Essai Moto-Guzzi Bellagio 940

Essai Moto-Guzzi Bellagio 940

Par Julien Van Kiem le .

Moto Guzzi est le plus américain des constructeurs italiens. Il propose sa Bellagio aussi jolie à regarder que saisissante à conduire

Le nom de Bellagio ne renvoie pas aux casinos de Las Vegas mais à une petite commune, située non loin du berceau de Moto Guzzi. La Lombardie offre son lot de panoramas à découvrir museau au vent, mais aussi des petites routes tortueuses propres au bonheur de tout motard. À point nommé donc puisque cette 940 distille du plaisir dans chacune de ces situations.

Joli coup de crayon de Luca Scopel
Indéniablement, la Bellagio est une réussite esthétique, grâce à une ligne volontairement basse et musclée. Elle marie un style classique à des lignes plus contemporaines, voir même un brin sportives. Les volumes importants du moteur donnent l'impression que la moto a été construite autour du bicylindre transversal. Ce dernier est coiffé d'un généreux réservoir (19 L) arborant une peinture blanche et grise, bien plus élégante que le noir mat précédemment proposé. L'arrière en impose davantage, grâce à son gros gommard de 180 chaussé sur une magnifique jante à rayon aux bords polis. Puis les deux énormes collecteurs qui se rejoignent côté gauche à travers deux silencieux parfaitement rectilignes enfoncent le clou en termes de charisme. Clairement, ça envoie, surtout quand les silencieux se mettent à chanter leur sauce Ténor de rue ! De l'autre côté, le monobras intégrant le cardan se fait plus discret sous sa robe noire. La faible hauteur de selle et les dimensions globalement imposantes lui donne des airs de Dragster. Un trait largement appuyé par son guidon plat revenant exagérément vers le pilote. Bref, nous avons bien affaire à un cruiser, doté d'un charme saisissant qui fait tourner les têtes. D'autant que la finition est vraiment impeccable sous toutes les coutures. À noter que les jolies jantes à rayon Excel permettent de chausser des pneus tubeless, un détail appréciable en cas de crevaison.

Trouver ses marques
Une fois chevauché, on profite de la hauteur de selle raisonnable pour se rassurer à la prise en main et stabiliser les 224 kg à sec à l'arrêt. Les pieds tombent en aplomb de la selle et sont légèrement reculés. La proximité des cylindres près des genoux n'est pas gênante, malgré ce que l'on pourrait croire. Il suffit de tendre les bras pour attraper le grand guidon, tout en gardant le buste légèrement en avant. La position est confortable et naturelle, le moelleux de l'épaisse selle et ses dimensions généreuses procurent une assise très confortable. Seul détail fâchant, le garde-boue arrière minimaliste laisse remonter l'eau dans le dos du pilote ! En duo, le passager profite d'une assise également confortable, en revanche la position des repose-pieds oblige à beaucoup replier les jambes. Au moment de béquiller, il faudra se méfier de la proximité de l'ergot de béquille et du sélecteur. Côté instrumentation, la lecture du fond de compteur requiert une certaine habitude à cause des graduations numériques tous les 30 km/h. L'ordinateur de bord regorge d'infos, avec même un menu à la sauce téléphone GSM, paradoxalement à l'absence de jauge à essence et de compte-tours. Enfin on apprécie l'excellente lecture dans les rétroviseurs.

Du caractère, mais que du bon
Malgré l'injection, le V2 réclame d'augmenter le régime du ralenti (commande au guidon) lors des démarrages à froid. La sonorité des deux grosses gamelles délivre tout de suite un ronronnement fauve et fort agréable . Les oscillations latérales lié au couple de renversement (moteur transversal) donnent vie à la Bellagio sans pour autant générer des vibrations désagréables, bien au contraire. L'embrayage hydraulique est ferme mais pas contraignant. La bonne surprise vient de la boîte, particulièrement à la montée des rapports. Elle se montre souple et verrouille chaque rapport avec fermeté. La Bellagio est clairement une moto à caractère et particulièrement saine à conduire. On se laisse très vite envoûté par son V2 très vivant, dont le couple arrive de manière progressive en bas, puis s'intensifie nettement à mi-régime. L'accélération se renforce, le chant des silencieux se fait plus rauque et la pression du vent plus marquée. Le twin italien ne rechigne pas non plus à allonger sa foulée et s'y montre même très rageur jusqu'au rupteur. En d'autres termes, ce moteur qui ne tend pas à la linéarité, permet d'enrouler à bas régime tout en conservant un couple sympa, mais également d'apprécier sa grande force de traction en haut de la plage d'utilisation. La boîte est d'ailleurs bien étagée, sauf la 6ème qui semble un peu longue et qui fait finalement plus office d'overdrive pour une consommation réduite sur voie rapide. Un trait qui implique un rétrogradage en 5ème pour relancer avec force la machine dans ce cas de figure. Or sur les autres rapports le gros couple anime avec vigueur Miss Bellagio, comme en 4ème à 90 où elle fait gentiment patiner son pneu sous la pluie. La souplesse n'est pas en reste, permettant de passer les ronds-points en 3ème sans le moindre soubresaut. Même le cardan sait se faire oublier, ne transmettant pas trop d'à coups.

