Tracer Tour Ecosse J3 : Glenborrodale à Oban
6h du matin, le réveil est douloureux : le petit déjeuner n'est que très frugal puisqu'on doit faire vite et qu'un plus consistant nous attend quelques heures de roulage plus loin. Il fait encore nuit noire quand on prend la route sur nos Yamaha Tracer 90
6h du matin, le réveil est un peu douloureux : le petit déjeuner n'est que très frugal puisqu'on doit faire vite et qu'un plus consistant nous attend quelques heures de roulage plus loin. Il fait encore nuit noire quand on prend la route, un petit 6~7°C et un épais brouillard qui colle à la visière. Ca caille, et la route qui mène à Killchoan est sinueuse, vallonnée et par endroit largement couverte de gravillons, ou de bouses de vache fraiches, pour le moins glissantes ! Ce n'est que le début des 220 kilomètres qui nous attendent.
Arrivés comme prévu pour le ferry dont les places sont payées, mais pour lequel on doit se présenter au plus tôt pour qu'elles ne nous soient prises par des plus matinaux que nous encore, on grelote dans le froid humide en attendant l'heure d'embarquement ; aussi, je récupère un pull (optimiste que j'avais été après 2 jours à rouler en tenue estivale) dans le camion d'assistance : mais toujours point de ferry en vue. Et pour cause, celui-ci ne viendra pas, la faute au brouillard et aux grandes marées. On opère donc à une stratégie de repli dans le pub le plus proche, qui s'avère finalement être le Community center
de Killchoan ; la salle commune faisant office de maison des associations, MJC et gymnase du coin donc, mais il y'a du café, du thé et quelques gâteaux en attendant des nouvelles du bac qui doit nous emmener sur l'île de Mull.
Fin de matinée, la mauvaise nouvelle tombe, toujours pas de bateau en vue à Killchoan : Florence et Philippe s'activent au téléphone et trouvent un plan de repli. On rebrousse chemin pour viser un autre ferry plus au sud, qui lui, plus court et plus en retrait dans les terres devrait être maintenu, et à peine une trentaine de kilomètres parcourus qu'on retrouve effectivement un grand soleil, alors qu'on longe le Loch Sunart, mais le temps presse quelque peu si on veut voir l'île de Mull dont on doit absolument sortir avec le dernier ferry. On n'a fait que 100km arrivés à Lochaline quand on parque les motos devant l'embarcadère, le temps d'avaler un sandwich à la baraque à frites voisine avant de monter à bord ; mais peu importe les heures de sommeil ou la gastronomie aujourd'hui, nous ne sommes pas venus pour larver sur une plage !
Le début de la traversée nous fait rapidement craindre le pire, avec la reprise d'une brume épaisse, mais les motos à peine débarquées que le ciel se découvre à nouveau. La route vers le nord de l'île est sinueuse mais très roulante, jusque Tobermory, magnifique village aux maisons colorées faisant face au vieux port à marée basse. Deux photos dans la boite et on file, car il nous faudrait trois heures (qu'on n'a plus guère) pour faire le tour de l'île.
Passé Tobermory, la route redevient étroite, sinueuse, technique, tantôt bosselée, tantôt gravillonnée, parfois les deux en même temps, et il s'avère assez difficile de dépasser les 50 à 60km/h et passer la quatrième, ou alors pour le plaisir (le trois cylindre 847cc affichant une souplesse hors de commun lui permettant de reprendre à 1800tr/min sur le dernier rapport, et de rouler à 20km/h ou sortir des épingles en quatrième). Bien qu'on soit un peu pressés par le temps, ça n'inspire guère à vouloir essorer la poignée de droite et cela tombe plutôt bien, puisqu'une nouvelle fois (à croire qu'on pourrait s'en lasser, mais non, bien au contraire !) les paysages sont magnifiques, somptueux ; l'île semblant réunir à elle seule et en peu de kilomètres tout ce qu'on a pu voir depuis deux jours.
