Essai Harley-Davidson Seventy Two

Essai Harley-Davidson Seventy Two

Par Jean-Michel Lainé le .

Harley-Davidson remet au gout du jour, au moins dans son catalogue 2012, un chopper. S'il laisse personne indifférent posé sur sa béquille la surprise est de taille lorsqu'on en prend le guidon. Mais comme la 48, le 72 manque d'autonomie.

Le Sportster est sans aucun doute le modèle le plus connu de la marque américaine et le chopper le genre la plus emblématique des Harley-Davidson, du moins dans l'imaginaire collective parce que dans les faits, ce n'est pas le plus représenté dans la gamme actuelle et passée, loin de là. Fort du succès de la Forty Eight (48) apparue l'année dernière dans un tout autre genre, H-D reprend ses principaux éléments pour en faire un véritable chopper qu'on jurerait tout droit sorti d'un atelier spécialisé plutôt que des usines de Milwakee. Le travail consistait à prendre cette petite machine ramassée et minimale qu'est la 48 pour lui donner une toute autre dimension. Ainsi est née cette Harley Davidson Seventy Two, ou 72 comme peint sur le réservoir, un chopper aux dimensions raisonnables mais avec tous les ingrédients attendus sur ce genre de machines : guidon haut, grande roue avant, selle basse, réservoir Peanut, commandes avancées, etc. tout le nécessaire pour vous plonger dans le monde d'Easy Rider dès le départ !

La 72 reprend de nombreux éléments de la 72 dont le moteur 1200 des Sportster avec la boîte de vitesses à 5 rapports. Comme tous les Sportster 1200, la boîte est ferme, le couple du V-Twin omniprésent lors de chaque accélération et l'allonge assez réduite. Ces sensations sont accompagnées à chaque instant par la sonorité caractéristique de ce bicylindre en V. L'étroit réservoir Peanut avec sa base plane et sa fixation arrière perforée qui vient sous la selle, laisse tout le loisir au pilote de contempler les chromes du Twin qui vibre juste devant lui. Le tableau serait totalement idyllique si ce réservoir Peanut, un emblème à lui seul des Sportster, n'avait pas une contenance aussi réduite. En effet, avec ses seuls 7,9 litres il ne faut pas compter avaler les kilomètres trop longtemps sans aller à la recherche une station service même si avec une conduite économique on arrive à tomber à 5 litres au 100 km. Du coup pour envisager un petit périple il faut limiter au maximum les accélérations franches et privilégier une conduite coulée avec des trajectoires soignées pour ne surtout pas rompre le rythme. Le remplacement de ce réservoir par son homologue de 12 litres enlèverait sans aucun doute un peu de stress au guidon à cause de la peur de la panne.

En dehors de ce point, ce qui frappe lors des premiers tours de roues, c'est la facilité avec laquelle cette 72 se prend en main. Ce n'est pourtant pas la première idée qui vient à l'esprit lorsqu'on la regarde posée sur sa béquille. Elle est certes étroite et presque petite en dehors de l'imposant moteur qui trône fièrement au centre de la machine, mais elle accuse tout de même une masse en état de marche de 253 kg. Si on ajoute à ceci, les commandes avancées, le guidon Ape Hanger, la selle basse et la roue avant de 21 pouces, on se dit que la conduite va relever d'un véritable tour de force. Etonnamment, il n'en est rien. La Seventy Two se manie avec une facilité déconcertante sans jamais forcer, une main suffit à la faire virer, un petit appui du pied à la stabiliser et une fois inscrite en courbe, sa stabilité est aussi surprenante que rassurante. Plus appréciable encore est la rapidité avec laquelle elle peut passer d'un angle à l'autre quelle que soit l'allure adoptée. Cette vivacité est rapidement contrariée par la garde au sol. Elle n'est pourtant pas franchement réduite dans la catégorie, elle semble même en bonne place mais la 72 est tellement facile qu'on en voudrait plus. Le reste n'est en revanche pas surprenant. L'assise basse avec les jambes et les poings en avant n'est pas des plus confortables. Les portions de voies rapides n'incitent guère aux excès de vitesse tant le vent tire sur les bras et étire les cuisses. Sur les mauvais revêtements, les suspensions trop fermes font remonter toutes les imperfections de la route à peine absorbées par la fine selle, et la fourche n'offre pas une consistance très agréable lors des freinages qui réclament de franchement solliciter l'avant et l'arrière pour être efficace.

