Essai Kawasaki ZX10R

Essai Kawasaki ZX10R

Par Jean-Michel Lainé le .

Facilité est le maître mot de la version 2006 qui gagne en agrément de conduite et par conséquent en efficacité pour tous

Revue par Kawasaki, la ZX10R cuvée 2006 se remarque du premier coup d'oeil par son nouveau bloc optique et ses deux échappements en titane sous la selle. En coloris noir avec les inscriptions de couleur argent, en dehors du R qui est d'un rouge vif, elle montre une certaine classe et se fait remarquer en ville. La nuit son compteur éclairé en blanc fait le reste, les gens viennent y jeter un regard au moment du départ. Ceci dit, cette machine n'étant pas un modèle d'exposition, nous voilà en route.

Sur un filet de gaz, on s'élance tout en douceur dès 2000tr/min même si dans les faits, on reste très souvent au-delà des 5000. La ville se traverse finalement bien à un régime moyen et à une vitesse contenue. Quand la route se dégage, on apprécie les montées en régime qui sont aussi rapides que linéaires et surtout sans véritable seuil qu'il faudrait franchir. Du coup la plage d'utilisation est particulièrement large, de quoi adopter un rythme d'enfer sans pour autant jouer avec la boîte de vitesse.

La sonorité est très présente. Sur le papier, la ZX10R annonce 99db à 5250tr/min ) ce qui est déjà important en ville, d'autant plus que ce régime est très largement suffisant pour y perdre son permis. Lorsque l'on roule ailleurs, on profite pleinement des bruits d'admission et d'échappement à des régimes bien plus élevés. La zone rouge fixée à 13000tr/min est atteinte en un clin d'oeil et un témoin orange très lumineux signale son approche. A la vitesse où l'aiguille du compte-tours grimpe sur les 3 premiers rapports, on change de vitesse quand il s'allume, c'est simple et diaboliquement efficace.

La boîte est facile, rapide et précise. L'embrayage d'une grande douceur permet de changer de rapport sans fatigue même si en conduite sportive on ne s'en sert pas. Si l'humeur est à rouler plus calmement, le couple et la très grande plage d'utilisation du moteur autorisent aussi de se caler sur un rapport et de simplement jouer de la poignée de gaz. Une utilisation plutôt orientée balade que sportive donc, mais qui se fait sans problème.

Le moteur est enserré dans une partie cycle sans reproche où la fourche et l'amortisseur se règlent dans tous les sens. En roulant, on a un peu l'impression que nos amis de l'entretien viennent de refaire tout le revêtement des routes. Bien sûr on sent les bosses mais les imperfections sont effacées et on roule sur du velours. Un bon test est de passer sur des bandes rugueuses, certaines machines réagissent plus ou moins, la ZX10R les avale : les yeux fermés, on ne sait pas qu'on vient de les franchir !

Inutile de préciser que pour freiner tout cet excès de cavalerie et parfois de confiance, les freins se doivent d'être à la hauteur. Tout est monté radial sur la Kawasaki et offre une efficacité de premier ordre. Le frein avant très puissant s'utilise sans sourciller avec deux doigts. La puissance est très facile à doser et l'attaque pas surprenante, on peut donc attraper le levier avec force sans crainte. Aidé par le couple moteur important sur ce moteur 4 cylindres de 1000 cm3, on peut retarder les distances de freinage et beaucoup plus raisonnablement pour un usage routier, avoir une plus grande marge de sécurité.
Le frein arrière est lui aussi efficace. En complément de l'avant ou seul pour tasser l'arrière, il le fait très bien avec une bonne facilité d'utilisation.

Et le confort dans tout ça ? Sur route où sur circuit cela reste important même si ce n'est pas pour les mêmes raisons. Bien entendu, on n'est pas au guidon d'une GT, mais force est de constater que l'assise est très correcte. La position très sur l'avant nous oblige à adopter un positionnement à l'attaque avec le nez presque au dessus de la bulle si on se relève un peu et avec des appuis importants sur les poignets.

Couché sur le réservoir, on appréciera la protection à vitesse élevée, mais il faut être complètement couché car la bulle d'origine est basse. On appréciera également la parfaite lisibilité du tableau de bord avec toutes les indications regroupées, claires et bien en vue quelle que soit la position. Pour compléter le tour de la question, que l'on soit contre le réservoir ou bien au fond de la selle calé dans l'arrondi qui marque le début de la selle du passager, les leviers et pédales sont toujours utilisables facilement. Cela paraît évident, mais sur certaines machines ce n'est pas le cas du sélecteur par exemple.

On évoquait le passager, revenons à celui-ci. Même si cette machine est destinée à faire de la piste de par sa conception, l'usage routier se fait parfois à deux et cette ZX10R logera le passager à une enseigne minimaliste comme toutes les machines de cette catégorie, pas de surprise en vue : Jambes pliées, pas de poignées et petite selle sont au programme. Après tout, le sport, on le vit en pilotant...

Un point important pour une utilisation routière, il y a une petite place sous la selle du passager qui permettra d'y glisser une chaîne ou un pantalon de pluie par exemple, cela peut toujours être utile et évitera de prendre un sac à dos pour une petite balade dominicale. Pour l'aspect pratique, on notera la présence d'un témoin de réserve qui nous ordonnera de passer à la pompe car il faut reconnaître que la consommation peut atteindre facilement dix litres au cent sur les petites routes de nos contrées avec un usage un peu sportif mais toutefois raisonnable.

Raison il faudra garder au guidon de cette machine qui pulvérise toutes les limitations de vitesse sur le premier rapport y compris en restant sagement sur l'autoroute. Si, sur le premier rapport on ne rentrera pas à pied, le second, en revanche, suffira largement à l'objet du délit et en ville il faudra conduire les yeux rivés sur le tableau de bord.

Sur de belles routes, il y a moyen de bien rouler à un bon rythme sans toucher à la boîte, juste à l'accélérateur en se plaçant sur le bon rapport, le deuxième si on veut être un peu plus pointu, le troisième si on privilégie plus le couple. Le jeu est plutôt sympa et la vitesse moyenne plutôt (très) élevée. La machine est parfaitement maintenue entre les cuisses, la forme du réservoir y étant pour beaucoup, les appuis sur le guidon sont très importants et le placement du corps est idéal pour rouler vite et bien, la facilité d'utilisation est déconcertante. En usage sportif, ce n'est pas la machine qui imposera ses limites, elles sont très hautes.

Bilan essai Kawasaki ZX10R

Il est évident que c'est sur la piste que les bons pilotes pourront tirer le meilleur parti de cette ZX10R. D'ailleurs pour le coté pas raisonnable ou plutôt raisonnable sur circuit, la Kawasaki propose un chronomètre qui s'actionne directement au guidon. Marche et arrêt d'un coté et temps des tours d'un mouvement de l'autre pouce, cela ne remplacera pas un véritable chronométrage, mais c'est toujours intéressant d'avoir quelques idées de ses performances si on va sur un circuit de temps en temps plutôt que d'investir dans du matériel.

Par comparaison à la ZX10R de l'année dernière, la machine brille par une plus grande facilité d'utilisation avec son moteur non moins puissant mais plus linéaire donc plus simple à exploiter, ses freins de 300mm très progressifs et, cerise sur le gâteau, un amortisseur de direction Öhlins de série. Coté esthétique, on appréciera l'intégration des clignotants avant et arrière au carénage ainsi que le double échappement en titane.

La ZX10R est disponible en noir brillant, vert Kawa bien sûr et argent au prix conseillé de 13799 euros (avril 2006).

Photos essai Kawasaki ZX10R

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