Fini de s'éparpiller, les différentes moutures se regroupent toutes sous la Ducati Monster 2021 en essai en ce début de printemps. Née en 900 il y a 28 ans, ce grand chamboule-tout nous apporte une 950 dans le catalogue, entre les anciennes 821 et 1200.
La Monster 821 était vieillissante, les 1200 ne trouvaient pas forcément leur public, la S avait déçu avant que la R n'arrive pour prendre le relai. Rien n'était simple ces dernières années pour la famille des Monster, celle-là même qui avait initié le genre des roadsters dérivés des sportives il y a presque 30 ans. 2021 marque donc l'avènement de la Ducati Monster sans suffixe de cylindrée. Une vraie révolution menée tambour battant par la marque de Bologne.
Adieu treillis, adieu 821 et tutti quanti : le futur c'est maintenant
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a plus rien à voir avec les précédentes générations. Avant même de prendre le guidon pour notre premier essai de cette Ducati Monster 2021 on ne peut pas reprocher à la firme italienne de sortir une nouveauté qui n'en est pas une. Tout change. Dans tout, il y a le style qui évolue sous la houlette d'une conception toute nouvelle. Si la SuperSport 950 conserve le cadre treillis, ce n'est pas le cas de notre machine avec un cadre en deux parties fixées sur le moteur. L'avant est un cadre en aluminium et l'arrière une boucle en fibre de verre et polymère. Le tout affiche déjà 6,4 kg de moins sur la balance que le treillis. Il faut aussi retrancher la poids du nouveau bras oscillant, des nouvelles jantes et bien sûr du moteur Testastretta 11°.
L'ensemble affiche tout de même 18 kg de moins à la pesée nous dit Ducati, mais surtout offre à l'oeil un design en totale rupture avec les précédentes générations. On entend de tout à son égard : qu'elle ressemble à une SV, à une Cagiva Raptor qui avait d'ailleurs le moteur que la SV, à une Gladius (non je déconne !) mais pas à un Monster. On va dire que ça ressemble au nouveau Monster et puis c'est tout. A son lancement il y a 28 ans, les avis étaient franchement partagés aussi et loin de faire l'unanimité d'autant plus qu'on n'avait jamais vu de roadster. L'avenir nous dira si ce choix est le bon, en attendant si on peut dire adieu au style qu'on connaissait, on peut aussi dire adieu au surpoids et à une conception ancienne qui peinait à évoluer et ça, c'est très bien.
La Ducati Monster 2021 est d'une facilité déconcertante
Ok, la selle standard est 1 cm plus haute que celle de la 821 en position haute. Mais on peut opter pour une selle basse qui est bien entendu moins bien rembourrée. J'ai pu tester les deux lors de cet essai, c'est sensible. En revanche, la position au guidon a changé : le guidon se rapproche de soi (-65 mm), les pieds sont un poil abaissés (-10 mm), on est plus droit et plus décontracté une fois en selle. On a un peu moins d'appuis aussi sur les poignets, ce qui n'est pas plus mal en ville surtout que ô magie, le Monster 2021 est maniable. Oui, vous avez bien lu. On peut dorénavant faire demi tour sur une route de campagne sans manoeuvrer, comme ça, juste en tournant le guidon avec un rayon de braquage qui a perdu presque 1 mètre. Ça aussi ça change radicalement, et ça facilite la vie.
En plus d'être maniable, le nouveau monstre de Bologne est agile et facile. Facile par sa légèreté lorsqu'on grimpe en selle, la sensation est immédiate. Maniable avec un empattement un peu réduit et une position de conduite naturelle. Les Monster ne nous avaient pas vraiment habitués à une prise en mains aussi évidente. C'est maintenant le cas, et quel que soit le rythme on garde une bonne précision sans mouvement parasite. La partie cycle est sécurisante, précise et super réactive à la fois. On peut certes regretter la fermeté des suspensions sur un revêtement bosselé, mais le binôme fourche amortisseur (sans biellette) se montre très efficace même sur des irrégularités. Que reste-t-il à la S du coup ? Y'en a pas de S, comme ça, on ne se pose pas la question ! Plus sérieusement, les suspensions travaillent très bien. C'est le cas aussi du freinage avec une prise de frein franche, sans brutalité et efficace. L'accord de la partie cycle avec ces divers éléments est une réussite.