S'adapter à la machine, et pas l'inverse
Son comportement va de pair avec son caractère moteur. La Guzzi n'aime pas être violentée, notamment à cause de son embonpoint et de son empattement important. Mais ce poids reste tout fois très bien réparti, distillant un comportement sain et bien équilibré. Elle se mène donc au doigt et à l'oeil en utilisation cruising . En ville, son train avant un peu lourd à très basse vitesse ne lui facilite pas les choses dans le trafic dense. Pourtant, dès que l'horizon se dégage elle accepte la mise sur l'angle sans résistance, enchaînant les enfilades de virages avec vélocité et sans surprendre son hôte. D'ailleurs une fois sur l'angle, elle affiche une stabilité rassurante, sans chercher à se relever d'elle-même. Malgré son look low rider, la garde au sol est suffisante à prendre de beaux angles sans être rappelé à l'ordre par le frottement des cale-pieds. Les suspensions travaillent efficacement pour offrir un bon compromis entre confort et rigueur. Les plus sportifs profiteront des réglages accessibles pour la durcir un peu et la stabiliser davantage en virage. L'efficacité du freinage nous a en revanche un peu déçus. Le mordant à l'avant est peu probant et il faut tirer fort sur les leviers pour obtenir de la puissance. L'élément arrière est plus efficace à l'usage, mais il faudra juste le solliciter du bout des orteils par temps humide pour ne pas bloquer la roue.

Bilan essai Moto-Guzzi Bellagio 940
Bilan essai Moto-Guzzi Bellagio 940

Bilan essai Moto-Guzzi Bellagio 940

La Bellagio joue sur un créneau pertinent en ces temps quelque peu moroses. Elle fait partie de ces motos qui donnent du plaisir à tout instant et que l'on admire à chaque arrêt. Une moto à fort caractère, grâce à son moteur très vivant, et qui sans aucun doute surprendrait plus d'un accro aux Japonaises désormais très aseptisées. La Bellagio ne s'adresse donc pas qu'aux puristes, bien au contraire elle cible une clientèle de tout âge en quête de plaisir à deux roues. Et puis quelle gueule ! Son look de cruiser musclé n'a pas son pareil pour offrir autant de virilité à son hôte. Bref, si vous avez la possibilité de l'essayer, faites-le vous n'en serez pas déçu. Sauf peut être ses freins avant malheureusement un peu faiblards. Du reste le bestiaux s'échange contre 11200 €, soit un tarif relativement raisonnable au vu de la finition et du plaisir qu'elle distille. À bon entendeur...

Au compteur : horloge, témoin de défaut moteur, 2 trips partiels, témoin de pression d'huile, chronomètre, témoin de passage en réserve, voyant de point mort, voyant de béquille, indicateur de charge de batterie, vitesse maxi, vitesse moyenne, consommation instantanée, consommation moyenne, température ambiante, temps d'utilisation.

Sur la moto : allumage automatique des feux, coupe-contact, appel de phare à l'index, commandes d'affichage de l'instrumentation au guidon, écartements des leviers de frein et d'embrayage réglables, durites aviation, suspensions réglables en précharge et en détente, béquille latérale, repose-pieds arrière repliables, bouchon d'essence à clé.

On aime bien

  • Caractère moteur
  • Esthétique et finition
  • Ergonomie

On aime moins

  • Mordant frein avant
  • Position des jambes passager
  • Protection

Notre avis

Quotidien⭐⭐⭐⭐
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport⭐⭐⭐
Duo⭐⭐⭐
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐

Photos essai Moto-Guzzi Bellagio 940

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Fiche technique Moto-Guzzi Bellagio 940

Tarif (novembre 2008)11 200 €
Puissance75 cv à 7200 tr/min
Couple8 mkg à 6000 tr/min
Frein AV2 disques Brembo 320mm, étriers 2 pistons
Frein ARSimple disque Brembo 282mm, étrier 2 pistons
Hauteur de selle780 mm
Poids (constructeur)224 kg à sec
Réservoir/Conso19L / 7,5L aux 100km
Diamètre de braquage6300 mm
Kilométrage au départ2800 km
Conditions météos12°C

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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