Essai Yamaha XJ6
Avec cette XJ6, Yamaha nous prouve qu'on peut conjuguer avec brio style, caractère et économie sur une moto basique. À 6149€
En France plus qu'ailleurs, les roadsters mid-size sont rois. Pour s'en convaincre, il suffit de se balader dans un parking lors d'une grosse manif motarde. Les roadsters s'y retrouvent en pagaille, relayant les sportives au second rang. Un tel engouement a logiquement poussé les constructeurs à diversifier leur offre. Les modèles emblématiques ont pris du muscle pour répondre aux attentes des motards chevronnés. Dans le même temps, des roadsters plus sages et plus abordables ont fait leur apparition pour satisfaire tous les autres. Hornet et CBF600 pour Honda, GSR et Bandit pour Suzuki, Z750 et ER6 pour Kawasaki, tous les constructeurs japonais ont procédé à ce dédoublement de gamme. Seule exception, Yamaha ne comptait que sur une unique représentante jusqu'à présent : la FZ6. La marque a bien essayé de compléter sa gamme avec la MT03, mais son monocylindre n'a pas vraiment convaincu. Cette nouvelle XJ6 est donc la seconde offensive. Et dans cette période de flottement économique où les budgets sont souvent revus à la baisse, cette nouveauté arrive à point nommé pour la firme aux trois diapasons.
La classe au demi-tarif
Malgré son statut de basique
et son gabarit très compact, la XJ6 porte la griffe Yamaha. Comme à l'accoutumée chez le constructeur, le style est donc agressif et recherché. Le phare taillé en pointe est repris de la FZ1 tandis que le réservoir au dessin marqué rappelle celui de la FZ6. Les écopes latérales, le petit sabot moteur laissant transparaître les tubulures d'échappement ou les jantes en alu à six branches accentuent le côté sexy. Alors bien sûr, la conception et la finition n'ont rien de révolutionnaire, limitation des coûts oblige ! Mais chez Yamaha, on ne badine pas avec le style. Même une moto à ce tarif a droit à un traitement de faveur. D'ailleurs, en dehors de l'absence de béquille centrale, l'équipement est aussi à la hauteur : compteur lisible et complet (compte-tour à aiguille, jauge, trip partiel...), clé codée, feux de détresse ou emplacement pour un U sous la selle. Cerise sur le gâteau, un ABS de dernière génération est disponible en option moyennant 400€. Pour résumer, voici donc un roadster compact, stylisé et bien équipé, le tout pour environ 6000€... Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas rien tout ça ? Ben oui, la Kawasaki ER6 bien sûr ! S'il est vrai que la motorisation quatre-cylindre de la Yamaha la rapproche davantage de la Honda CBF600 ou de la Suzuki Bandit 650, son style, son tarif et surtout son gabarit la positionne en concurrente directe de la Kawasaki...
Une Yam' sauce kawa
La similitude entre ces deux-là saute même aux yeux dès lors qu'on chevauche la nouveauté. Comme sur l'ER6, l'assise basse et surtout très étroite se montre particulièrement adaptée pour les plus petits (-1,70 m). Voici donc une moto idéale pour les femmes qui sont chaque année plus nombreuses à passer leur permis. Ces dernières apprécieront également la position très intuitive et confortable. Le triangle guidon/selle/repose-pieds est droit, évitant l'appui trop prononcé sur les poignets. En outre, le guidon étroit, le diamètre de braquage court et le poids plume mettent en totale confiance et procure une maniabilité redoutable à basse vitesse ou en cycle urbain. Bref, la dernière Yamaha ne demande aucun effort d'intégration et se révèle naturelle pour tous... ou presque ! Car avec de telles mensurations, les grands gabarits (+ d'1,85 m) seront logiquement moins à la fête (jambes repliées, espace exigu, protection inexistante...), tout comme sur l'ER6 d'ailleurs. Reste que contrairement à sa rivale, la XJ6 opte pour un moteur 4 cylindres en ligne, et c'est sans doute en cela que Yamaha propose une véritable alternative à la populaire Kawa.
Du punch, mais peu d'allonge
Souplesse d'utilisation, sensation dans les tours, facilité sous la pluie, il faut dire que cette architecture moteur offre bien des avantages. Pour satisfaire les adeptes du genre, les ingénieurs Yamaha sont donc repartis du moteur de la FZ6. Ils ont retravaillé le bloc pour réduire sa puissance tout en améliorant son agrément de conduite à bas et moyens régimes. Le quatre cylindres refroidi par eau revendique désormais une puissance maxi de 78 chevaux à 10000 tr/min pour un couple maxi de 6,1 mkg. En pratique, on apprécie d'abord sa mélodie grave et racée plutôt agréable pour une basique. Les premiers tours de roues mettent également en évidence la facilité d'exploitation de la XJ6. Douceur et souplesse sont au rendez-vous, parfaitement secondées par une sélection douce et précise. Mais la grosse surprise provient surtout de la réactivité. Dès les plus bas régimes, le quatre-cylindre répond présent à la moindre sollicitation de la poignée, au point que les remises de gaz s'avèrent parfois même un peu brutales. Bien aidée par sa transmission courte et son poids plume, la Yam' tracte ensuite avec vitalité entre 5000 et 10000 tr/mn. Le couple offert garantit donc des reprises efficaces et de bonnes accélérations sur petites routes sinueuses, révélant au passage un caractère parfaitement adapté en usage urbain ou routier (pour un quatre cylindres s'entend !). Contrepartie logique, l'allonge est un peu limitée et l'on arrive vite sur la dernière partie du compte-tour. Les débutants s'en satisferont volontiers, mais les pilotes expérimentés resteront un peu sur leur faim. Reste que pour une moto d'entrée de gamme, la XJ6 est valorisée par un moteur joueur, sans être exigeant, en accord avec son positionnement. La consommation est à l'avenant (environ 6,3 l/100 km) pour une autonomie de 250 à 280 km selon le mode de conduite.
