Essai Buell XB12S CG

Essai Buell XB12S CG

Par Cécile Engelen le .

Cette version est tout simplement destinée aux Courtes Gambettes que les constructeurs ont souvent tendance à oublier

La Buell XB12 S CG est venu compléter en 2007 la gamme des Lightning. Cette version est tout simplement destinée à ceux que les constructeurs ont souvent tendance à oublier, ceux qui sur la plupart des roadsters n'auront d'autre choix que celui de manoeuvrer leur moto sur la pointe des pieds, petites jambes obligent.. Le surnom qu'on attribue justement volontiers à la petite dernière des XB, c'est la Courtes Gambettes ou Courtes Guiboles. Et c'est bien justifié car cette Buell là est plus basse de 3,9 cm par rapport à la version initiale, la XB12S.

Pour rabaisser la XB, 1 cm ont été gagnés sur l'épaisseur de selle et 2,9 cm sur la longueur des suspensions. La CG affiche donc une hauteur de selle de 726 mm (en charge, pleins faits). Il en résulte un centre de gravité naturellement plus bas que sur la version originale, ainsi qu'une garde au sol un peu plus faible.Indépendamment de ça, on n'observe pas de changement. On retrouve toutes les caractéristiques des Buell pensées pour favoriser performances et tenue de route. Pour gagner en légèreté elles sont pourvues d'un cadre et d'un bras oscillant en aluminium, contenant pour l'un le réservoir de carburant et pour l'autre le réservoir d'huile.

Côté suspensions, on retrouve à l'avant une fourche inversée avec amortissement réglable en compression, en détente et en précharge de ressort, et à l'arrière un mono-amortisseur concentrique disposant des mêmes réglages.Enfin, la XB12Scg partage évidemment avec les autres XB12 les caractéristiques du moteur : un bicylindre en V de 1200 cm3. A lui seul il pèse d'ailleurs quelques 110 kg sur un poids total de 179 kg.

Les Buell sont reconnaissables entre mille car dotées d'un design tout à fait singulier et caractéristique, minimaliste et à la fois très stylé. La XB12Scg ne fait pas figure d'exception.C'est une moto encore plus compacte que ses grandes soeurs, toute en courbes, et en jolies rondeurs, cet aspect étant amplifié par la selle creusée. Le faux réservoir n'en paraît que plus bombé. Hormis cela, la XB12Scg demeure sur le plan du look, du pur concentré de XB avec ses deux optiques ronds, son saute-vent plutôt symbolique, et son aspect totalement Streetfighter, fidèle à la gamme des Lightning.

Le compteur ne change pas non plus, c'est le même que celui présent depuis 2005 sur toutes les Buell. Il est assez simple mais les informations essentielles sont là. Il arbore sobrement en affichage digital le kilométrage total, les deux trips journaliers traditionnels, l'heure, etc. La vitesse et le régime moteur se lisent quant à eux sur deux compteurs analogiques.

En prenant place aux commandes, tout de suite après la mise en route du moteur, survient la première surprise pour toute personne non-initiées aux sensations Buell (c'était le cas). La moto s'éveille en une déferlante de vibrations. Elle s'ébroue ! Du pot d'échappement, situé tout en bas dans le prolongement du sabot, s'échappe un grondement sourd, qu'on ne se lassera pas d'amplifier à chaque remise des gaz . On se demande comment autant de vie peut résider dans un si petit bout de moto...

En gardant un maximum d'humilité face au caractère certain que laisse présager ce premier contact, nous traversons d'abord une partie de la région parisienne. C'est donc en ville que l'on découvre la maniabilité étonnante de la XB12Scg. Malgré le rayon de braquage très faible, aucune manoeuvre n'est compliquée pourvu que l'on adopte très vite les réflexes qui permettront d'amener la moto exactement où l'on veut.

La Buell se pilote autant au guidon qu'avec les jambes, peut-être même plus avec les jambes. Sur une simple impulsion du genou contre le réservoir, accompagnée d'une pression sur le repose-pied, la moto se positionne sur l'angle. Grâce à la vivacité supposée par le châssis court, à faible allure on a littéralement le sentiment de la faire pivoter, sans que notre équilibre en soit menacé le moins du monde. Un léger coup d'accélérateur viendra parfaire la trajectoire. C'est donc avec aisance que l'on se faufile dans la circulation urbaine.

En prenant la mesure ce cette vivacité, on a tôt fait d'analyser quel est le terrain de prédilection de la petite XB. C'est en enchaînant inlassablement les courbes que la Buell nous embarque, direction son septième ciel. Tous les ingrédients sont réunis pour appréhender avec confiance les routes les plus sinueuses, et ce à allure soutenue. Lorsque l'on est surpris par un virage qui se referme, une impulsion vers l'intérieur permet d'ajuter instantanément sa trajectoire. La marge de manoeuvre est élevée, la tenue de route est bien au rendez-vous, ça passe, et ça passe encore.

