrairement à une transmission de type CVT (sur les scooters par exemple), le moteur n'a pas besoin de prendre des tours pour que la transmission se fasse. On peut rouler sur un filet de gaz sans souci, c'est d'ailleurs très facilement dosable. Une fois en route sur le premier rapport, contrairement à ce qui se fait dans l'automobile, le deuxième rapport n'est pas engagé par avance. Ce n'est que lorsque l'électronique détectera que le changement de vitesse va se faire que le circuit hydraulique actionnera le second embrayage pour engager le deuxième rapport à l'avance (rapport pair, en bleu sur le schéma). On peut passer des modes automatiques au mode manuel en roulant quand on le souhaite. Lorsqu'on revient en mode automatique, on retrouve le mode qu'on avait quitté, D ou S.

En D (automatique Drive), le comportement est très proche de ce qui se fait sur une voiture : les rapports sont enchaînés très rapidement. La 2ème est engagée dès les premiers tours de roue, on est par exemple en 4ème à 45km/h et en 6ème vers 60km/h. Sans aucun doute, ceci est très pertinent pour les économies de carburant et la réduction de la pollution, mais on a la sensation de rouler en sous régime avec très peu de reprise et des mi régimes difficiles à atteindre même en tournant la poignée franchement. Sur les deux ou trois premiers rapports (cela dépend de la conduite), les bruits mécaniques sont présents comme sur une boîte traditionnelle et les changements de rapports sont nettement perceptibles. La machine reste imperturbable et son assiette ne change pas d'un iota. On est toutefois à moins de 40km/h. Dès qu'on roule un peu plus vite, le mode D est très souple et reste dans la première partie du compte-tours lors de l'accélération comme de la décélération. S'il le mode D monte très rapidement les rapports, il ne les redescend pas aussi vite et le frein moteur est réduit. Le mode D est à réserver pour une conduite très coulée ou en ville par exemple, c'est doux et même si les changements de rapports peuvent surprendre par rapport à ce qu'on aurait fait avec une boîte méca, cela reste très discret exception faire des bruits mécaniques.

On peut aussi opter pour le mode S, le mode Sport vraiment très différent du mode D et surtout bien plus proche d'une conduite avec une boîte méca. En S (automatique Sport), on retrouve un comportement plus proche d'une moto. Les montées en régime sont bien plus vives, les rapports peuvent être tirés lors d'une conduite sportive et la VFR rétrograde plus facilement lorsqu'on freine ou qu'on souhaite accélérer franchement pour doubler par exemple. Le DCT n'empêche pas la VFR 1200 de patiner lors de fortes accélérations surtout lorsqu'on a passé la barre des mi régimes (~4500tr/min). Si vous voulez faire un burn, ce n'est pas un problème... En revanche, les rétrogradages sont idéaux, il n'y a aucune amorce de blocage même s'il n'y a plus d'anti drible avec cette transmission à double embrayage. Les mauvaises conditions climatiques (8°C et pluie) auront permis de constater qu'en dehors des deux premiers rapports, les changements de rapports sont peu perceptibles lorsqu'on roule à une allure normale ou même rapide. Seul un coup d'oeil sur l'indicateur de rapport engagé donnera l'indication. Rapidement, on ne pense plus à ce double embrayage ni au mode automatique pour voyager. Lorsqu'on roule à deux, on gagne certainement en confort puisque l'assiette de la machine ne change quasiment pas lors d'un changement de rapport, fini les coups de casque !

Il n'empêche que dans le relief même en mode S, on peut avoir besoin de forcer un rapport pour avoir plus de frein moteur, un gain de puissance ou tout simplement pour une conduite plus sportive. Dans ce cas, soit on utilise le bouton de droite pour passer en mode M (manuel) soit on sollicite la gâchette à gauche avec l'index pour monter un rapport ou le pouce pour en descendre un : le mode manuel s'enclenche. A noter qu'il est impossible de tout faire avec l'index comme sur la FJR AS. Par contre, le système ne revient pas seul au mode automatique qu'on a quitté, il faudra forcément utiliser le bouton à l'index droit, même le bouton au pouce droit ne change rien. En dehors de ce petit détail qui est certainement celui qui demande le plus d'attention lorsqu'on roule, le reste se fait sans y penser. Les passages de rapports en mode manuel sont très discrets. Le DCT les passe un à un sans à-coup ou presque et l'assiette de la moto ne varie quasiment pas. Le système interdit tout de même de passer le rapport n'importe quand, notamment s'il y a un risque de sur régime. Toutefois, l'amplitude d'acceptation est visiblement plus large que sur une voiture même sportive : l'électronique est adaptée à la moto ! Il y a par contre un petit temps de latence à respecter avant de passer le suivant, impossible d'en passer deux d'un coup en appuyant deux fois très vite sur la gâchette.

