Kawasaki Z650 RS : Soleil vert

Par Maya Camus le .

Pour 2022, quatre ans après la Z900RS, Kawasaki enfonce le clou dans le rétro avec sa petite soeur Z650 RS, issue comme la grande du roadster Sugomi. Flashback dans les seventies, quand Solyent Green préfigurait le futur que nous sommes en train de vivre.

Kawasaki Z 650 RS L'oeil de Maya

En ce premier jour de printemps de l'an de grâce 2022, un lundi 21 mars où l'astre solaire inonde l'Ile-de-France de ses chauds rayons, je vais rendre la Z650RS que j'ai empruntée il y a une semaine au parc presse Kawasaki. Le litre de sans plomb facturé plus de 2€ me donne une raison supplémentaire de ne pas vouloir faire disparaître le petit témoin  éco  au tableau de bord de la moto (notez ici ma conso moyenne entre ville, balade et grands axes : 4,5 l/100 km). Mais surtout l'air est doux, et sur l'autoroute qui me mène vers Elancourt j'ai envie de regarder le vert pousser sur les arbres et dans les champs des Yvelines. Je pourrais presque entendre la sève qui monte, le twin ronronnant gentiment, calé juste en dessous de 110 km/h, un peu en deçà des 5500 tr/min, régime auquel, à l'accélération surtout, naissent quelques chatouillements entre mes cuisses - smiley clin d'oeil en tirant la langue ;-p On est bien, elle et moi, c'est nourrissant tout ce vert.

Kawasaki Z650 RS 2022 à partir de 8299 € (8449 € en vert)

Solyent Green

En 1966, la toute première Z650 RS n'était pas encore née (ce sera en 1977) quand Harry Harrisson publiait son roman d'anticipation  Solyent Green  (Soleil vert en français), qui sera adapté au cinéma en 1973 par Richard Fleischer. L'histoire se passe en 2022... Et si nous ne connaissons pas (ou pas encore) l'horreur anticipée par l'auteur, il semblerait que nous nous en approchions. Harrisson avait en tout cas eu le nez creux : aujourd'hui, le vert c'est la couleur star ! Et aujourd'hui, contrairement à l'époque, le motard lambda préfère largement la nostalgie du rétro à l'avenir  vert  pédalo-électrique imposé par les pouvoirs publics, dont on ne sait pas vraiment si ce sera la panacée en terme de protection de l'environnement... Il faut en profiter avant que le twin de la Z650 RS ne soit remplacé par un brushless ! C'est d'ailleurs peut-être le chant du cygne de ce moteur bien né qui aura fait pas mal d'émules (notamment chez CFMoto, le constructeur chinois, qui a hérité de cette licence pour son marché) : Kawasaki promet une gamme 100 % électrique et hybride d'ici 2035 pour les pays développés... Vous me remettrez une platée de Solyent Green svp ?

Deux beaux compteurs ronds et analogiques que ne gâche pas l'écran numérique au centre

Carpe diem

Bon. Il s'agirait tout de même de mettre l'adage latin Carpe diem en pratique : Covid + guerre nucléaire = vivons ce jour comme si c'était le dernier, et pardon à l'avenir. Pour cela, la Z650 RS est parfaite. Grâce à elle je redécouvre ce bicylindre un peu trop vu sur le roadster et le trail. Il y est pourtant repris à l'identique, mais l'effet n'est plus le même, on a même l'impression que la sonorité a changé : est-ce du fait de l'ergonomie radicalement différente ? Au moins ici n'est-on pas  encastré  dans la moto, les grands notamment profitant de davantage de latitude, sans que les petits soient gênés.

Le logo en relief et en italique est conforme à celui de la Z650 de 1977

On l'enfourche sans y penser, elle est facile comme une 125, rigolote à souhait entre poids plume et twin pétillant, l'embrayage - assisté et anti-dribble - est tendre comme un chamallow (avec un point de patinage en tout début de course nickel pour les petites mains, mais assez court d'où quelques calages dans la précipitation !), ce qui compense la boîte toujours un peu dure, les freins bien équilibrés, les pneus Dunlop moyens irritant l'ABS surtout à l'arrière... beaucoup de plaisir en toute simplicité.

D'un seul bloc et assez proéminent, le feu arrière est bien à l'ancienne Z

Classique ou néo ?

Et puis les jolies courbes du réservoir, et puis le joli feu arrière, et puis ce logo vintage en relief (pour la version du logo en italique ajoutez 98 € !), et puis les deux compteurs analogiques (avec écran numérique au centre), et puis ce vert relevé de doré, bref ces lignes héritées des Z900 et Z650 des années 1970 dont il faut saluer la réalisation, au-delà des détails de finition moins glamour, et au-delà du fait qu'il lui manque tout de même deux cylindres à cette Z650RS  new age ...

Rien de tel qu'une touche chromée pour relever le regard !

Pour le coup, d'un point de vue esthétique, je préfère nettement cette évocation rétro à celle de la concurrente aux trois diapasons : disons que je suis plus rétro classique que rétro néo !? Ce qui est marrant, c'est que Z650RS et XSR 700 m'auront toutes deux laissé la même saveur sucrée que je n'ai pas retrouvée sur leurs cousines roadsters. Cela me rappelle la présentation presse de la Yam, un de mes meilleurs souvenirs malgré la pluie qui s'était invitée, où j'avais même gagné le  run  lors du petit jeu organisé entre les journalistes par la marque : bien décidée à en découdre, je mets plein gaz, et wheeling ! Ce qui pour tous les jours n'est pas forcément le plus recommandable, certes... Mais c'est pour dire : voilà le genre de motos qui te rend meilleur pilote que tu ne l'es !

Difficile de cacher ce radiateur...

Dum loquimur, fugerit invida aetas : carpe diem, quam minimum credula postero.
Pendant que nous parlons, le temps jaloux s'enfuit. Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain.
Horace,  Odes 

Cet article fait partie du reportage L'oeil de Maya.

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