La puissance (100 ch / 74,6 kW à 6600 tr/min) et le couple du bicylindre (110 Nm à 6000 tr/min) viennent indéniablement parfaire le tableau. De 4000 à 6000 tr/min on peut au choix enrouler tranquillement ou se laisser aller à la témérité, très souvent sans absolue nécessité de faire appel aux freins. En cas de besoin, les freins remplissent correctement leur fonction pour peu qu'on n'hésite pas à les solliciter franchement.

Les 1300 km parcourus à l'occasion de cet essai imposent de dresser le bilan côté confort.Tout d'abord, indépendamment de la distance parcourue, une particularité peut dans certaines conditions gêner le pilote. Après quelques kilomètres à vitesse modérée, particulièrement en ville, on présent très vite qu'en hiver, la XB12S a l'avantage de proposer un chauffage intégré sous la selle et au niveau des cuisses. La petite Buell est pour le moins... chaleureuse voire carrément torride. En témoigne le bruit plutôt impressionnant du ventilateur qui, s'il s'enclenche, ne s'arrête plus. Autant dire que dans des conditions un peu extrêmes de circulation et qui plus est lorsqu'il fait déjà un peu chaud, cet aspect de la moto a vite fait d'atteindre les limites du supportable...

Inutile de trop s'attarder sur les caractéristiques de la place passager. Avec son châssis court, la XB12S est une moto d'égoïste passionné. Le duo n'a pas été testé dans les conditions nécessaires mais compte tenu du peu de place disponible et du manque de prise, les candidats pour cette place ont tendance à se faire rares. Il nous fut quand même facile de passer à l'arrière tout en pilotant pour éprouver le confort de cette place. Nous sommes donc en mesure de confirmer qu'elle est peu accueillante. C'est aussi dur que le confort est inattendu à l'avant.

La selle du pilote étant creusée sur cette version, nous nous étions préparés à une vraie séance de torture. Cette idée nous paraissait néanmoins logique et acceptable compte tenu du positionnement de la moto, qui n'est pas précisément celui d'une moto de Grand Tourisme... Les douleurs habituelles se sont évidemment faites ressentir mais contre toute attente, bien plus tard que sur certains roadsters que l'on serait tenté de juger plus confortables à première vue. On est finalement bien calé au creux de cette selle et on supporte bien les kilomètres. Pour gagner en confort, il est possible d'opter pour la selle de la XB12S qui s'adapte sur la XB12Scg (le contraire étant également possible).

Parmi les routes que nous avons empruntées, certaines étaient dégradées ou complètement gondolées. Bilan : aucune chance que la pulpe reste en bas. Les suspensions sont très fermes et ne nous laissent aucun répit. Dans cette configuration une selle plus épaisse peut-être appréciable pour amortir les chocs.

Une différence avec la version S intervient enfin au niveau des jambes. Du fait des aménagements qui rendent la moto plus basse, elles sont davantage pliées que sur la XB12S. La gêne tout relative que cette position occasionne sur une longue distance se fait ressentir bien avant l'inconfort de l'assise.

L'un des points remarquables à aborder pour conclure cet essai, est la consommation. Les 14,5 litres d'autonomie affichés peuvent effrayer un peu au départ les adeptes de grandes balades, mais le passage à la pompe est une bonne surprise. La consommation est proportionnelle au gabarit de la moto. Celle que nous avons constatée sur l'essai, à allure régulière, est de 5,3 litres, principalement sur petites routes de campagne. On peut donc sans difficulté parcourir 200 à 230 km avant que le kilométrage partiel annonçant le passage en réserve ne se déclenche automatiquement.

Bilan essai Buell XB12S CG

La XB12S est une moto atypique et assez radicale, strictement orientée vers une utilisation plaisir, et dans ce domaine elle excelle. Les petits agréments de confort qui lui manque sont vite effacés au profit des sensations uniques de pilotage qu'elle procure. Sa version basse et son petit gabarit ont l'avantage de la mettre à la portée de tous. Opter pour cette moto, c'est un choix passionné, sans une quelconque notion d'utilitaire ou de pratique. C'est juste s'offrir la possibilité de rouler vraiment différent, avec un plaisir sans cesse renouvelé.

La XB12S est disponible au tarif de 11495€. Il n'y a pas de différence de prix pour la version basse. On la retrouve dans 3 coloris : Midnight Black, Cherry Bomb et Orange Valencia (les deux derniers étant sur base de plastiques translucides).A l'heure où nous écrivons ces lignes, il ne reste à priori plus de XB12Scg en concession tant elle a rencontré de succès dès son arrivée au catalogue. La gamme Buell 2008 arrive début septembre 2007, il reste donc peu de temps à attendre pour prendre connaissance des nouveautés, dont nous ne manquerons pas de vous informer.

Photos essai Buell XB12S CG

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