Bilan essai Honda VFR 1200 F DCT
Bilan essai Honda VFR 1200 F DCT

Bilan essai Honda VFR 1200 F DCT

Le choix entre la Honda VFR1200F standard ou la VFR1200F DCT ne se fera pas sur des aspects de praticité, de confort, de motorisation ou encore d'esthétisme. C'est la même chose pour les deux machines en dehors de quelques éléments comme le frein de parking et les comodos sur la DCT qui affiche pour cette technologie 10kg de plus sur la balance et un surcoût de 1300€ par rapport à la VFR 1200 standard. Quelle que soit la transmission, l'une et l'autre autorisent une conduite sportive. En effet, Honda a testé ce système de transmission automatique à double embrayage couplé au 4 cylindres en ligne sur les CBR ! Avec ses deux modes automatiques et son mode manuel, la VFR double embrayage propose une nouvelle expérience de conduite qu'on ne connaissait pas sur les transmissions CVT généralement utilisées pour l'automatisme sur un deux-roues (type scooter par exemple). L'usage est similaire à ce qu'on trouve sur une boîte automatique double embrayage sur une voiture sportive à l'exception de l'écart important entre les modes D et S sur cette VFR 1200.

Le mode automatique D place la machine sur le sixième rapport dès 60km/h environ, la privant de toute reprise dynamique et de frein moteur. Agréable pour un usage urbain et certainement dans les encombrements, ce mode est très proche de ce qu'on trouve sur des automobiles hybrides où on roule toujours en sous régime pour faire chuter la consommation et les émissions de CO2. Sur cette Honda, c'est le mode automatique Sport qui aura été le plus souvent utilisé même sous les fortes pluies. Les reprises sont convaincantes et parfaitement dosables, l'ensemble moteur/boîte s'adapte aisément à une conduite normale ou sportive, et le frein moteur est bien plus pertinent même si elle tarde toujours un peu à rétrograder. La cerise sur le gâteau est l'absence de variation d'assiette lors des changements de rapports, aucun tangage significatif n'est à signaler ! Le gain en confort pour un usage tourisme est étonnant. Si besoin dans le relief ou pour une conduite plus sportive, il y a toujours la possibilité de sélectionner le mode manuel pour avoir le rapport de son choix. Dans ce cas, on apprécie la douceur des changements de rapports à la montée comme à la descente. Conclusion, en dehors du passage de la 1ère à la 2ème surprenant car il intervient très tôt et du mode D qui prive du plaisir de conduite, il faut reconnaître que ce système est convaincant et très rapidement pris en main. De plus si vous roulez souvent en duo, l'absence de tangage lors des changements de rapports saura certainement convaincre votre binôme de voyage. Pour tous les détails sur la VFR quelle que soit la transmission, tout est précisé dans l'essai de la VFR 1200F.

On aime bien

  • Passage de rapports fluides
  • Peu de variation d'assiette
  • Prise en main très facile

On aime moins

  • Mode D trop typé auto hybride
  • Deux boutons pour les modes
  • Manipulation du frein à main

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐⭐⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐
Duo⭐⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐

Photos essai Honda VFR 1200 F DCT

Fiche technique Honda VFR 1200 F DCT

Tarif (mai 2010)16 290 €
Puissance172,5ch à 10000tr/min
112ch à 9500tr/min (FR)
Couple13,2mkg à 8750tr/min
11,7mkg à 4000tr/min (FR)
Frein avantDouble disque flottant 320mm étriers 6 pistons
Frein arrièreSimple disque 276mm étrier 2 pistons
Hauteur de selle815mm
Poids (constructeur)277kg tous pleins faits
Réservoir/Conso18,5L / nc
Diamètre de braquage3,5m

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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