Un bicylindre Testastretta bien connu des ducatistes
Le 821 et le 1200 cèdent leurs places au seul 950 qu'on connait très bien puisqu'il est déjà présent sur 3 modèles de la gamme 2021 : l'Hypermotard, la Multistrada et la SuperSport 950 qui ressemble le plus dans l'esprit à notre Monster à la différence près de sa conception autour d'un treillis. C'est donc le 4e modèle à adopter ce moteur de 937 cm3 (+116 cm3 par rapport au 821) Euro5 bien évidemment, et qui comme les autres s'offre quelques petits réglages spécifiques pour le Monster et l'écart de puissance n'est que de 2 chevaux face au 821. Rassurez-vous, comme ses cousins il n'est pas le plus à son aise sous les 3000 tr/min alors il faut rester au-dessus, là où le shifter (de série) fonctionne le mieux quel que soit le mode de conduite engagé.
Au-delà des 3000, il y a quoi ? De la réactivité, pas de coup de pied au derche comme le revendiquait le premier Mostro du nom, mais une belle vivacité surtout en mode Sport qui lui va bien. Il y a deux autres modes plus softs, que vous pouvez paramétrer comme vous voulez. Contrairement à une Hypermotard, tenir un filet de gaz est facile sur ce Monster 2021 et cet essai révèle aussi une dose supplémentaire de patate une fois passé le couple maxi on va dire, environ 6500 tr/min, 1250 tr/min plus bas que sur le 821, ça c'est bon ! Le twin prend encore des tours et on peut tirer les rapports qu'on enchaine d'un petit coup de la pointe de la botte.
Finalement le seul souci de ce moteur, est qu'il n'est pas des plus jolis du côté gauche, alors que le côté droit bénéficie de quelques aménagements esthétiques bien placés. Et le son dans tout ça ? On connait l'importance du son sur le L-Twin italien mais avouons-le, la sonorité reste assez discrète avec Euro5 qui est passé par là. Certes on l'entend un peu lorsqu'on ouvre en grand ou sur certains rétrogrades convaincus, mais on entend surtout le bruit du vent qui soit dit en passant est bien présent mais ne malmène pas les cervicales.
Electronique riche et complète pour la Monster 2021
On évoquait le shifter up/down de série et les trois modes de conduite entièrement paramétrables mais l'électronique est bien plus complète que ça. Du côté du freinage ABS, il est actif en courbe comme on en a l'habitude dorénavant sur beaucoup de modèles, mais sur la Monster on peut aussi déconnecter l'arrière pour les amateurs de glisse. On trouve aussi le contrôle de traction et le contrôle de wheeling pour éviter de se retourner sur une accélération trop franche, mais le risque est faible car si le bicylindre est vif, il n'est pas explosif pour autant. Et puis pour le fun, Ducati a ajouté le Launch Control pour des départs arrêtés de dingues, comme en GP. Et puis il ne faut pas oublier le style avec des LED partout, du phare patatoïde au feu en passant par les clignotants à l'effet Matrix à l'avant comme à l'arrière où leur petitesse fait que ça rend moins bien.
Tout ceci se paramètre depuis les boutons au guidon gauche et le tableau de bord TFT couleurs de 4,3 pouces qui n'est pas très grand mais lisible et complet. Ce qui se complique c'est pour changer les paramètres avec d'innombrables pressions à exercer. Heureusement, on ne les perd pas lorsqu'on coupe le contact donc on peut prendre le temps de paramétrer les choses comme on le souhaite. Le plus gênant est finalement de passer d'un mode à l'autre. Par exemple vous rouler longtemps en ville en mode urban et vous voulez passer en mode mode pour attaquer la montagne. Une simple pression sur un bouton ne suffit pas, c'est fastidieux et finalement on reste sur le même mode.