La lumière et ce soleil bas d'un début d'automne dans le nord sont absolument magiques, comme si on avait mélangé la Bretagne, les Alpes, quelques images de fond de Highlander
, de Braveheart
et de Harry Potter
dans un grand chaudron en cuivre, clairsemé d'une très légère brume, descendant des sommets ou remontant des Loch, le tout éclairé d'une lumière rasante teintée de doré ! Il ne manquerait qu'une bande son de cornemuse, un petit Amazing Grace
à fond les ballons dans le casque, et on pourrait se poser là, assis sur un caillou à regarder le soleil se coucher ; on en chialerait presque !
Mais, si on voudrait pouvoir arrêter le temps là, celui-ci n'en fait qu'à sa tête, et il nous faut rejoindre avant le dernier ferry, la petite ville Craignure, dont l'embarcadère est à son tour dans la brume. Un dernier petit détour pour quelques volontaires par le Duart Castle
nous démontrera une nouvelle fois que la météo locale est extrêmement changeante sur de très courtes distances, puisqu'à deux kilomètre du port, c'est une magnifique lumière rasante qui baigne le château, malheureusement entourés d'échafaudages pour sa restauration. Quelques prises de vue, puis nous revenons au bateau pour une dernière traversée qui nous amènera à Oban.
Là, il nous faudra rendre les motos qui rejoindront la France en camion, nous changer rapidement dans un hôtel où nous attend une petite collation fort appréciée, avant de prendre le bus, affrété à notre seul usage pour rejoindre Glasgow et ainsi éviter 140km et deux heures et demi de trajet inintéressant au possible, de nuit, avec l'approche de la ville et de sa circulation.
Demain, retour à Paris en avion en passant par Glasgow en bus.
On a bien aimé
- Les paysages magiques, magnifiques, somptueux !
- L'organisation, les road-book, l'hébergement, l'efficacité et la rapidité de l'assistance.
- La MT09 Tracer, formidable compagne pour ce trip, lors duquel elle s'est trouvée à 200% dans son élément.
- La météo très clémente façon été indien écossais, même si on nous promet que c'est plutôt fréquent à cette période.
- La passion communicative avec cette poésie dans les mots et les yeux qui pétillent de Philippe, la prévenance et le rythme imposée par Florence.
- La politesse au volant des écossais, leur sympathie en général.
- La gastronomie (si si !) et les bières écossaises.
On a moins aimé
- L'annulation impromptue du bac de Killchoan, chose parait-il extrêmement rare, mais qui nous a privés de quelques heures de sommeil et de la moitié du tour de l'île de Mull.
- Les hamburgers surgelés de la baraque à frite de Lochaline.
- La conduite hasardeuse du chauffeur de bus Oban-Glasgow ; c'est bien le seul écossais qu'on ai vu si peu prévenant et poli au volant (même si on n'en a vu que peu sur les routes désertes empruntées).
- Devoir rentrer après trois jours de trip absolument merveilleux !
Un petit mot sur la Yamaha MT09 Tracer
Notre compagne idéale pour ce road-trip, souple, onctueuse (du moins en mode standard ou A), joueuse, facile de prise en main, neutre de partie-cycle, économe (5.4L/100km affiché sur nos 826km réalisés), mais aussi, quand on le lui demande, vive et pêchue, nerveuse, hargneuse dans les tours, sonore juste ce qu'il faut... elle en offre beaucoup pour un rapport qualité prix assez hors du commun. Et si on peut lui reprocher une selle peu confortable à la longue, ou des suspensions qui avouent un peu leurs limites en conduite soutenue, ou grèvent légèrement le confort sur le bosselé, on s'est demandé ce que pouvaient bien offrir de plus quelques concurrentes plus, voire beaucoup plus chères, notamment en 100cv, du moins pour un tel usage petites routes et tourisme
, plus ou moins dynamique. Si ce n'est une surprise, puisque le succès commercial des MT09 et MT09 Tracer le montre déjà, c'est un tout cas une confirmation des nombreuses qualités de cette machine.
Tracer Tour Ecosse, nos 3 étapes
- Tracer Tour Ecosse J3 : Glenborrodale à Oban
- Tracer Tour Ecosse J2 : Torridon à Glenborrodale
- Tracer Tour Ecosse J1 : Cromarty à Torridon