Essai Harley-Davidson Night Rod Special
Un moteur explosif et un dessin incroyable pour cette machine all black, impossible de rester discret au guidon de cette HD
On connaissait la Night Rod avec un certain nombre d'éléments noirs, voici la Night Rod Special qui l'est entièrement pour un look encore plus marqué qui fera tourner toutes les têtes sur votre passage.
Ne comptez pas rouler ou simplement stationner discrètement avec cette Harley-Davidson. Avec son coloris intégralement noir mêlant une finition brillante et mâte, une sonorité bien marquée, des formes accentuées par la présence de liserés oranges et de deux bandes longitudinales noires mates, les curieux ne manqueront pas de vous aborder même le temps d'une courte pause à un feu.
La machine est animée par le fameux moteur Révolution qui équipe toute la gamme VRSC, de la V-Rod à la Street Rod en passant par les Night Rod donc. Ce bicylindre en V de 1130cm3 à refroidissement liquide et 8 soupapes, procure une excellente allonge et une très large plage d'utilisation. Souple dès 1500 tours par minute, il offre un couple important et saura devenir encore plus démonstratif une fois les 4000tr/min passés. Il ne faiblit pas jusqu'à la zone rouge à 9000tr/min même s'il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin pour qu'il donne le meilleur de lui-même.
Installé au guidon, la Night Rod Special procure un minimum de good vibrations
au ralenti, juste ce qu'il faut pour la sentir respirer. Dès que le régime augmente, la sonorité caractéristique émise par le double échappement prend le relais pour accompagner le pilote et hausse d'un ton dès qu'il accélère ou rétrograde violemment.
Cette musique ( 88db à 4125tr/min) attire les regards en ville mais procure surtout une bonne dose de plaisir au fond de la campagne, seul sur son cheval d'acier au soleil couchant en cette fin d'été à enchaîner les virages sans fin dans un rythme infernal. Trêve de lyrisme, cette Harley-Davidson est aussi capable de vous faire quitter la selle et de vous coller au dossier dès que la poignée est tournée avec conviction.
Le généreux pneu arrière radial de 240mm a beau faire ce qu'il peut, il n'est pas rare de le sentir patiner un peu au démarrage, de quoi se croire l'espace d'un instant au guidon d'un dragster lorsque le sapin de Noël
s'éteint. Ce pneu renforce l'impression de moto massive et amène à se montrer prudent sous la pluie alors que sur le sec, inutile de se retenir, tout va bien en ligne droite comme en courbe.
Le réservoir de 18.9 litres placé sous la selle abaisse le centre de gravité et autorise une autonomie correcte sur un roulage varié. Le seul souci, qui n'en est pas réellement un quand on roule pour le plaisir, est qu'on n'a que très rarement envie de rester calme au guidon de cette machine. La consommation augmente bien entendu dans ce cas mais ne s'envole pas pour autant et l'autonomie reste raisonnable.
La fourche, le cadre noir et les amortisseurs noirs aussi, donnent à cette moto un dynamisme intéressant qui suffit très largement dans nos contrées. Malgré la taille du pneu arrière, un angle de chasse de 34°, un empattement de 1715mm et un poids à vide de 292kg, la maniabilité est remarquable dès qu'on roule un peu et soigne son pilotage.
Bien entendu, il faudra quelques efforts, qui seront très vite récompensés, et une certaine application pour rouler dans un train d'enfer. Nous ne sommes pas au guidon d'un petit roadster sportif mais le rythme imprimé risque de surprendre nombre de congénères à deux-roues. Le frein à tout ceci étant la garde au sol et les pieds en avant qui ne favorisent pas les appuis contrairement au roadster de la famille, le Street Rod. Par contre, les appuis sur le guidon style dragster
et la selle basse (640mm) permettent de bien sentir la machine.
Le freinage Brembo est puissant et facilement utilisable. L'attaque ne surprend pas et la puissance de freinage peut être très importante à l'avant avec les deux disques de 300mm comme à l'arrière avec l'unique disque de 300mm. Pour une conduite rapide sans brutalité, le pilote peut faire confiance au gros couple moteur et au frein arrière très efficace pour ralentir. Dès que l'allure devient sportive, le puissant frein avant assure son travail efficacement.
Si le dynamisme est à l'honneur sur cette machine, le coté pratique reste minimal. Par exemple, il n'y a pas de place pour loger quelques petites affaires et le réservoir ne ferme pas à clef. En revanche, le petit tableau de bord est complet avec tous les témoins nécessaires, un compte-tours et un tachymètre à aiguille ainsi qu'une jauge de carburant. L'assise très basse (640mm) favorise sa lecture en roulant. Le petit afficheur à cristaux liquides permet d'afficher deux compteurs journaliers ou un décompte quand la réserve passe automatiquement.
La machine comporte également une alarme qui ne nécessite aucune manipulation. On peut donc la laisser dans sa poche. Il suffit d'être assez proche de la moto pour qu'elle se désactive. En s'éloignant un peu, elle s'enclenche automatiquement et évite donc d'oublier de la mettre. Un fonctionnement plutôt pratique surtout quand il pleut et que la télécommande est restée au fond de sa poche sous la combinaison.
Mais peu importe le quotidien avec cette machine, la Night Rod Special c'est avant tout une ambiance, un sentiment qu'on a dès qu'on pose ses fesses dessus. Son univers est noir : petite tête de fourche noire, peinture noire, moteur noir, double échappement à droite avec des protections noires, amortisseurs arrière noirs, jantes pleines ajourées noires, tés noirs, fourche noire, cadre et bras oscillant noirs, etc.
Cette Harley-Davidson, c'est aussi une position de Bad Boy une fois en selle. L'assise basse, le guidon droit façon dragster et les commandes avancées incitent à adopter une position relativement ramassée. Amusante en ville, elle est finalement assez efficace quand on quitte le milieu urbain. Le buste assez en avant évite de trop encaisser avec le dos, surtout que les suspensions sont suffisamment souples pour effacer bon nombre d'irrégularités.
Avec sa place passager réduite, la Night Rod Special est une machine qu'on prend plaisir à emmener en solitaire. Les vrombissements du moteur au fond de la campagne et les accélérations démoniaques donnent des ailes au pilote qui aura vite fait de laisser au vestiaire tous ses petits tracas quotidiens au profit d'une grande dose d'air frais à grands coups de V-Twin.
Bilan essai Harley-Davidson Night Rod Special
La petite tête de fourche n'évite pas vraiment le vent mais offre le spectacle plutôt agréable du ciel qui se reflète dedans. En baissant la tête, on remarquera les nuages défiler sur le réservoir avec ses deux bandes mates. Les moments contemplatifs et poétiques passés, c'est collé au dossier qu'on sort des virages avec des montées en régime interminables, après y être entré sur les freins.
Un pilotage qui s'apparente plus à un roadster qu'à un custom, peut-être simplement un custom qui sait être diaboliquement efficace si on le lui demande. Seule la garde au sol vient réduire les ardeurs, mais il y a quand même de quoi faire avant qu'elle ne vienne nous rappeler à l'ordre, de quoi mettre un peu de désordre dans l'esprit de pilotes de machines bien plus sportives.
La Night Rod Special est uniquement disponible dans cette finition au tarif public conseillé de 18795€ (octobre 2006).