Tracer Tour Ecosse J2 : Torridon à Glenborrodale
La nuit fut douce et la literie moelleuse me concernant, les moins chanceux en chambre partagée, ont pour certains les yeux un peu tirés par les conséquences des ronflements d'un voisin. C'est vite oublié compte-tenu du programme du jour qui nous attend.
La nuit fut douce et la literie moelleuse, du moins me concernant, les moins chanceux en chambre partagée, ont pour certains les yeux un peu tirés par les conséquences des ronflements d'un voisin, mais c'est bien vite oublié compte-tenu du programme du jour qui nous attend pour 245 km.
Alors qu'on ingurgite quelques céréales et tartines du buffet qui nous semble un peu pauvre, arrivent les assiettes d'un petit dej'. british complet : saucisse, boudin noir, bacon, champignons, tomate et oeufs ! Notre enthousiasme matinal aurait-elle pris de court le service ?
8h30, valises enfournées dans la camionnette d'assistance, nous voilà prêts à attaquer une nouvelle journée, alors que le thermomètre affiche qu'un petit 8°C en fond de vallée, encore ombragée. Mais confiant, j'ai déjà abandonné le pull de la veille au profit d'une simple paire de t-shirt sous la tenue Cordura-Goretex, et à peine quelques centaines de mètres escaladés vers l'ouest et longeant le Loch Torridon, que la météo rayonnante me donne raison. Après la première étape de Cromarty à Torridon, cette deuxième journée s'annonce excellente.
Le soleil dans le dos, la mer à droite, les sommets montagneux pointant à presque 1000m d'altitude sur la gauche, la vue est simplement à couper le souffle à chaque sortie de virage. Le moindre passing place
permettant que 2 véhicules se croisent sur ces routes extrêmement étroites est l'occasion d'un arrêt photo ! Et pourtant, il y'en a tous les 200 à 500m maximum, et force est de reconnaitre d'ailleurs que les écossais sont extrêmement courtois et polis sur la route : ils anticipent systématiquement notre arrivée (que ce soit de devant ou dans leurs rétroviseurs), parfois à plusieurs centaines de mètre (merci les feux à LED de la Tracer) et s'arrêtent sagement dans ou face à ces aires de croisement pour nous faciliter le passage. Et si vous profitez d'une de ces places pour stationner un instant en warning le temps d'une photo, le conducteur du premier véhicule croisé, qu'il ai 2 ou 4 roues, s'enquerra vite du fait que vous puissiez avoir un problème ou pas : presque surprenant, simplement admirable !
Le groupe s'étire donc peu à peu au fil et sur des kilomètres de distance, au gré des arrêts de chacun, pour admirer ou photographier cette côte découpée comme de la fine en dentelle, les moutons en totale liberté qui broutent au bord de la route, une ferme isolée ça ou là, une petite crique où sont amarrés quelques bateaux, des highland cattle
ces vaches locales au long poil, ornées de larges cornes et dont les yeux semble maquillé d'un mascara noir,... ou simplement la verdure : les landes désertées dépourvus de toute végétation dépassant quelques dizaines de centimètres sur les hauteurs, des forets de conifères à mi pente, puis une épaisse végétation de feuillus au niveau de la mer, avec un dense gazon semblant vouloir pousser jusqu'au dans l'eau ou au premier centimètre de bitume.
En 3 heures de route, nous n'avons fait que 80km et les uns après les autres, on s'arrête dans le petit village d'Applecross où le pub local sur le front de mer, fait face à une caravane Airstream chromée transformée en échoppe de café, glaces et Fish and chips.
Le groupe se reforme et la file indienne, plus ou moins clairsemée au fil des kilomètres et des nouveaux arrêts photo attaque alors l'ascension du col du Bealach na Bà
(le col du château en Gaélique), partant du niveau de la mer pour aller à un petit 626m d'altitude, mais qui lui font ressembler aux Alpes, avec des épingles serrées et une pente pouvant par endroit atteindre les 20%. Au sommet, les interjections fusent tant le paysage prend aux tripes, et si le contre-jour se prête malheureusement peu au cliché à cette heure, ce serpentin de bitume qui descend en slalomant entre la pente douce, pierreuse et recouverte d'herbes folles à gauche, et la pente plus abrupte à droite, avec un bras de mer dans le fond et les différentes lignes d'horizon montagneuses se dessinant en arrière plan dans la légère brume d'évaporation émanant du sol ; c'est somptueux et on en prend plein les rétines !