Le bon compromis
Côté comportement dynamique, la dernière Yamaha se met en évidence par son bon compromis entre vivacité et stabilité. Il faut dire qu'avec ses petits 211 kg (tous pleins faits), son empattement court (1440 mm) et ses pneus fins (160 mm à l'arrière), le roadster japonais virevolte avec une facilité déconcertante. Que ce soit entre les voitures en ville, ou en entrée de virage sur route, la XJ6 se place en clin d'oeil. Dans le même temps, son train avant se montre globalement assez stable sur les changements d'angle rapides ou à vive allure. Bien sur, le cadre tubulaire en acier et la fourche de moyen calibre n'offrent pas la rigueur d'un roadster sportif sur un revêtement lisse. En conduite soutenue, mieux vaut donc seconder les contre-braquages par une pression prononcée sur les repose-pieds pour virer d'un seul tenant. Malgré tout et pour un roadster de cet acabit, la XJ6 révèle tout de même un comportement très sain. Aussi vive qu'une ER6, mais dotée d'un train avant plus sécurisant, beaucoup moins pataude qu'une bandit, elle égale quasiment la référence de la catégorie en termes de tenue de route, la Honda CBF600. Le freinage est très correct offrant un bon répondant à l'attaque. Quant aux suspensions, elles gomment avec brio les irrégularités de la route grâce à une bonne retenue hydraulique, notamment à l'arrière. En revanche, le gabarit compact de la XJ6 limite forcément le confort. La selle fine use le fessier des occupants à la longue. Les jambes du passager ne sont pas trop repliées, mais l'espace est exigu. Enfin et comme sur la plupart des roadsters Naked, la protection est limitée sur voie rapide.
Bilan essai Yamaha XJ6
Au final, Yamaha semble donc avoir trouvé le bon compromis avec sa XJ6. Plus compacte, plus fun et surtout plus sexy que les actuelles basiques à moteur quatre cylindres (CBF et Bandit), elle se positionne sur le même créneau que l'ER6. Affichée à un tarif quasiment identique (6149€, soir 50 de plus que la Kawa), la Yamaha est moins bien finie, mais semble un peu plus rigoureuse que sa rivale japonaise. Elle s'en différencie surtout par sa motorisation. Alors twin
ou quatre cylindres
? Telle est finalement la question...
Équipement/pratique
Au tableau de bord : compte-tour à aiguille, voyant de pression d'huile, voyant température d'eau, voyant de défaut moteur, voyant de clé codée ; écran digital avec vitesse numérique, heure, température moteur, jauge à essence à segments, 2 trips partiels et trip total.
Au guidon : écartement levier de frein avant réglable (molettes crantée), feux de détresse, coupe-contact
Sur la moto : béquille latérale, poignées de maintien passager, espace pour antivol U/bloc disque sous la selle, sabot moteur, amortisseur arrière réglable en pré-charge de ressort, tension de chaîne par roue tirée
On aime bien
- Prise en main
- Look
- Moteur rempli
On aime moins
- Confort pour les grands
- Pas de béquille centrale
- Protection
Notre avis
Quotidien | ⭐⭐⭐⭐⭐ |
Voyage | ⭐⭐ |
Loisir | ⭐⭐⭐⭐ |
Sport | ⭐⭐⭐ |
Duo | ⭐⭐⭐ |
On vous regarde | ⭐⭐⭐⭐ |
On la détaille | ⭐⭐ |
On l'écoute | ⭐⭐⭐⭐ |
Photos essai Yamaha XJ6
Ecouter le son
Fiche technique Yamaha XJ6
Tarif (janvier 2009) | 6 149 |
Puissance | 78ch à 10000 tr/min |
Couple | 6,1mkg à 8500 tr/min |
Frein AV | 2 disques 298mm, étriers double pistons |
Frein AR | 1 disque 245mm, étrier simple piston |
Hauteur de selle | 785mm |
Poids (constructeur) | 211kg tous pleins faits |
Réservoir/Conso | 17,3 L / 6,3 L aux 100km |
Diamètre de braquage | 4725mm |
Kilométrage au départ | 1700km |
Conditions météos | pluie (0°C) |
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.