Essai Benelli Cafe Racer 1130

Essai Benelli Cafe Racer 1130

Par Jean-Michel Lainé le .

Tous les détails qui font un Cafe Racer sont réunis sur cette machine au coeur gros comme ça : l'image, le son et les sensations

Le premier contact avec la monture est motivé par l'atmosphère qui règne autour de cette italienne qui attire tous les regards. La Cafe Racer 1130 est sans nul doute celle de la gamme Benelli qui affiche une des personnalités la plus affirmée. A l'avant, son phare plongeant au regard sévère et ses deux larges ouies de part et d'autre du réservoir telles les mandibules acérées d'un redoutable insecte, donnent un sentiment de puissance. L'arrière étroit contraste avec l'aspect imposant du bloc moteur. Tout semble sur l'avant, ramassé et près à bondir au coup de feu du starter.

En selle, cette impression se confirme : la machine est courte, l'avant trapu et l'arrière fin obligent le pilote à prendre fermement en main les guidons bracelets. La sonorité émise par l'unique échappement sous la selle est puissante et métallique, accentuant sensiblement l'esprit brutal dégagé (, 93db à 4625tr/min).

La Cafe Racer 1130 est animée par un trois cylindres de 1200cm3 à injection et refroidissement liquide. Les radiateurs et les ventilateurs sont dissimulés dans les ouies de chaque coté du moteur. L'air chaud est extrait, c'est-à-dire que contrairement à de nombreuses machines, les ventilateurs évacuent la chaleur des radiateurs vers l'extérieur.

Plein dès 1500tr/min, le moteur n'est pas avare en sensation même s'il apparaît un peu rugueux en bas régime, il ne rechigne pas à monter vivement dans les tours. Il tracte de façon régulière sans palier jusqu'à 10000tr/min où le rupteur se déclenche. Selon ses habitudes de roulage ou la situation, il est possible de changer la cartographie en appuyant simplement sur le bouton TNT au tableau de bord. On a donc le choix entre deux programmations préalablement définies, d'une simple pression du doigt.

Les sensations d'accélération soutenues par le son de l'échappement sont bluffantes et les vitesses atteintes rapidement très élevées. En l'absence de protection, la position sur l'avant lutte efficacement contre le vent, mais paradoxalement ce n'est pas la fatigue qui oblige le pilote à faire une pause, le témoin de réserve la réclame rapidement : avec une consommation difficile à faire descendre en dessous de dix litres au cent et le petit réservoir, le passage à la pompe est demandé systématiquement vers les 120 kilomètres.

En dehors de ceci, la Benelli affiche un caractère entier avec son moteur explosif et une boite de vitesse qui autorise des changements de rapports rapides avec ou sans l'usage de l'embrayage. Les amoureux de technologie apprécieront sans doute le fait que la boite soit extractible.

Le freinage Brembo est lui aussi très convainquant. L'avant avec son double disque flottant de 320mm offre une bonne puissance et se montre parfaitement maîtrisable avec une attaque sans surprise et une course totalement utilisable. Le levier réglable augmente le feeling. De son coté, le frein arrière se montre beaucoup plus léger et n'est donc pas souvent sollicité. La conduite étant de toutes les façons souvent sportive, le frein moteur et le frein avant suffisent le plus souvent.

Pour surfer sur l'asphalte, le cadre trellis de la Benelli est équipé d'une fourche et d'un amortisseur réglables en tous points. Fermement suspendue, le confort est mis de coté par rapport à l'efficacité. Difficile de s'en plaindre au regard du caractère offert par ce bouillant trois cylindres, il aurait été dommage de ne pas pouvoir le laisser s'exprimer sans arrières pensées. La machine reste imperturbable sur un revêtement pas vraiment régulier et s'inscrit parfaitement dans de grandes courbes rapides.

Avec ce tempérament bien affirmé, l'usage de cette machine ne doit pas être dicté par la raison mais bien par la passion. L'autonomie réduite, les rétroviseurs au bout des guidons qui accrochent facilement les voitures et la fermeté des suspensions sont très rapidement oubliés dès que la première route sympathique pointe son nez.

La position de conduite est sportive avec les repose-pieds placés hauts et les demis guidons bracelets, même s'ils sont placés au-dessus des T de fourche. La selle ne se montre pas désagréable au fil des kilomètres et est suffisamment étroite pour autoriser des changements d'appuis rapides. Cerise sur le gâteau, la hauteur de selle réduite (780mm) donne accès à la Benelli même en mesurant 1m60.

Place au plaisir, il faut oublier le coté pratique. De ce point de vue, en dehors d'un tableau de bord complet qui affiche un chronomètre avec les temps au tour, la jauge, le totalisateur partiel et la température extérieure, on remarque la tension de chaîne par un excentrique qui garantit de préserver l'orientation de l'axe de la roue lors de l'opération. On limitera également les voyages en duo, de toute évidence cette machine ne se partage pas même s'il y a des repose-pieds pour le passager.

Avec sa position de conduite sportive sur l'avant, son absence de protection, ses performances affirmées et son moteur très démonstratif, la Cafe Racer porte merveilleusement bien son nom. En complément de ces caractéristiques nécessaires au genre, l'italienne apporte des choix esthétiques pour se démarquer encore un peu plus.

Les détails ne manquent pas lorsqu'il s'agit de s'attarder sur la machine. Les ouies avec les ventilateurs qui extraient l'air chaud, les longs clignotants avant qui y sont intégrés, ceux de l'arrière tout en finesse à l'image du support de plaque, la partie arrière élancée qui contraste avec l'avant volumineux, l'échappement très musical mis en évidence ou encore le réservoir et l'habillage qui sont torturés sont autant d'éléments qui donnent à cette machine un cachet unique que vient renforcer le coloris orange.

L'usage privilégié de la Benelli se situe loin des grands axes ou de la ville au trafic surchargé. La position de conduite, la chaleur du moteur et les rétroviseurs incitent rapidement à quitter le milieu urbain. L'absence de protection et le sentiment de sans cesse contenir ce moteur expressif ne font guère apprécier les autoroutes non plus.

Bilan essai Benelli Cafe Racer 1130

Il faut gagner des routes avec suffisamment de virages pour profiter du couple du trois cylindres à chaque ouverture franche des gaz. C'est dans ce contexte que le trois cylindres italien donne le meilleur de lui-même, lorsqu'il s'agit de se faire propulser d'un virage à l'autre en exploitant au maximum la large plage d'utilisation disponible sur les premiers rapports.

Très rapidement le rythme devient soutenu, difficile d'y résister tant la machine s'en accommode remarquablement. Loin des vitesses de pointe, c'est dans ces changements d'allure vifs et variés qu'on prend le plus de plaisir au guidon. La mélodie qui accompagne chaque variation de régime appuie encore un peu plus la sensation d'être le maître d'un prédateur redoutable avec son design si particulier. Celui-ci fera tourner les têtes et même celle du pilote pour se regarder dans les vitrines en selle sur cette monture remarquable.

Prix conseillé : 13990€ (juillet 2007)

Photos essai Benelli Cafe Racer 1130

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