On longe alors la cote, pour s'arrêter déjeuner à Plockton, un plat de moules bien pleines cuisinées à la bière et à la crème, accompagnés de frites faites maison.
Le rythme ayant été jusque là un peu retardé par les arrêts photographiques, on ne s'attarde guère et on file plein sud vers l'ile de Skye, accessible par un pont, puis on descend à Armadale, prendre un ferry, non sans avoir chargé trois motos dans la camionnette d'assistance puisque leur nombre est limité sur le bateau. Ce dernier nous emmènera à Mallaig, en une petit traversée de trois quart d'heure, l'occasion de se poser un peu, humer l'air marin, et d'entrevoir quelques dauphins jouant à la proue du navire.
Reprise de la route de bord de mer, alors que la lumière de fin d'après-midi se pare d'une magnifique couleur dorée, puis notre guide improvise un petit détour vers les ruines du Castle Tioram pour une séance photo avec nos (ou au moins une) MT09 Tracer. L'exercice s'avère un peu difficile pour accéder au château par la plage et l'orientation lumineuse pas des plus favorables, mais le détour était l'occasion d'une petite route, ou presque un chemin pourrait-on dire, plus étroit encore qu'à l'accoutumé et parsemé d'herbe et de larges pelletées de gravillons ; le gout pour l'enduro de nos hôtes de Trail Rando les reprend !
Mais il se fait tard, et on a rendez vous pour une immanquable (en ces contrées) visite de distillerie de whisky, l'Ardnamurchan distillery
à Glenbeg, toute fraichement sortie de terre en 2013. La route qui y mène est très étroite à ne pas y croiser une voiture (comme beaucoup d'autres déjà rencontrées), sinueuse, technique, alternant de nombreux virages serrés en aveugle dans les bois, le soleil rasant de face entre les arbres, et parsemée de longues bosses aptes à vous catapulter la roue avant en l'air au moindre excès de gaz, pour les plus pilotes d'entre nous qui ont pris le risque (ou simplement le soin) de déconnecter leur traction control (par ailleurs fort efficace et discret pour les moins pilotes, justement).
Visite (in english) avec interdiction de prendre des photos en intérieur, non pas pour raison de confidentialité, mais de sécurité tant l'air chargé d'alcool risquerait à la moindre étincelle de déclencher un incendie voire une explosion, puis petite dégustation, d'abords du résultat direct de la distillation, un vin encore non vieilli, translucide et à plus de 60° d'alcool (ça pique un peu !) puisque la production est encore trop jeune pour avoir le nom de whisky, puis un Adelphi. On n'abuse guère, il s'agit de ramener les motos, même si l'hôtel n'est qu'à 3km, au retour sur la même route piégeuse qu'à aller. A la nuit tombée, les phares de la Tracer font merveille, et j'aurais presque poussé un peu plus loin pour le plaisir, mais ça n'aurait pas été raisonnable, surtout à la première voiture croisée, où on s'est arrêté tous les deux face à face, avant que je ne réalise finalement que j'étais à droite. Enfin, sur une route de pas deux mètres de large, est-ce si grave finalement ?
C'est donc de nuit noire qu'on arrive au Glenborrodale Castle
à Acharacle. Point de chambre solo cette nuit, mais un somptueux diner avec verrines d'écrevisses, gigot de cerf accompagnés de petits légumes, et dessert façon chantilly et fruits rouges, avant une nuit méritée, puisque demain on doit décoller à 7h15 dernier délai, pour ne pas rater notre premier ferry vers l'île de Mull!
Mais on nous promet que demain sera le point d'orgue de notre expédition !
Tracer Tour Ecosse, nos 3 étapes
- Tracer Tour Ecosse J3 : Glenborrodale à Oban
- Tracer Tour Ecosse J2 : Torridon à Glenborrodale
- Tracer Tour Ecosse J1 : Cromarty à Torridon