La Ducati Diavel avait créé une énorme surprise en venant jouer dans la cours des cruisers avant d'en ajouter une couche avec la XDiavel équipée de son réservoir affiné, sa superbe jante arrière largement mise en valeur et affublée de commandes avancées.
Le style de la Ducati XDiavel ne laisse pas de marbre. Tout le monde à son avis sur la bête. Il faut reconnaitre qu'avec son arrière court qui ne masque pas l'énorme pneu de 240 et pourrait faire oublier qu'il y a une place pour le passager, le galbe de son réservoir qui n'est pas sans rappeler celui des Monster et son moteur 1200 de 152 chevaux très largement mis en exergue, il ne faut pas compter passer inaperçu. Ce n'est pas le but de cette XDiavel. Mais voilà , les cruisers ne plaisent pas à tout le monde, alors Ducati s'est dit que c'était une bonne idée d'offrir la possibilité de changer de position en 2018.
Un power cruiser qui est surtout power, full power même
L'excitation à faible vitesse, c'est ce que nous promet Ducati au guidon de la XDiavel. Rien de moins. D'un côté c'est vrai, tant sa plastique inspire plein de choses exaltantes, tant on se projette à son guidon dans les paysages américains, tant on a hâte de prendre la route sur cet engin bestial. D'un autre côté on est bien au guidon d'une Ducati, la marque italienne qui a fondé toute sa légitimité ou presque sur le Superbike et qui avait scotché tout le monde avec l'arrivée de la Diavel première du nom. L'ange et le démon sont dans les gênes de ce XDiavel, au croisement des chemins. Mais commençons par le petit ange qui sommeille.
Côté angélique, notre Ducati XDiavel S se montre étonnamment docile à une allure raisonnable. On pourrait presque croire qu'elle n'est finalement qu'un gentil cruiser. Bien campé sur la selle, le large guidon en main, on n'a aucun mal à faire tourner l'engin dès qu'on roule un peu. Cette moto n'est même pas très lourde à relever de la béquille. On évolue à faible allure sans aucune crainte même si on sent bien qu'il ne faut pas trop être vif avec la poignée. Elle parait presque légère, on l'incline et la manie sans trop d'effort, ce qui laisse le temps de se regarder passer dans les vitrines. C'est beau, ça a une gueule incroyable, ce serait dommage que seuls les autres puissent profiter du spectacle.
Mais la X-Diavel, c'est aussi des performances démoniaques (ah ah). Sa vivacité ne faiblit pas avec l'allure qu'on lui impose, jamais. Cette Ducati est assez facile à passer d'un angle à l'autre, incisive dans ses trajectoires, et explosive lorsqu'on ouvre les gaz surtout si on a pris soin de se mettre en mode Sport. Parce qu'il y a plusieurs modes de conduite, dont cet inénarrable mode Sport qu'on pourrait nommé mode  même pas peurÂ
. Attention à ne pas éternuer en roulant une fois les 4000tr/min passés, la réponse à la poignée est instantanée et sans sommation ! Ça tire sur les bras c'est le moins qu'on puisse dire, avec l'incroyable souffle du bicylindre et la prise au vent qui assurent de bonnes séances de musculation offertes à chaque relance. Enfin un Power Cruiser qui porte bien son nom, on pourrait même le nommer Full Power Cruiser tant il a du souffle ce petit diable.
Le soin du détail et de l'ergonomie
En dehors d'une prise en main qui laissera songeur celui qui pensait qu'un cruiser était fait pour cruiser en rêvassant, le XDiavel se pare de riches atouts. Il y a son style bien sûr qu'on ne finit pas de détailler à l'image des commodos rétro-éclairés en rouge, de la double sortie d'échappement biseautée, du joli tableau de bord digital, des feux verticaux sous la selle passager, du feu diurne à LED, du L poli du moteur desmo de l'usine de Borgo Panigale, de l'incroyable jante polie aussi, etc. On regrette que le tableau de bord soit si bas obligeant à baisser la tête pour le lire si on porte un casque intégral. Pour le reste, cette Ducati apporte un haut niveau de finition dans le monde des Cruiser, l'objet est sans nul doute ostentatoire.
Il y a aussi tout ce qu'on voit pas pour accompagner le fougueux bloc Testastretta DVT 1262 comme l'électronique qui n'a rien à envier avec les machines de sport de la marque italienne. D'ailleurs, si on veut du sport, le Diavel n'hésitera pas à répondre présent. Il y a l'anti-patinage sur 8 niveaux qui sauve la mise lorsque le revêtement n'est pas propre et les modes de conduite qui accompagnent nos envies. Et puis il y a l'ABS réglable qui sait intervenir en courbe pour calmer les excès d'enthousiasme qui ne manqueront pas au guidon avec ses étriers radiaux : la Diavel S freine fort et supporte aisément une conduite engagée. Et il y a enfin l'ergonomie puisque Ducati a penser à offrir la possibilité d'ajuster sa position au guidon (chose très rare) avec pas moins de 147 possibles... Celle à l'essai profite surtout d'un kit en accessoire qui change radicalement la position que les amateurs de roadsters devraient apprécier.
Avec ce kit selle haute et commandes médianes, la perception de conduite s'éloigne d'un cruiser pour se rapprocher d'un roadster. On gagne en confort avec cette selle plus épaisse qui estompera un peu la rigueur de l'amortisseur. Les pieds rapportés sous les fesses aident largement à l'inscription en courbe et aux manoeuvres à faible allure. On ne peut pas dire que la Diavel soit méconnaissable, mais sa prise en main est largement facilité et surtout bien moins déconcertante pour quelqu'un qui ne vient pas de l'univers custom et qui aime de temps à autre taquiner le chrono. Parce que cette XDiavel se satisfait parfaitement d'une conduite sportive, surtout avec cette position au guidon bien plus appropriée.
Bilan essai Ducati XDiavel S
Ce cruiser n'ai pas le roi du cruising en étant est sans doute un peu trop sportif pour les amateurs du genre puisqu'il ne faut pas hésiter à jouer avec la boite de vitesses. Rouler tranquillement sur le dernier rapport en enroulant n'est pas son truc, il faut garder un peu de rythme ou rouler un rapport en dessous. Pour les autres, le XDiavel est une machine qui a un dessin incroyable et une vivacité à l'avenant. On n'est pas déçu, elle parait très musclée et elle l'est réellement. Ce n'est que du bonheur à chaque sortie de courbe, chaque relance, chaque freinage, chaque trajectoire, bref ce n'est pas vraiment un cruiser dans son usage. Disons que c'est plutôt un dragster bodybuildé peu avare en sensations avec qui on prendra plaisir à jouer. On est entre deux mondes, le monde des cruisers et celui des sportives de Bologne.
Le XDiavel S est à 23990 euros, doit 3100 de plus que le XDiavel standard. Pour l'avoir dans la configuration de cet essai, il faut ajouter la selle haute à 201 euros, la Sissy bar qui rassure toujours le passager à 118 euros et surtout les commandes reculées à 863 euros puisqu'elles comprennent pas mal de pièces pour les repose-pieds, le sélecteur et le frein. Ceci nous fait un total de 1182 euros mais la position est beaucoup plus en adéquation avec les performances offertes qui elles restent bluffantes commandes avancées ou non.
Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires et le dernier tarif sur le site officiel.