Bilan essai Ducati Monster 2021
Ne nous attardons pas sur le style, les avis sont partagés. Après ce premier essai, le plus important est ailleurs puisque ce Monster 2021 est totalement nouveau. On ne peut pas accuser Ducati de s'être contenté de broutilles, c'est un travail de titan qu'a accompli la marque italienne. Le châssis totalement nouveau apporte de la légèreté mais surtout de l'agilité. C'est précis, facile en toutes circonstances et même maniable avec un rayon de braquage bien meilleur qu'avant. Les mauvaises langues diront qu'il n'y a pas de mal. Le tout adopte un moteur bien connu chez Ducati avec des paramétrages spécifiques à la Monster. Même si le bicylindre n'est toujours pas à son aise sous les 3000 tr/min, il est facile vivre au-delà. Vif et toujours présent sans être violent, il en rajoute une dose une fois les 6500 tr/min passés. Il faut reconnaitre que l'ensemble moteur, partie cycle, suspensions et freinage est homogène. Certes on n'a pas de coup de pied au cul comme le revendiquait le vénérable Mostro, mais pour 2021 il affiche une belle vivacité doublée d'une précision sans faille. Finalement, le plus grand reproche qu'on peut lui faire, c'est la complexité d'usage des nombreux paramètres avec les boutons au commodo gauche. C'est dommage. Ce qui est certain, c'est que Ducati propose un Monster amusant lorsqu'on a de l'expérience et très facile pour se faire la main avec une belle machine en A2. Pour ceux qui en veulent plus, peut-être que la S va arriver, pour l'heure ce n'est pas prévu. Par contre le tarif à 11290 euros affiche 200 euros de moins que la précédente 821, c'est une belle surprise.
On aime bien
Maniabilité et agilité très réussies
Moteur vivant et facile à exploiter
Equipement électronique riche et complet
On aime moins
Suspensions précises mais fermes
Ecran TFT en couleurs mais petit
Manipulation des paramètres électroniques
Notre avis
Quotidien
⭐⭐⭐⭐
Voyage
⭐⭐⭐
Loisir
⭐⭐⭐⭐⭐
Sport
⭐⭐⭐
Duo
⭐⭐⭐
On vous regarde
⭐⭐⭐⭐
On la détaille
⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute
⭐⭐⭐
Autres photos
Ecouter le son
Fiche technique Ducati Monster 2021
Marque
Ducati
Modèle
Monster
Cylindrée
937 cm3
Année
2021
Tarif de
11290 €
Conseillé au
18/02/2021
Moteur
Cylindres
2
Architecture
en L
Ouverture
90 °
Cycle
4 temps
Distribution
double arbre à cames desmo
Soupapes par cylindre
4
Refroidissement
liquide
Cylindrée
937 cm3
Alésage
94 mm
Course
67,5 mm
Rapport volumétrique
13,3 :1
Admission
injection
Allumage
électronique
Admission
53 mm
Norme
Euro5
Démarreur
électrique
Electricité
Batterie
12 V
Performances
Puissance
82 kW
Puissance
111 ch
Disponible à
9250 tr/min
Couple
93 Nm
Couple
9,5 mkg
Disponible à
6500 tr/min
Transmission
Embrayage
multi disques à bain d'huile
Transmission
boîte
Rapports
6
Réduction primaire
1,850
Démultiplication 1er
2,467
Démultiplication 2e
1,765
Démultiplication 3e
1,400
Démultiplication 4e
1,182
Démultiplication 5e
1,043
Démultiplication 6e
0,958
Secondaire
chaine
Réduction finale
2,867
Châssis
Cadre
cadre aluminium
Bras oscillant
double
Jantes
bâtons
Suspension avant
Type
fourche inversée
Diamètre
43 mm
Débattement
130 mm
Suspension arrière
Type
mono amortisseur
Réglages
précharge
Débattement
140 mm
Frein avant
Type
2 disques
Diamètre
320 mm
Etrier
radial
Pistons
4
Frein arrière
Type
1 disque
Diamètre
245 mm
Piston(s)
2
Pneu avant
Largeur
120 mm
Hauteur
70 mm
Diamètre
17 pouces
Pneu arrière
Largeur
180 mm
Hauteur
55 mm
Diamètre
17 pouces
Dimensions
Empattement
1474 mm
Angle de chasse
24 °
Chasse
93 mm
Hauteur de selle
820 mm
Poids
Poids
166 kg
Conditions
à sec
Avec ABS
188 kg
Conditions
ordre de marche
Capacité
Réservoir
14 L
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.
Par Jean-Michel Lainé. Fondateur de Emoto et journaliste essayeur, passionné par la moto, l'auto et tout ce qui a un moteur en règle générale. J'ai commencé sur Internet en 1996 avant la presse écrite à partir de 2010, la télévision dès 2012 puis la radio en 2020.