Essai KTM Supermoto 950

Essai KTM Supermoto 950

Par Jean-Michel Lainé le .

Vous trouvez les sportives trop exclusives, vous aimez les supermotards mais les trouvez un peu limités passés 50km, essayez ceci

Vous trouvez les sportives trop exclusives mais vous aimez les machines peu avares en sensations ? Vous aimez les gros trails bicylindres mais vous les trouvez trop patauds ? Vous aimez les supermotards mais vous les trouvez un peu limités passés 50 kilomètres ?

KTM a pensé à vous en mixant son méchant roadster Superduke avec son très efficace trail Adventurer et c'est donc la 950 Supermoto qui déboule sur nos routes avec bon nombre d'arguments !

Moteur et boîte
C'est le seul bicylindre en V à 75° de la marque que l'on retrouve au coeur de la machine mais cette fois ci en version 950 cm3 alimenté par deux carburateurs de 43mm, le passage à l'injection étant prévu.

98 chevaux au programme et toujours un poids de 58kg pour cet étonnant moteur. Les ingénieurs autrichiens ont positionné le réservoir d'huile en avant du moteur. Le contrôle du niveau de ce dernier se fait par un astucieux tube translucide (pratique et efficace).

On finit le tour de la bête par les deux échappements qui s'élèvent vers le ciel et laissent entendre une sonorité contenue mais sportive accompagnée par un sifflement moteur que ne renierait pas une turbine .

En action, on est franchement épaté par la disponibilité du bi et son caractère très joueur. Très bien rempli, il accepte aussi d'évoluer à bas régime sans cogner mais c'est réellement en le poussant qu'on se rend compte de son efficacité. Secondé par une boîte rapide et ferme comme on aime (seul le sélecteur est à repositionner un peu vers le bas), il prend sa pleine mesure sur les petites routes qui tournent tractant dès les plus bas régimes (pas de compte- tour !).

Il se laisse emmener haut dans les tours mais c'est dans les régimes intermédiaires qu'il prend sa pleine mesure offrant un coffre et une allonge omniprésente qui risque de laisser bon nombre de sportives loin derrière.

Parfaitement dosable, on sait toujours où on en est sans jamais se faire déborder par la puissance qui reste plutôt généreuse, encore une fois on applaudit les qualités de ce bloc !

Partie cycle
Un Supermotard même typé route, c'est d'abord une bonne grosse fourche capable à la fois d'encaisser de gros freinages et d'absorber trous et bosses avec sérénité. Avec ce modèle de chez White Power de 48mm réglable dans tous les sens, on voit venir en toute décontraction les aléas de la route.

Suffisamment souple en début de course pour être confortable sur les grands trajets et sur les petites routes mal revêtues, la fourche se raffermit tout de suite dès que le pilote passe en mode "attaque" sans provoquer de plongée excessive.

Parfaitement associée à un amortisseur de même marque sans biellette (technique héritée du tout-terrain !) qui filtre lui aussi la route à merveille, l'ensemble offre une grande précision de guidage que l'on ne pensait pas trouver sur une moto de ce type.

Le châssis de la Supermoto 950 (cadre treillis acier de 11kg - 1.51m d'empattement) offre une agilité sans pareille dès que ça tournicote d'autant plus que la garde au sol est importante. La moto s'extrait des virages comme une balle, en s'enfonçant légèrement de l'arrière, elle donne une impression d'appui particulièrement agréable et permet de nombreuses fantaisies... Trajectoire au cordeau ou tout en glisse, le choix proposé par l'orange est vaste et ouvre beaucoup d'horizons !

Freinage
Alors là, attention! Nous attaquons un mets de choix, la Supermoto se dote de la totale Brembo : à l'avant, doubles disques flottants de 305mm à étriers 4 pistons avec un maître-cylindre radial et un disque de 220mm à l'arrière. Les leviers (embrayage et frein) sont réglables à l'aide de deux petites molettes pas très accessibles en roulant.

On obtient un freinage qui aurait de quoi rendre vert de jalousie la moindre Superbike, dont le train avant semble d'ailleurs tout droit sorti, à la fois par son indéniable beauté et par une puissance de freinage absolument redoutable ! La Superduke nous avait déjà bluffés mais était brutale, cette fois-ci, douceur, force et efficacité sont au rendez-vous, à vous les joies des freinages de trappeur sans sueurs froides !

Il faudra juste contrôler les freinages plein angle, là où la Supermoto aura tendance à se relever un peu, chose normale avec les grands débattements, l'arrière, lui, ayant tendance à bloquer assez rapidement.

