Essai Yamaha MT01

Essai Yamaha MT01

Par Jean-Michel Lainé le .

Une machine unique par son esthétisme et le mélange des solutions retenues, une machine à part pour un pilotage à part...

A l'approcher, il faut bien l'avouer, la MT01 en impose par son style incomparable. Le moteur de 1700cm3 tout en hauteur dominé par un réservoir haut perché, les deux échappements au diamètre impressionnant et les vibrations cadencées au son sourd du twin sont autant d'indices qui ne trompent pas sur le caractère unique de la Yamaha.

Moteur et boîte
Le bi-cylindre en V culbuté et refroidi par air de 1700cm3 impose ses vibrations et sa sonorité au pilote : la moindre rotation de la poignée en délivre une dose de plus pour le plaisir des sens. Le moteur reprend à partir de 1200tr/min environ jusqu'à 4500 et peut encore monter pour atteindre la limite de la zone rouge à 5500tr/min.

Le couple comme le frein moteur sont deux composantes qui caractérisent fortement la MT01. Le moteur tracte avec force et souplesse en même temps comme un gros moteur de custom sait le faire. La sonorité imposante de la machine se fait entendre à chaque instant ( 94db à 3563tr/min). C'est agréable de rouler à l'oreille, de trouver la mélodie qui colle bien à la route, la force de la machine fait le reste. La route s'avale à bon rythme en tournant la poignée sans spécialement jouer de la boîte, tout en souplesse.

Originalité de la Yamaha, un extracteur d'air placé sous les échappements tout à l'arrière de la machine évacue le trop plein de chaleur après des séances de roulages intensifs.

Coté boîte de vitesses, les changements sont faciles et précis. Il faut reconnaître qu'à moins d'imposer un pilotage résolument sportif, les changements de rapports sont rares tant le moteur semble ne jamais faillir à la tâche.

Fourche et suspension
La fourche inversée totalement réglable donne un cachet résolument sportif à la MT01, d'ailleurs c'est de cette catégorie de machine qu'elle provient. L'amortisseur horizontal placé sous la machine est lui aussi totalement réglable et un cache lui évite d'être couvert de boue lorsqu'il pleut.

Les réglages de base de l'ensemble font la part belle au confort. Les irrégularités disparaissent sur la quasi totalité des routes empruntées. En revanche, la machine dandine légèrement à haute vitesse et demande du tact sur les virages bosselés. Ceci peut être adapté facilement avec les nombreux réglages proposés qui permettront d'adapter la moto à votre style de conduite.

Freinage
Le frein avant radial est tout simplement puissant sans pour autant être brutal. Issu lui aussi du " sport ", il s'utilise très simplement et très efficacement sans redouter la moindre surprise. C'est réellement un atout au quotidien.

Le frein arrière manque pour sa part un peu de mordant mais le couple important de la machine fait que dans la grande majorité des cas, on n'utilise que très peu les freins pour ralentir ou stabiliser la machine.

L'essentiel est là : on peut freiner fort si besoin, le frein avant comme la fourche permettent de soigner la réalisation de cette manoeuvre.

Duo
La large selle est accueillante. Les échappements qui peuvent inquiéter au premier coup d'oeil sont parfaitement protégés et l'extracteur d'air évacue le supplément de chaleur si besoin.

Sur les phases de freinage, le passager peut se retenir très facilement au réservoir pour éviter d'écraser son pilote. On remarquera les repose-pieds en un seul morceau qui tiennent de l'objet de design pur.

Confort
Le réservoir perché au dessus de l'imposant moteur fait paraître la selle bien basse. En effet, on rentre dans la MT01 plus qu'on ne s'y pose mais les marques sont vite retrouvées dès les premiers tours de roues effectués.

Le large guidon droit donne l'impression de se trouver au guidon d'une machine d'une autre catégorie. Si sa position s'avère très correcte dans le temps, il faut avoir les bras longs pour pouvoir l'attraper car si la selle n'est pas particulièrement haute, elle est relativement éloignée du guidon. Cela renforce beaucoup l'impression de puissance que dégage la monture, le moteur colossal s'intercalant entre l'équipage et le tableau de bord.

Au fil des kilomètres, la selle reste assez confortable. Bien en appui sur le large guidon et les repose-pieds bien placés, on peut enchaîner les virages sans sourciller au rythme des coups de pistons.

L'instrumentation digitale est dans les normes actuelles et le gros compte-tours à aiguille sérigraphié façon vieille voiture américaine, se fait plaisant au regard. Enfin, la visibilité dans les rétroviseurs est correcte.

Roulage
Pas facile de passer inaperçu avec cette MT01. Même si les gens ne la connaissent pas, ils se retournent d'abord parce qu'elle se fait entendre en arrivant en ville, ensuite parce que sa stature en impose au premier regard.

Le truc qui étonne dès le départ, c'est la légèreté de la machine qui affiche 250kg. En effet, même si sa hauteur est peu commune, la prise en main est immédiate. Le centre de gravité est bas. On la manoeuvre à basse vitesse comme une machine de bien moindre cylindrée.

La ville n'est pas tellement son truc, d'abord parce que le moteur a besoin d'air pour se rafraîchir, ensuite parce que les grosses gamelles même si elles savent faire preuve de souplesse, aiment les portions roulantes où l'on peut évoluer sur le couple.

Nous voilà donc à la campagne. On enroule sur le couple à un bon rythme et sans brutalité. Les changements d'angles sont faciles tant que les virages comme le revêtement restent réguliers. Sans toucher au sélecteur, sans attaquer à outrance, on se trouve à évoluer à un rythme très correct au guidon d'un cruiser qui se serait invité dans le châssis plus sportif d'un roadster.

Au fil des kilomètres on profite pleinement des qualités du bloc moteur qui sait nous faire profiter de son gros couple et de toute sa rondeur. On augmente la moyenne en s'appliquant dans ses trajectoires, en utilisant la reprise et le frein moteur important du V-Twin tout en conservant une consommation très raisonnable puisqu'on dépasse facilement les 200km avec les 15 litres d'essence.

En dehors de ses qualités dynamiques, cette machine flatte son pilote : le gros phare indique à celui qui nous devance que ce qui arrive derrière risque d'être peu commun. Une fois dépassé, les deux échappements à la sonorité imposante lui confirmeront que la MT01 n'est pas commune. Autre détail, on se voit au centre du compte-tours : les yeux écarquillés, le nez au vent et même le sourire aux lèvres si vous roulez en jet !

Bilan essai Yamaha MT01

Cette machine est unique par son esthétisme et le mélange des solutions retenues, on le savait en lisant la fiche technique. En roulant, on découvre une machine étonnante : un coeur de cruiser qui bat dans un corps de roadster, comme si on avait sorti le meilleur d'un custom pour en profiter pleinement dans une partie cycle qui permet un pilotage plus incisif.

Le plaisir de piloter la MT01 est difficile à retrouver sur une autre machine : enchaîner les virages en profitant du gros couple, s'en mettre plein les oreilles en ouvrant les gaz en grand, entrer dans des courbes rassuré par une partie cycle très correcte, regarder le visage des passants intrigués par l'arrivée de la Yamaha, se contempler dans le compte-tours, avoir la sensation de piloter une machine unique... c'est autant de petites choses qu'on retrouve difficilement sur une autre monture.

Prix public conseillé : 13250 euros (mai 2005)

Photos essai Yamaha MT01

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