Visite usine MBK / Yamaha de Saint-Quentin
Visite. Donnée pour morte au début des années 80, l'usine de Saint Quentin réintègre aujourd'hui toute la production européenne des scooters 50, 125 et 250 des deux marques ainsi que des motos 50 et 125. De quoi rouler "made in France".
Pierre On m'a dit que t'avais acheté un scooter français ? Sérieux ?
Paul Oui, un X-Max 125
Jacques C'est japonais Yamaha !
Paul Oui, mais il est fait à Saint Quentin
En effet, en dehors des maxi-scooters qui sont fabriqués par Yamaha, l'usine MBK de Saint Quentin dans l'Aisne assemble et fabrique la plupart des scooters Yamaha en 50, 125 et 250 cm3 dont la star des ventes qu'est le XMax et son homologue MBK Skycruiser, ainsi que les motos 50, 125 de la marque aux 3 diapasons et même les trails XTX et XTR 660. Pourtant le site a bien failli fermer ses portes avec la crise économique. Avec les avantages qui pesaient dans la balance en faveur de ce site du groupe Yamaha Motor, la production européenne de Yamaha s'est intégralement concentrée dans l'Aisne, en sauvant les emplois et en créant quelques autres sur la région avec en ligne de mire, l'élargissement de la gamme dans les années futures et pour l'heure une augmentation de la qualité. Petite histoire d'une Success story.
Motobécane (l'ancêtre de MBK) est fondée en 1923 par Charles Benoît et Axel Bardin avec un premier cyclomoteur de 175 cm3. Après les ateliers de Pantin, l'usine s'installe à Saint Quentin dans l'Aisne en 1951 pour faire face au véritable engouement pour la mobylette après la seconde guerre mondiale. En 1970, 10 chaînes fabriquent des mobylettes dont la fameuse bleue
à raison d'une toutes les 10 secondes ! Le passage aux années 80 n'était pas aussi rose puisque la voiture s'était démocratisée, la crise pétrolière était passée par là tout comme le port du casque obligatoire. Les français boudent la mobylette, les ventes s'effondrent et Motobécane ferme après quelques errements dans les motos 2 temps pour tenter de contrer l'offensive japonaise sur le créneau. En 1983, MBK (trigramme de Motobécane sur les télex) est créé avec la participation de Yamaha Motor à hauteur de 10% avant que le groupe n'en devienne le principal actionnaire trois ans plus tard. L'usine se diversifie en débutant la production de moteurs hors bord deux ans plus tard. En 1990, c'est le lancement du célèbre Booster, en 2000 celui de la production de 125 cm3 et en 2004 la fin de la production d'une légende : la bleue. 2006-2007 marqueront l'offensive sur les 125 avec les MBK Flame X ( Yamaha Cygnus X), Skyliner (Yamaha X-Max) et Cityliner (Yamaha X-City). Quoi qu'il en soit en 2011, les ventes ne suffisent plus à alimenter les chaînes de productions en France comme sur le site espagnol de Barcelone. En début d'année 2012, la décision est prise de tout regrouper. Le site de Yamaha à Barcelone ferme ses portes et la production est transférée à Saint Quentin qui a l'avantage d'avoir de la place pour produire plus, d'être mieux situé géographiquement par rapport aux centres logistiques européens et d'avoir un personnel qualifié polyvalent avec peu de turn over.
Il y a dorénavant 3 chaînes de fabrications sur le site de Saint Quentin : une pour les motos (13000 par an), une de 50 mètres pour les scooters 125 et 250 (28000 pour cette année) dont les MBK Skycruiser et Yamaha XMax et une dernière pour les 30000 scooters 50 cm3. Il faut ajouter à cette activité sur le site les 30000 moteurs hors bord de petite cylindrée qui sont exportés dans le monde entier. Ce regroupement et cette proximité géographique permettra rapidement de proposer de petites séries limitées. Concrètement, votre XMax par exemple n'est pas totalement fabriqué sur place. Les équipements viennent pour la plupart de l'Italie ou de l'Espagne et les moteurs viennent tous de Minarelli qui est la propriété de Yamaha. Sur place sont fabriqués les échappements, les cadres en acier et les réservoirs de carburant. Les peintures sont réalisées par du personnel hautement qualifié notamment pour les plastics. Enfin, l'assemblage est fait sur la chaîne depuis le cadre nu jusqu'au scooter en ordre de marche prêt à rouler
en seulement 50 mètres. Le travail est très manuel avec par exemple 32 ouvriers sur cette ligne de montage des 125 et 250. En dehors des soudures de cadre avec les tubes placés et coudés dans des gabarits et quelques presses pour la fabrication des échappements, on ne trouve pas de gros robots et installations comme dans l'industrie automobile avec quasiment personne autour. Le personnel est très présent sur les chaînes deux-roues et davantage encore pour les hors bord. En bout de chaine, chaque scooter est soigneusement vérifié et mis de côté au moindre défaut constater (environ 10%). Il sera repris par une personne pour corriger le problème unitairement, souvent de la finition, avant de partir pour le stock.
Alors rouler en MBK Skycruiser ou Yamaha XMax est-il roulé français ? Oui ou presque puisque le moteur est fabriqué en Italie et que les équipements ne sont pas faits sur place contrairement au cadre, à l'échappement et au réservoir qui sont made in Saint Quentin. En revanche, tout ceci sera peint, sitcké et assemblé sur place pour partir directement chez votre concessionnaire. Pour l'anecdote si vous passez au rond-point à côté de l'usine vous pourrez voir 3 statues, une vieille dame à vélo (l'usine n'en produit plus), un couple d'ados en Booster et un garde-champêtre sur sa bleue avec un lapin dans une sacoche, tous les points clés de l'histoire de MBK résumés en 1 tour de rond-point !