Duo
Pas de duo sur cet essai, mais la 950 Supermoto semble ménager une place acceptable au passager puisqu'on trouvera un porte-paquet avec des poignées intégrées, des repose-pieds positionnés assez bas et une selle plutôt épaisse. Les échappements sont isolés mais gare à ne pas confondre les silencieux et le capotage isolant !

Confort
Afin de rester fidèle à la tradition du Supermotard, il aurait été mal venu de mettre autre chose qu'une plaque phare typée enduro. On comprendra vite que l'autoroute n'est vraiment pas la tasse de thé de la belle orange. Même si elle peut s'y aventurer sans crainte, il faudra absolument respecter les limitations seuil au delà duquel les turbulences deviennent très pénibles, une bonne chose pour votre permis.

Attention, l'engin peut dépasser allégrement les 210km/h mais cela impose une position de conduite très désagréable, les bras écartés les fesses en arrière et le buste sans appui... de toute façon, le Supermot' c'est fait pour tourner !

Au quotidien la moto reste une machine haute (865mm de hauteur de selle) sous 1m78, il faudra se tenir sur la pointe des pieds mais notre essayeuse féminine n'a pas eu de difficulté particulière.

Une fois à bord, on a l'impression d'être assis au milieu de la moto, l'assise est neutre, la selle ronde et confortable permet de se déplacer aisément. La place offerte sous celle-ci est faible. Le grand guidon sans barre sera un avantage en ville (on passe même au dessus des rétros !) et le rayon de braquage hérité de ses petites soeurs enduristes permet de tourner dans un mouchoir de poche.

Le tableau de bord digital à fond orange provient de l'Adventurer et de la Superduke : deux trips, un décompte des kilomètres restants au passage en réserve, toujours pas de jauge, et température moteur. Il manque un compte-tours mais son absence se fait oublier au bout de 10 minutes : on conduit à l'oreille, au ressenti !

Roulage
Campée sur ses grosses jantes à bâtons de 17 pouces, chaussée de Pirelli Scorpion au grip parfait et affublée de ses énormes écopes de réservoir, la Supermoto 950 impressionne une fois à bord mais au bout de 300m on se sent comme à la maison : une convivialité étonnante.

Un centre de gravité bas lui confère une excellente maniabilité contrastant avec un train avant que l'on sent bien présent, massif mais franc, et un poids contenu (191kg sans les pleins).

L'autrichienne sait se montrer douce, confortable et parfaitement utilisable en balade, on reste assis très droit à la manière d'un gros trail le regard portant loin, la machine enroule bon train elle se place au doigt et à l'oeil bien aidée par le large guidon, la partie-cycle étant un modèle de confort dès que ça commence à chahuter sans jamais offrir une sensation de mollesse souvent reprochée à ces grosses machines.

En fait la KTM est tout sauf une grosse machine et dispose surtout de deux visages. Rapprochez-vous du réservoir, écartez les coudes, penchez-vous en avant et la route se transforme en un super terrain de jeu !

La moto permet de rouler sur le couple mais dispose passés 5-6000tr/min environ, d'une deuxième réserve de puissance qui vous catapulte littéralement, sortie de virage en glisse à volonté et pour peu que vous trouviez une petite bosse la machine se retrouve le nez en l'air.

Le freinage se charge de tempérer les excès d'optimisme ! Il conviendra quand même de se méfier des sorties de virages virils sur mauvais bitume, la roue avant étant toute légère dans cette phase, cela pourrait occasionner des guidonnages.

Ce moteur puissant, coupleux et nerveux mais toujours parfaitement gérable associé à un châssis ultra sain et équilibré, la KTM offre une polyvalence qu'on est très loin d'imaginer au premier contact.

La consommation permet de dépasser les 200km (réservoir de 17.5l) et laisse entrevoir des possibilités de voyages au long cours sans souci.

Bilan essai KTM Supermoto 950

En supprimant les défauts des Supermotards, autonomie et confort notamment, en gardant les qualités propres à ce type de machine (maniabilité, vivacité, sportivité) et en ajoutant l'agrément d'un twin , une qualité de fabrication indéniable et un look qui ne laissera pas indifférent, KTM a créé une moto qui sort vraiment des sentiers battus à laquelle il est difficile de trouver des défauts tant elle nous a plu ! Ah si ! Vous allez faire des jaloux en haut des cols !!!

Route, ville, montagne ou circuit, la polyvalence de l'autrichienne a démontré que KTM avait visé juste avec son concept. 950 Supermoto, la (très) bien nommée !

Prix public conseillé : 11250€ (septembre 2005)

Photos essai KTM Supermoto 950

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