Rouler en Seventy Two impose donc quelques sacrifices sur l'autel du style. Un style sur lequel Harley-Davidson a particulièrement porté son attention. Si on s'attarde sur sa peinture rouge à paillettes (une option à 300€), les détails de série ne manquent pourtant pas. L'arrière abaissé avec le garde-boue tronqué et les clignotants qui intègrent les feux (position et stop), est semblable à de nombreux Sportster (Nigthster, 48, etc.). La grande roue avant de 21 pouces avec ses rayons croisés et son pneu de 90 à flanc blanc représenterait presque à elle seule la moto. Le guidon Ape Hanger intègre les fils pour dégager la vue sur ses poings qui fendent le vent. Mais malgré son gabarit et sa selle basse, il ne faut toutefois pas être trop petit pour pouvoir atteindre les commandes avancées et ce haut guidon lorsqu'on braque au maximum pour manoeuvrer. La 72 est peu ergonomique, pas confortable mais tellement maniable qu'on lui pardonne bon nombres de ses défauts. Cette Harley nous plonge dans une véritable ambiance, un imaginaire qui nous accompagne tout au long de la route. On aime ou pas, mais elle ne laisse personne indifférent.

Bilan essai Harley-Davidson Seventy Two
Bilan essai Harley-Davidson Seventy Two

Bilan essai Harley-Davidson Seventy Two

Au regard du succès de la 48 qui attire tous les regards malgré le nombre de défauts qu'on lui trouve en en prenant le guidon, Harley-Davidson sort une autre déclinaison radicale sur la base d'un Sportster 1200 en reprenant de nombreux éléments de cette 48. Cette fois-ci, c'est un véritable chopper avec tout ce qu'on peut attendre de ce genre de machine en termes de style : guidon haut, selle basse, grande et étroite roue avant, réservoir Peanut, etc. Le confort et les aspects pratiques ne déçoivent pas : on n'en attendait pas et on n'en a pas, comme prévu ... Il en est de même pour le petit réservoir d'à peine 8 litres particulièrement contrariant lorsqu'on envisage une balade bucolique puisqu'il faut viser les stations services tous les 100 km pour se laisser une marge de sécurité. En revanche, cette Seventy Two démontre une facilité de conduite insoupçonnée. Quelle que soit l'allure, elle se manie avec une aisance déconcertante que vient rapidement contrarier la garde au sol qui est pourtant tout à fait respectable dans la catégorie. A la conduite, la 72 est un Sportster avant d'être un Chopper. On en voudrait un peu plus, comme pour l'autonomie, car la garde au sol est rapidement contrariante dès qu'on s'éloigne un peu des centre-villes. Pour le reste, on peut affirmer que la Seventy Two est une réussite en associant le style atemporel des choppers des années 70 à une conduite totalement moderne. Dommage que la peinture rouge pailletée soit en option tant elle colle parfaitement au style de cette H-D. Pour se plonger dans le mythe Easy Rider, la 72 n'a pas de concurrente à ce jour, cette machine est unique même chez Harley.

On aime bien

  • La facilité de conduite
  • La vivacité en virage
  • Le style Chopper intact

On aime moins

  • L'autonomie trop réduite
  • La selle très ferme
  • La réserve trop importante

Notre avis

Quotidien
Voyage⭐⭐
Loisir⭐⭐⭐⭐⭐
Sport
Duo
On vous regarde⭐⭐⭐⭐⭐
On la détaille⭐⭐⭐⭐⭐
On l'écoute⭐⭐⭐⭐⭐

Photos essai Harley-Davidson Seventy Two

Fiche technique Harley-Davidson Seventy Two

Tarif (juin 2012)11095€ (11395€ de ce coloris)
Puissancenc
Couplenc
Frein avantSimple disque double piston
Frein arrièreSimple disque simple piston
Hauteur de selle710 mm
Poids (constructeur)253 kg en ordre de marche
Réservoir/Conso7,9 L dont 2,8 de réserve / 6 L aux 100km

Données techniques et tarifs peuvent changer sans préavis. Vous trouverez des informations complémentaires ainsi que le dernier tarif sur le site officiel.

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