Essai Derbi Mulhacén 659
Première grosse cylindrée de la marque, la Mulhacén est un gros mono ludique et facile à mettre entre toutes les mains
La Mulhacén est la première moto de grosse cylindrée de la marque espagnole. Pour la culture, son nom est tiré de la montagne la plus élevée de la péninsule ibérique qui culmine à 3482 mètres. Inspiré du style Scrambler qui sévissait dans les années 70, ce petit mono débarque avec un style et une architecture moteur qui se font rares sur le marché.
Les premiers moments en selle révèlent une position très naturelle. Les monos routiers sont souvent imprégnés de la culture Trail ou Supermotard, dans le cas de la Mulhacén, la position du buste et des membres est très proche de celle qu'on a sur un roadster. Les bras ne sont pas perchés et la hauteur de selle raisonnable devrait permettre au plus grand nombre de profiter facilement de l'espagnole.
Le bloc moteur à injection de 659,7cm3 qui équipe déjà bien d'autres machines, annonce 47cv à 6250tr/min et 55Nm à 5500tr/min pour une vitesse de pointe d'environ 165km/h (annoncée et vérifiée). Comme tous les monos, les bas régimes ne sont pas son point fort. De 5 à 6500tr/min on trouve une plage d'utilisation qui lui convient bien. On se fait plaisir à bien reprendre en sortie de courbe et les entrées sont facilitées par le frein moteur important.
La vivacité du moteur permet soit d'adopter un style de conduite sportif à la façon d'un gros mono de Dirt avec les bras écartés et beaucoup d'appuis sur les repose-pieds, soit un style plus touristique bien décontracté en prenant soin de maintenir un régime moteur aux alentours du couple maximum. Avec ses 86db à 3125tr/min , la sonorité accompagne agréablement l'équipage sans excès, juste ce qu'il faut pour profiter pleinement des relances et rétrogradages un peu violents
.
La partie cycle est composée d'un cadre tubulaire en acier, d'une fourche inversée Marzocchi de 43mm de diamètre avec 120mm de débattement et d'un mono amortisseur latéral Sachs réglable en précontrainte et en détente, avec 120mm de débattement également.
L'ensemble est plutôt convainquant à l'usage et maintenir un bon rythme ne lui fera pas peur. Seul bémol pour les plus sportifs, les pneus pourraient être plus accrocheurs mais ce choix est sans doute dicté par l'esthétisme, il faut reconnaître que les gros crampons lui donne un certain caractère.
Le freinage est confié à Brembo avec à l'avant un étrier radial 4 pistons sur un disque wave braking
de 320mm et à l'arrière un étrier simple piston et un disque wave braking
de 245mm. La puissance est très correcte et permet des freinages puissants que le pneu avant supportera difficilement en raison de son orientation mixte, bitume et terre. L'arrière fait très correctement son travail pour un usage loisir ou sport. A noter enfin, le levier de frein est réglable.
On l'évoquait au début de l'essai, la bonne surprise au guidon de cette Derbi est la position très typée route
. Même si le coté Scrambler autorise à s'aventurer dans des chemins roulants, il ne faut pas rêver. Un usage tout-terrain ne lui conviendra pas vraiment et rouler debout n'est pas chose aisée avec le cintre et la hauteur du guidon.
En revanche, sur la route on est sur la Mulhacén comme sur n'importe quel roadster, avec une position efficace et agréable au fil des kilomètres. Même la selle qui paraît si fine reste confortable. Elle autorise une bonne position de conduite et permet de ne pas exagérément écarter les jambes à l'arrêt, ce qui assure au plus grand nombre d'avoir les jambes assez longues.
Il faut souligner également l'étroitesse de la machine. Le réservoir a la forme si particulière, laisse passer les jambes en dessous et permet de le serrer fermement. Le long pot d'échappement qui passe dans un tube du cadre fait que le pilote n'est pas obligé d'écarter plus une jambe que l'autre même lorsque l'échappement devient très chaud. Cette position symétrique est également gage de confort à l'usage.
La Derbi Mulhacén 659, même si elle pioche son inspiration dans le passé, est un mélange de tout un tas d'éléments qui lui donnent un cachet unique réunissant les temps passé, présent et futur. Pour le passé, on a la ligne générale avec autour du gros mono, la selle monoplace, l'échappement façon Supertrapp
qui court le long de la machine, les roues à rayons, les pneus à crampons etc. Pour le présent, on trouve la fourche inversée, l'étrier radial, le guidon à diamètre variable ou encore une peinture blanche du plus bel effet. Enfin pour le coté futuriste, on peut s'appuyer sur les feux arrières si particuliers, les clignotants tout en longueur et le tableau de bord entièrement numérique.
Eclairé en blanc, ce tableau de bord de taille réduite comporte malgré tout, de nombreuses informations. Le compte tours est représenté sous forme d'un barre-graphe qui chapote le tout. En dessous se trouve l'affichage de la vitesse qui est un peu petit et demandera un petit temps d'adaptation. A l'aide un petit joystick sur le commodo gauche, c'est-à-dire sans lâcher le guidon, on peut faire défiler le compteur journalier, le totalisateur, le compte-tours (en chiffres) et l'heure. Petit détail très agréable à l'usage, la luminosité du tableau de bord se change depuis ce même joystick et dispose de huit intensités différentes. En la changeant, la nuit on n'est pas ébloui par la lumière du tableau de bord et en plein jour, on y voit bien.
La petitesse de la moto, si elle est un réel plus pour la maniabilité, rend la Derbi pas toujours pratique au quotidien. Aucun petit rangement n'est prévu et pour transporter un passager, il faut ajouter un siège. Le réservoir est très agréable à tenir
mais n'accueille que 12 litres et demandera donc pas mal d'arrêts pour peu qu'on soit d'humeur à rouler un peu vite, sinon on peut faire tomber la consommation à un peu plus de 5 litres aux cents. Enfin, le rayon de braquage très réduit ne facilite pas les mouvements en ville.
Bilan essai Derbi Mulhacén 659
Mais peu importe, cette machine s'apprécie pour son coté joueur et sa facilité de conduite dès les premiers tours de roue. La Mulhacén possède une vocation ludique et si en ville elle fait tourner les têtes avec son dessin original et sa rareté dans le paysage, dans la campagne la position de conduite et sa maniabilité en feront une compagne de jeu très sympathique qui donne envie de retourner à l'école buissonnière. Son petit coté passe partout permet même quelques escapades sur de petits chemins roulants pour aller prendre l'air loin du bitume.
Derbi avec sa Mulhacén, fait un pas dans les machines de grosses cylindrées et remet de surcroît le mono routier au goût du jour. On se prendrait presque à rêver d'une petite sportive sur cette architecture ou d'un Cafe Racer old school
avec des solutions techniques et des performances bien d'aujourd'hui comme ce Scrambler le propose.
Pour celui qui cherche une petite machine agile, joueuse et qui sort de l'ordinaire pour une utilisation 100% loisir, la Mulhacén est à étudier de près.
Prix public : 7500€ (novembre 2006)