KTM AMT : essai de la boîte automatique autrichienne

Par Jean-Michel Lainé le .

KTM dévoile aujourd'hui sa boîte automatique AMT ou plus exactement sa boîte manuelle automatisée qu'on a pu essayer en avant-première. Quelles sont les premières sensations et les différences avec les solutions concurrentes. Quelle boîte auto choisir ?

Boîte de vitesses KTM AMT sur le bicylindre 1390

Peut-être plus encore que les nouveautés très attendues de la marque autrichienne, ce qui titille la curiosité est l'arrivée de la boîte automatique ou plus précisément la boîte manuelle automatisée KTM AMT (Automated Manual Transmission). Le principe est globalement partagé avec le système Yamaha Y-AMT essayé sur la MT-09 et qui devrait s'étendre à d'autres modèles de la marque japonaise ou plus récemment avec la solution BMW ASA essayée sur la R 1300 GS et qui débarque bientôt sur la GSA, la GS Adventure.

Dites adieu à l'embrayage avec l'AMT

Pour KTM, Yamaha et BMW, le principe est donc d'avoir des commandes électro-mécaniques qui remplacent l'action de votre main sur l'embrayage et de votre pied sur le sélecteur. L'ensemble est commandé par un logiciel qui prend en compte l'ouverture des gaz, l'angle de la moto, le mode de conduite, le freinage, etc. pour passer le rapport adéquat en mode automatique. Chaque système permet aussi de l'utiliser en mode manuel ou d'intervenir sur le mode automatique pour forcer le rapport à utiliser. Tout ce fait sans utiliser l'embrayage qui de toutes les façons n'est plus présent quelle que soit la marque et l'ordre des rapports change pour avoir N123456, même PN123456 chez KTM et BMW, et non plus 1N23456 comme sur nos motos classiques.

Au commodo le bouton pour passer du mode manuel à automatique et le sélecteur pour changer de rapport sur BMW ASA

Honda propose autre chose avec sa boîte de vitesses à double embrayage DCT présent sur l'Africa Twin par exemple depuis plus de 10 ans. C'est une vraie boîte automatique et non pas une boîte manuelle qui est robotisée mais on peut l'utiliser de la même façon soit en manuel soit en tout automatique. Le système e-clutch qu'on connait sur la CB 650 R ne nous dispense que de l'embrayage mais ne change en aucun cas les rapports, c'est totalement différent et donc incomparable.

Sélecteur ou gâchette, KTM offre des deux

KTM a fait le choix de proposer les deux commandes si vous optez pour la boîte automatique AMT donc vous pouvez monter et descendre les rapports avec l'index et le pouce ou de façon plus classique avec le pied. Ça ne change rien au résultat, c'est plus instinctif avec le pied peut-être mais c'est bien plus simple et rapide avec les doigts une fois le pli pris. Chez la concurrence, Yamaha ne propose que les gâchettes, Honda aussi avec son DCT mais on peut avoir le sélecteur en option sur certains modèles. Chez BMW, seul un sélecteur commande le système ASA sans possibilité de gâchette.

A gauche les gachettes pour monter et descendre les rapports, à droite le bouton pour passer du mode manuel à automatique sur la Yamaha Y-AMT

Les gâchettes demandent un temps d'adaptation si vous avez une longue expérience du sélecteur mais ce n'est pas ce qui va déstabiliser le plus lorsqu'on s'élance. Le plus étonnant est de ne pas avoir d'embrayage à manipuler même pour passer la première. Si vous aviez une bon shifter sur votre moto, ce sera moins perturbant sur les rapports supérieurs. Oublier le sélecteur se fait vite et on adopte facilement les gâchettes mais le système KTM AMT comprend les deux comme ça vous pouvez choisir et prendre le temps de vous y faire.

Essai KTM AMT face à la concurrence

Le rapide test en avant-première d'un prototype KTM équipé de la boîte automatique AMT permet d'en faire une comparaison avec la concurrence déjà testée parce que les 3 systèmes offrent des ressentis très différents à l'usage. On met de côté le DCT de Honda qui n'est pas du tout basé sur les mêmes solutions techniques. Avec les années, le DCT est devenu très discret et efficace avec les différentes modes dont il dispose pour la ville ou pour des moments plus sportifs au point d'équiper une large gamme de motos et scooters. Concentrons nous sur les boîtes manuelles automatisées telles que la KTM AMT, qui équipera notamment la Super Adventure 1390 S EVO 2025, qui en plus de l'automatisme conservent la sportivité d'une boîte manuelle.

En automatique, on ne peut pas caler ni rater son démarrage en côte chargé comme une mule. On peut évoluer sur un filet de gaz. La boîte AMT fonctionne avec les modes de conduite dont le mode Sport comme chez BMW mais ce n'est pas le cas chez Yamaha qui réclame de passer en manuel pour le sport en l'absence de ce mode sur la Y-AMT. Lorsqu'on veut une relance vive, il suffit d'ouvrir les gaz en grand d'un coup franc. La KTM rétrograde avec une certaine violence mais on se relance franchement pour le coup. Yamaha est plus doux dans la manoeuvre mais on est sur un moteur 3 cylindres et pas un gros twin de presque 1400 cm3. BMW manque de douceur aussi pour une grosse relance et en plus rechigne nettement à tomber un rapport en mode Road (route) rendant les relances mollassonnes ce qui n'est pas du tout le cas de la KTM. En mode manuel, si on accélère au point d'approcher le régime maximal sur notre prototype KTM, la boîte passe seule le rapport supérieur ce qui n'est pas le cas chez les autres qui restent au rupteur tant qu'on agit pas avec la gâchette chez Yamaha ou le sélecteur chez BMW. A l'inverse, lorsqu'on coupe les gaz et ralentit au point d'atteindre un sous-régime, tout le monde passe le rapport inférieur avec plus ou moins de délai. Ainsi on est toujours arrêté au feu en 1ère prêt à repartir. Quel que soit le mode, la boîte AMT passe les rapports en 50 millisecondes.

Test de la boîte automatique KTM AMT sur le prototype de la Super Adventure 1390 S EVO qu'on ne peut pas vous montrer pour l'instant

Au final, la boîte automatique KTM AMT est plutôt réussie sur le prototype qu'on a pu essayer si on fait abstraction du rétrograde pour une grosse relance qui est vraiment brutal. Pour le reste, rouler en ville sur un filet de gaz est très facile, évoluer à allure modérée aussi avec les rapports qui s'enchainent avec douceur un peu comme la Yamaha mais pas comme la BMW ASA pénalisée par des à-coups. A bonne allure, la KTM se fait oublier tant en montant les rapports qu'en les descendant sur un freinage appuyé tant qu'on est en mode Sport. L'ensemble fonctionne bien quel que soit le mode de conduite et apporte un certain confort pour les longs trajets puisqu'on limite les mouvements. En mode manuel, c'est pour tout le monde pareil puisqu'on peut passer les rapports rapidement même les premiers comme on ferait avec un bon shifter sur les rapports supérieurs. Contrairement à BMW, KTM AMT n'a pas d'à-coup exagéré et propose tout de suite une solution intéressante pour les voyageurs parce que ça apporte du confort sur les longs trajets ou tout simplement lors de la traversée des villes sans nous priver des possibilités d'un pilotage sportif.

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